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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quattre Cento de Stephen Greenblatt, c'est l'histoire, demeurée inconnue aujourd'hui, de la quête du Pogge, érudit de la Renaissance pour mettre la main sur d'antiques manuscrits.
Ce livre est composé de onze chapitres très référencés. Chaque chapitre aborde un élément de compréhension de cette quête. Tout au long de l'ouvrage, nous sommes entre la biographie, le roman historique et l'étude historique.
Le Pogge « chasseur de manuscrit, savant, écrivain et fonctionnaire papal » (p. 259) est un scribe au service du pape. Scribe connu et recherché, il a recopié l'ouvrage juste avant l'invention de l'imprimerie. le livre entre ainsi, très vite, dans l'ère de la diffusion.
« Un jour, un petit homme affable, vif et malin, frôlant la quarantaine, a vu un très vieux manuscrit sur l'étagère d'une bibliothèque, a compris la portée de sa découverte et ordonné que ce manuscrit soit recopié. C'est tout, mais c'est suffisant » écrit l'auteur pour faire débuter cette aventure. (p. 20)
Le manuscrit dont il est question « de la nature » (De rerum natura), à l'origine de cette aventure, est celui de Lucrèce décrit comme « une sorte d'athée », « brillant poète », un épicurien du Ier siècle avant J.-C.
La redécouverte de ce manuscrit intervient en pleine période de chamboulement de l'Occident dans lequel on y voit la condamnation d'un pape corrompu, la montée d'un mouvement de contestation contre l'autorité catholique et un intérêt nouveau pour les réflexions antiques.
Afin de composer une fidèle retranscription du manuscrit, Le Pogge entame, comme les érudits de son époque plusieurs voyages à travers l'Europe, en Italie, en Allemagne, ou en Angleterre.
Le manuscrit est un danger évident pour la chrétienté, en premier lieu parce qu'il remet en cause l'existence d'un dieu tout puissant. Lucrèce écrit durant l'Antiquité tardive, à une époque où le Christ n'a pas encore répandu sa conception de l'au-delà. Ainsi, deux croyances se font face, l'une païenne, l'autre chrétienne. Ces deux croyances sont, de par leur nature, incompatibles dans un même monde.
Lucrèce a, suite à sa redécouverte, inspiré Montaigne qui le cite à de nombreuses reprises dans ses réflexions. de même, Lucrèce avait initié la doctrine, devenue chère aux scientifiques humanistes de la Renaissance, basée sur l'observation et l'expérience. Car comme Galilée plus tard, et comme pour l'ensemble des scientifiques à venir tels Einstein au XXème siècle, Lucrèce était convaincu que l'univers et l'ensemble des choses observables visibles ou invisible (l'odeur mais aussi les pensées) était composé de « minimes ou particules minimes » (p.305) autrement dit d'atomes qui se forment et se déforment de manière incessante.
Pour ça, Lucrèce fut condamné par l'ensemble de la chrétienté à commencer par les Jésuites qui ne pouvaient admettre que Dieu ne puisse intervenir dans cette façon de comprendre l'univers.
Pour toutes ces raisons, l'ouvrage de Lucrèce écrit au Ier siècle av. J.-C. , redécouvert par Le Pogge au XVème siècle et diffusé largement à l'époque de la Renaissance, peut être considéré comme un point de départ majeur vers notre compréhension de l'univers. Un univers à la portée de nos connaissances.
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Ceci est un livre historique. L'auteur (se) raconte découvrant un découvreur ou redécouvreur de Lucrèce. Tout l'intérêt du livre ce sont les pensées et intuitions de Lucrèce, qui sont par moments incroyablement géniales. Rappelons que Lucrèce, c'est le siècle avant Jésus-Christ...
Soyons honnête, l'intérêt du livre est aussi de voir comment à l'époque du Pogge (le découvreur) les choses se passaient, cette Renaissance en feu, dangereuse encore pour les re-penseurs... Par moment, ce livre ressemble un peu dans sa forme au Rois Maudits de Druon, mais moins prenant, le coté "roman"' est quand même moins affirmé. Et il y a beaucoup plus de notes, références, etc. autour du texte.
Mais, ça reste fort intéressant. Si vous le trouvez...
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Les amoureux de livres, des bibliothèques, apprécieront les pérégrinations d'un écrivain, érudit du XVe siècle dénommé communément Le Pogge (illustre inconnu de moi avant la lecture de cet ouvrage), écrivain ayant des qualités exceptionnels en calligraphie, pouvant recopier des documents à grande vitesse, qui désirait ardemment retrouver un manuscrit du poète Lucrèce "De la nature des choses" , un grand classique pour les latinistes et de ceux et celles ayant une érudition pour les auteurs classiques (ce qui n'est pas mon cas). Parmi les questions philosophiques traitées dans ce livre: êtes vous épicurien ou pas ?, l'âme est-elle mortelle ? de grands philosophes et auteurs sont abordés tels Epicure, Lucrèce (qui est l'objet principal du livre), Democrite, Bacon, Montaigne, Giordano Bruno, Thomas More et l'utopie. Il y a de quoi rafraîchir ou approfondir sa culture. Un essai qui demande une lecture attentive et mène à de multiples questionnements existentialistes.
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"C'est l'histoire d'un livre qui changea la face de notre monde. Ordinairement, on attribue une telle brillante faculté aux textes qui nous offrent quelques révélations divines.
Là, c'est l'exact inverse. le livre dont il s'agit est le de natura rerum, de Lucrèce, qui, en vers latins, sublimes dit-on, chante les leçons d'Epicure.
Il nous dit donc que nous n'avons rien à expier sur terre, que nous sommes la mesure de toute chose, que la raison guide nos pas et qu'au fond aspirer au bonheur ici-bas n'est pas une si mauvaise idée puisque de toute façon on ne risque rien à la poursuivre". (L'Express)

