Achille Talon, tome 25 : Achille Talon et l'esprit d'Eloi

Ce 25ème album n'est-il que sombres billevesées dont se rit noblement le vrai lecteur pugnace ?
Achille Talon n'est-il qu'un imbécile de la ville ?
Vincent Poursan est-il xénophobe ou simplement déconcerté ?
Hilarion Lefuneste, en plus d'être un cuistre, est-il un lamentable pendard ?
Attila est-il le chien de garde idéal ?
Toutes les réponses à ces questions, et à bien d'autres que vous n'aviez pas osé vous poser, sont dans "Achille Talon et l'esprit d’Éloi".
Scénarisée et dessinée par Greg, cette nouvelle aventure a été publiée préalablement par "Le Pèlerin" et par "Le Parisien Libéré".
Lefuneste a reçu un appel de détresse de son oncle, Béotien, un honnête agriculteur qui se voit menacé par un revenant géant de devoir revendre ses terres !
Achille Talon, en voisin bien élevé, se propose d'aller jouer les détectives en catimini.
Il va se heurter au spectre d’Éloi Courtetête, un bourreau qui avait pris sa retraite dans la région !
Peut-on jurer que, dans un pays convenable, les fantômes n'existent pas ? ...
Dans cette aventure, un nouveau personnage apparaît près d'Achille Talon.
Pétard est un canard affublé d'un béret
Il est le produit d'un oeuf oublié ...
Pétard est un personnage que je n'aime pas trop.
J'ai toujours eu le sentiment confus qu'au lieu d'ajouter à la qualité de l'univers créé par Greg, il en retirait un peu de sa valeur.
Mais je ne saurai pas trop l'expliquer.
Au final, si la lecture de "L'esprit d’Éloi" reste un agréable moment, on sent une petite baisse de forme chez l'auteur qui annonce le presque-ratage de l'album suivant.
Mais rassurons-nous Achille Talon est insubmersible ! ...

Cette fois, Lefuneste a pété un câble, un gros câble, du genre à porter du 25G, au moins.
Voilà t'y pas qu'il voit des fantômes.
Pas le type voile blanc à chaîne qui fait houu, hein. Plutôt du genre bourreau médiéval à hache qui pipe mot.
Et apparemment, la maladie lui est venue de son oncle de la campagne. Un oncle que Lefuneste a décidé d'aller voir dans sa campagne appauvrie pour « régler le problème ». Dans ses bagages, il amène son voisin (il se fait conduire en voiture, avouons-le).
Et c'est un Achille Talon particulièrement bizarre qui va dénouer les noeuds. En effet, il est sceptique, il raisonne sherlockholmesement, il acrobatise tout en déduisant des conclusions, exactes en plus.
C'est vrai que ce voisin de l'oncle, qui pousse ce dernier à vendre ses terres, n'est pas de bon Éloi, heu… aloi.
Et que vient faire là ce réalisateur de ciné, soi-disant là pour faire des repérages ?
On peut se poser des questions.
Et Chichille les pose, et y répond.
C'est pas normal qu'il soit si efficace. Moi je dis, l'auteur n'a pas respecté son personnage, lol.

Allez, sans rire, c'est médiévalement poilant.

Et en prime, la première apparition de Pétard le canard, béret le jour, bonnet la nuit (et pas "de nuit").

Sac à papier ! En voilà une curieuse affaire !
Hilarion Lefunste, voisin de choc du sieur Talon part rendre visite à son oncle Béotien au fin fond d'une campagne pluvieuse, il est bien sûr accompagné d'Achille.
Mais qu'en est-il de ce fantôme du bourreau Eloi qui persécute l'oncle de Lefuneste ?
Faut-il croire au surnaturel, ou il y a t'il une explication plus terre-à-terre à ce mystère ?

Relecture de cet album qui fait en quelque sorte partie de mes classiques en BD.
Je retrouve avec plaisir les situations cocasses et les dialogues concoctés par Greg.

Pour les connaisseurs de la série, je rappelle que c'est dans cette aventure qu'Achille fait la connaissance du pétulant palmipède qui sera désormais son animal de compagnie, j'ai nommé le canard Pétard.

Replongé dans les aventures d'Achille Talon. C'est le genre de trucs qui me fait toujours autant marrer. Ouais, je sais, pas grand-chose à ajouter sur cette histoire de fantôme et de Pétard : Les Origines. Mais le comique, bon sang ! le style hyperbolique de Greg devrait être étudié par tous ceux qui veulent se lancer dans la BD humour franco-belge : quasiment chaque case contient une blague, que ce soit un sarcasme, un élément du décor ou un calembour. Ça pourra en lasser certains, mais le fait est que tout élément superflu à l'humour ou l'utilité de l'intrigue est délaissé, soit exactement ce que je vise dans mes oeuvres personnelles. Et c'est du Greg des grands jours, dans toute sa générosité verbale, du blabla jusqu'à l'absurde, sans jamais que l'histoire paraisse pédante, parce que c'est justement cette pédanterie qui est tournée en dérision.
Ce qui n'empêche pas Greg de montrer de l'attachement pour ses personnages. Évidemment, Pétard est conçu pour qu'on l'adore, mais Talon lui-même est légèrement délivré de sa bêtise tout en restant lui-même : en temps que détective, il se doit de trouver des pistes, mais ses coups d'éclats sont toujours compensés par sa mauvaise foi, son obstination ou sa naïveté, le faisant rester l'antihéros que le lecteur recherche.
Évidemment, à force de lire tous ces vieux trucs, on finit par y trouver des défauts... En-dehors du fait d'une légère impression de déjà-vu, le côté enquête est cousu de fil blanc, et le personnage de Lefuneste reste à sa fonction la plus basique de faire-valoir, jamais capable de trouver un raisonnement capable de faire avancer l'intrigue mais uniquement objet de toutes les mesquineries. Reste que l'album trouve un brin d'originalité en se penchant de près sur les technologies de l'audiovisuel. Et nous donne enfin un aperçu plus grand de la famille de Lefuneste...

Greg (pseud. de Regnier Michel, 1931-1999) – " L'esprit d'Eloi" (Achille Talon : tome 25) – Dargaud, 1980

Inusable, impérissable, in-vieillissable.
Je l'avais acheté à sa parution, en 1980 : mes enfants – alors âgés d'une dizaine d'années environ – et moi-même, nous l'avons lu et relu un nombre incalculable de fois. Aujourd'hui, en 2018, ce sont mes petits enfants qui l'exhument des rayonnages de la bibliothèque.
Cet album a été tellement consulté que certaines pages se détachent de la reliure...

Il s'agit là, sans doute aucun, de l'un des albums les plus réussis dans la série des "Achille Talon" racontant une histoire courant de la première à la dernière vignette. Rien que la scène d'ouverture (Lefuneste procédant aux emplettes indispensables pour son escapade) est déjà une réussite, chaque vignette ou presque contenant – en plus des propos des protagonistes – un ou deux gags à découvrir, glissés discrètement dans l'image.
Les réflexions sur le monde du cinéma pimentent le récit d'allusions plutôt cinglantes, l'apparition du canard Pétard est un grand moment scénaristique... et bien d'autres choses encore.
Un classique, inusable.