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EAN : 9782374350158
185 pages
Saint-Simon (11/04/2019)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Quelle est l’origine de la tyrannie ? Pourquoi ce surgissement de dictateurs sanguinaires, narcissiques ou paranoïaques ? Comment se propage la lèpre de la démagogie ? Peut-on encore croire aux princes qui nous gouvernent ? Pourquoi la foule trahit-elle le peuple ?
Comment décrypter un monde plein de bruit et de fureur ? Réponse de Stephen Greenblatt, professeur à Harvard et prix Pulitzer : relisez Shakespeare !
De l’ascension de Richard III à la conju... >Voir plus
Que lire après Tyrans - Shakespeare raconte le XXIe siècleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La dimension politique du théâtre shakespearien est bien connue. Cet aspect a été remis en lumière ces dernières années à la suite du succès de la série Game of Thrones, dont l'intrigue est en partie inspirée par la rivalité entre les York et les Lancaster qui constitue le coeur de la première tétralogie de Shakespeare : Henry VI 1, 2 et 3, et Richard III.

L'idée d'éclairer le présent - les manifestations historiques, politiques ou diplomatiques - à l'aune des pièces de Shakespeare n'est pas nouvelle, et Stephen Greenblatt marche ici sur les traces de Jan Kott. Son ouvrage "Shakespeare, notre contemporain", qui inspira à Peter Brook nombre de ses mises en scène, fut ainsi rédigé en 1965.

Quelque 50 ans après Jan Kott, Stephen Greenblatt propose donc avec cette étude un prolongement singulier à l'ouvrage qu'il avait déjà consacré à Shakespeare, en 2014.

Il s'agit ici d'un travail plus bref, 180 pages, et plus synthétique. le sous-titre annonce la thèse de façon explicite : "Shakespeare raconte le XXIè siècle".

La structure est d'une belle efficacité intellectuelle.

-Un premier chapitre est consacré au contexte historique et politique, il éclaire assez bien la période durant laquelle le dramaturge élisabéthain a écrit ses pièces. Cette contextualisation est indispensable pour qui prétend analyser sérieusement les pièces historiques, qui réécrivent l'histoire récente de l'Angleterre à la fin du Moyen-Age mais sont aussi parcourues d'allusions à la période renaissante, au règne de la reine Elisabeth.
-Trois chapitres sont ensuite consacrés à l'analyse et à l'interprétation de la première trilogie, la mise en scène de la Guerre des Deux Roses, la rivalité violente entre les York et les Lancaster, puis entre les York eux-mêmes.
-Viennent ensuite deux chapitres qui approfondissent l'étude des mécanismes de la tyrannie, de sa mise en place. Ils s'intéressent au personnage de Richard comme au rôle de ses complices.
-Les deux chapitres suivants élargissent le propos et étudient les parallèles entre Richard III et Macbeth, pièce écrite près de 15 ans après la première trilogie. Cette partie se penche sur la question de la folie et du pouvoir.
Les deux derniers chapitres se penchent sur la réflexion politique telle que Shakespeare la développe dans les pièces romaines : Jules César et Coriolan. Tout naturellement, elle conduit le critique à interroger le rôle du peuple dans le consentement à la tyrannie.

C'est un beau travail que Stephen Greenblatt offre ici au lecteur, précis, souvent pertinent, toujours abordable même pour le non spécialiste.

Preuve s'il était besoin du génie intemporel de Shakespeare.
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Ce livre, le troisième que je lis de cet auteur américain, s'est révélé assez différent de ce à quoi je m'attendais. J'imaginais que Stephen Greenblatt partirait des dictateurs ou populistes du XXe et début du XXIe siècle pour leur trouver des équivalents dans les pièces de Shakespeare mais il fait plutôt l'inverse et partant de quelques pièces dites "historiques" du dramaturge anglais ainsi que de MacBeth et du Conte d'hiver, il laisse le lecteur faire lui-même le lien avec quelques dirigeants politiques des dernières décennies, et tout particulièrement l'actuel président américain Donald Trump. Parfois d'autres personnages sont évoqués comme Staline ou Pol Pot mais c'est bien le populiste à la mèche orange qui est clairement visé, et Greenblatt ne s'en cache pas dans son avant-propos.

Pourtant aucun propos ou aucune décision de Trump n'est ici rapportée et mise en correspondance avec les paroles ou les actes des Henry, Richard ou autres MacBeth. Et c'est à mon avis une faiblesse du livre qui fonctionne sur la suggestion plus que sur la démonstration. L'ouvrage se rélève être finalement davantage une analyse, certes brillante, du thème du pouvoir et du peuple dans l'oeuvre de Shakespeare qu'une mise en perspective des comportements tyranniques de certains dirigeants contemporains, décédés ou encore en exercice.