Son nom Le Pogge, est à la recherche de textes oubliés dont le "de rerum natura", un poème de Titus Lucretius, qui naquit en - 94 et se suicida à l'âge de quarante quatre ans.
Nous sommes en 1417, le fanatisme religieux s'élabore lentement, surtout ne pas faire un pas de travers cela peut vous mener tout droit au bûcher..., nous suivons les tribulations du Pogge, qui persiste à retrouver le poème de Lucrèce dont la pensée et la morale est contraire à toute forme de religion....

"La réapparition d'un livre perdu est rarement un événement palpitant, mais celle-ci a pour toile de fond l'arrestation et l'emprisonnement d'un pape, la condamnation d'hérétiques au bûcher et une vague d'intérêt exceptionnelle pour l'Antiquité païenne. En soi, cette découverte assouvissait la folle passion d'un brillant bibliophile. Sans jamais le vouloir ni le savoir, ce bibliophile est devenu le maïeuticien de la modernité".

Un récit historique très bien documenté, de nombreuses citations, passionnant



Lien : https://monjardinleslivres.b..
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Le Pogge était un bibliophile passionné qui visitait les monastères d'Europe à la recherche de manuscrits rares et anciens. Auteur des facéties, un recueil de grivoiseries sur la cour du pape, il renonce à la prêtrise qu'il considère comme la pire des servitudes. Il lui préfère le coeur des femmes et les oeuvres des philosophes grecs. Un jour de janvier 1417, il tombe, presque par miracle, sur un poème mentionné par Saint-Jérôme, de la nature de Lucrèce. Partant d'un constat que l'Église reprouve – l'univers est constitué de particules élémentaires et ces particules sont éternelles – le poème de Lucrèce, largement diffusé après la découverte du Pogge, va influencer tous les plus grands penseurs de son temps, de Machiavel à Montaigne. A tel point qu'il est légitime de se demander si de la nature n'est pas l'un des textes fondateurs de la Renaissance. C'est la thèse de Greenblatt dans ce livre qui se dévore comme les aventures d'un explorateur.
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Intéressante découverte que ce livre dont la lecture m'avait été conseillée par un ami. Cela me permet de découvrir deux personnages, "Lucrèce" auteur antique de l'oeuvre "De la nature" et le "Pogge", érudit humaniste, qui au 15ème siècle redécouvre le document dans un monastère allemand.
Cette lecture nous entraîne à l'époque où les papyrus étaient les supports aux textes, puis les parchemins qui recevaient le travail patient et méticuleux des moines copistes, les papiers aussi et les premiers travaux d'imprimerie inventés par Gutenberg.
Le livre évoque un long et patient voyage dans le temps et dans l'espace et aussi un combat entre religion et humanisme, inquisition et épicurisme, atomisme et foi religieuse, athéisme aussi, condamnations, bûchers... Le Pogge a-t-il mesuré toute la portée de sa découverte? à une époque où la chasse était faite à l'hérétique et où le manuscrit de Lucrèce mettait à jour des idées dangereuses et condamnables pour et par l'Eglise?
Le texte ne va pas laisser indifférent les intellectuels, écrivains, philosophes ou scientifiques qui prendront connaissances des idées de Lucrèce, grâce à la découverte du Pogge et à la mise en circulation du document. Il sera lu et annoté par Montaigne, traduit par Molière, il influencera Machiavel... mais aussi Jefferson... et bien d'autres...
J'ai apprécié cette lecture, trouvant seulement un peu pénible le grand nombre de notes à découvrir en fin d'ouvrage, et aussi, parce que je ne suis pas une scientifique, toutes les références relatives à la physique et à l'atome...
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La Renaissance...Mot magique à mes oreilles pour une période de l'histoire tellement riche, tellement porteuse de grands noms, de chef d'oeuvres, d'élan intellectuel et culturel concentrés dans un laps de temps et un territoire somme toute si ténus...Partant du concept que la Renaissance serait née d'un livre perdu, dont on ne connaîtrait que quelques fragments épars, recopiés par des moines, retrouvé par un humaniste complètement passionné par les manuscrits anciens. Ainsi commence l'histoire de Poggio Bracciolini, dit Le Pogge, qui eut le bonheur de découvrir une copie du "De Rerum Natura" de Lucrèce, poète et philosophe latin ayant vécu au premier siècle avant notre ère, livre que le monde intellectuel croyait perdu à jamais.

J'adore les histoires de quête d'un manuscrit perdu, qu'elles soient vraies ou fictives. Alors quand en plus cela se passe pendant la Renaissance, une période que je trouve fascinante, je fonce tête baissée...et je me régale!!!
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L'auteur livre plus qu'une enquête sur un manuscrit disparut mais profite aussi de l'occasion pour brosser le portrait de l'Europe de la Renaissance et des idées qui la parcourent. L'auteur remonte habillement chaque fil du passé avec un rare talent pour les entremêler. J'ai été ravie par cette lecture et notamment le portrait fidèle de la religion catholique dans toute sa malignité.
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Il y a de ces choix de lecture qui, parfois, sont en parfaite concordance; il en va ainsi de Quattrocentro que j'ai lu tout juste après Quitte Rome ou meurs dans lequel les écrits de Sénèque étaient à l'honneur. Dans Quattrocentro, Stephen Greenblatt embrasse tout l'héritage d'Épicure, philosophe grec, dont les idées se propageront plusieurs milliers d'années après lui grâce, entre autres, à un poète latin, Lucrèce. Son ouvrage de la nature (De rerum natura), sera retrouvé dans un lointain monastère d'Allemagne par un érudit italien du XVe siècle, Le Pogge, surnommé par ses amis un « héros de la culture, guérisseur qui réparait et ramenait à la vie le corps démembré et mutilé de l'Antiquité ». Greenblatt nous raconte donc le parcours des parchemins antiques à travers les âges et celui de leurs auteurs, souvent désapprouvés de leur vivant par leurs contemporains, pourchassés pour hérésie par l'Inquisition mais qui ont continué à distiller leur savoir par des passeurs éclairés et passionnés (scribes, copistes, chasseurs de manuscrits). En résumé, et par les mots de Stephen Greenblatt : « le présent ouvrage est donc le récit de la façon dont le monde a dévié de sa course pour prendre une nouvelle direction. »
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Stephen Greenblatt nous entraine à la suite du "Pogge", un des précurseurs De La Renaissance italienne, à la recherche d'un manuscrit disparu durant tout le Moyen Âge : celui de "De Natura Rerum" de Lucrèce. Il ne s'agit pas d'un roman historique comme le début nous inciterait à le croire mais plutôt d'un livre d'histoire, où la philosophie et l'histoire des idées tient une place importante. C'est un livre que je recommande à tous ceux qui s'intéressent à la période charnière De La Renaissance et plus généralement au combat entre le fanatisme et la raison.
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