Aussi ce livre plaira certainement aux amateurs de Shakespeare friands de critique littéraire (dont je suis) mais laissera sur leur faim ceux qui espéraient que les faits et gestes de nos tyrans adeptes de twitter et des "fake news" y soient davantage scrutés et dénoncés avec la lucidité et la virtuosité du dramaturge de Stratford-upon-Avon.
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Replonger dans Shakespeare est un vrai bonheur. Se faire expliquer sa pensée par l'un des meilleurs spécialistes est encore mieux. Je ne connaissais pas Stephen Greenblatt, en revanche il me semblait bien connaître le théâtre de William Shakespeare, surtout les oeuvres historiques et les tragédies mais j'étais loin, très loin, même si la portée politique transpirait dans ses pièces, d'en faire un parallèle avec notre temps.
L'élection de l'actuel président des Etats Unis est le déclencheur, comme le dit lui même l'auteur, du livre sur ce sujet, notamment le visage des tyrans à notre époque. Greenblatt ne cite jamais le nom du président élu, même s'il écrit que citer des noms ne gêne, absolument plus, ces personnages dans l'exercice de leur tyrannie, bien au contraire,faire le plus de bruit, pour paraphraser Richard III, les conforte dans leur position à utiliser les moyens modernes mis à leur disposition dont, notamment, twitter. N'étant adhérent d'aucun réseau social je suis bien aise de me sentir libre et de considérer que lesdits réseaux sociaux sont un moyen pour occuper les insomniaques tant la nuit que le jour, selon la latitude.
Pour ma part je pense que citer ces chefs d'états ou de gouvernements et autres rois ne serviraient pas à grand chose étant donné que nous disposons suffisamment de moyens modernes, en plus de twitter, pour, tous, être au courant de ce qui se passe chez nos voisins proches ou lointains. Greenblatt ne parle t'il pas d'un journaliste abattu dans une ambassade?
Cette tyrannie dont il est question, existante à toute époque car s'il y a chef petit ou grand, il y a possibilité de domination de l'un, des uns, par l'autre. Certains s'en sont servis contre leur propre peuple, d'autre moins. S'il est cependant une chose que l'on ne remettait pas en question c'est leur pouvoir.
Sur les rois cités (Richard II et III, Henri VI), seul Richard III se voit dépeint pire qu'il n'était en réalité mais ce roi n'est pas, uniquement, qu'un assassin malfaisant sur le passage duquel "les chiens aboient" ni un souverain prêt à échanger son royaume "contre un cheval", il était le dernier Plantagenêt sur lequel un auteur pouvait, allégrement, "taper", la reine Elizabeth étant une Tudor. En revanche il aurait été, fortement déplacé de faire état de la prétendue bâtardise du roi Henri VIII, père d'Elizabeth.
La formidable biographie que Murray Kendall a consacré à Richard III remet les pendules à l'heure.
Pour ce qui me concerne j'ai beaucoup appris avec ce livre, j'en suis d'autant plus reconnaissant à S. Greenblat qu'à Shakespeare pour les bons moments passés à le lire ou à vivre ses pièces.

Je remercie Masse Critique de Babelio de m'avoir choisi pour recevoir ce livre et aux éditions Saint-Simon de me l'avoir fait parvenir.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Spécialiste incontesté de Shakespeare auquel il a consacré une brillante biographie, Stephen Greenblatt propose aujourd'hui un essai dans lequel il analyse l'oeuvre shakespearienne à l'aune des évènements secouant notre quotidien....Sauf que si l'analyse théâtrale est brillante et complète en ce qui concerne les oeuvres étudiées, la mise en parallèle avec l'époque contemporaine m'a paru briller par sa singulière absence !
Bien sûr le décryptage des mécanismes de la tyrannie est particulièrement pointu et pertinent, mais quel exemple contemporain en donne t'il ? Aucun, et pourtant les candidats n'auraient pas manqué ....
De même pour le populisme habilement analysé à travers le personnage de Cade (Henry VI) mais dont l'écho contemporain n'est pas explicité...Le chapitre consacré aux "hommes de l'ombre" aurait aussi pu faire l'objet de développements passionnants tant la politique internationale est souvent l'oeuvre de ceux qui agissent dans le secret des cabinets et des ministères...
Bien sûr l'aspect étude littéraire est impeccable et passionnante et en celà, j'y ai trouvé mon miel ...Mais, car il y a un mais, le sous-titre faisait espérer autre chose et notamment une analyse politique du monde contemporain vu à l'aune du grand dramaturge à laquelle l'auteur parait se refuser si on excepte le petit coup de griffe de l'introduction consacré aux tweets de Donald Trump .
Ce sera donc au lecteur d'adapter sa grille de lecture et de faire sa propre adaptation ...
Ce n'est pas ce que j'attendais de cet essai que j'ai lu avec plaisir mais en attendant jusqu'au bout quelque chose d'autre... qui n'est jamais venu...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Bien qu'il s'agisse d'une catastrophe, il y a une pointe de comédie dans la montée au pouvoir du tyran. Ceux qu'il a écartés et piétinés sont, pour la plupart, eux-mêmes compromis, cyniques et corrompus. Même si leur sort est terrible, il est satisfaisant de les voir punis et, tandis que le scélérat arrive au sommet à force de fanfaronnades, de complicités et de trahisons, notre moralité est en quelque sorte invitée à prendre des vacances.

(p.89)
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Dans une société où on ne distingue plus les soupçons des certitudes, on prouve sa loyauté en obéissant aux ordres meurtriers du tyran.
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Mais il (le tyran) ne peut éliminer tous ceux qui le détestent. Car, finalement, tout le monde le déteste.
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Le bien public est une chose dont seuls les perdants aiment à parler.
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Pour que la communauté reconquière sa dignité, la meilleure solution réside dans l'action politique des citoyens ordinaires.
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