Citations sur Nous allons tous très bien, merci (21)
Elle savait depuis un moment déjà que son mari et ses enfants n'avaient pas besoin d'elle. Oh, peut-être qu'ils l'aimaient, mais de là à avoir besoin d'elle ? Ce qui leur manquerait, ce serait les repas qu'elle leur préparait, les rendez-vous qu'elle prenait à leur place, les bulletins qu'elle signait. Elle se chargeait du calendrier et des expéditions au pressing, gardait le compte de la pointure en permanente évolution des garçons, découpait les carottes, remplissait les bouteilles d'eau, ôtait les fibres de lin bleu du filtre du sèche-linge. Des activités d'entretien, en somme, facilement exécutables par n'importe qui. Pour les choses essentielles, les mâles de la maison pouvaient compter les uns sur les autres. Ils formaient une seule et même entité, une meute.
[...], il se pourrait que j'entretienne l'idée d'étouffer mon nihilisme. Juste un peu. Pas parce que la vie n'est pas dénuée de sens - ça me paraît incontestable -, mais parce qu'avoir en permanence conscience de sa futilité m'épuise... L'oublier un moment ne me dérangerait pas. J'aimerais pouvoir sentir le vent sur mon visage et me dire l'espace d'une minute que ce n'est pas parce que je suis en train de tomber d'une falaise.
Un monstre débarque dans notre quotidien. Les simples mortels se battent, font preuve d'un grand courage, en vain. Le monstre commence par tuer les méchants, puis les gentils, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un. Le Dernier Garçon ou la Dernière Fille. Le combat final éclate. Le Dernier subit de graves blessures, mais il triomphe in extremis du monstre. Ce n'est que plus tard qu'il ou elle comprendra l'ultime ruse de son ennemi : il a été profondément marqué, et sa conscience de la vérité ne va faire que croître, comme une infection. Le Dernier sait désormais que le monstre n'est pas mort, seulement banni de l'autre côté. Où il attend le pouvoir de se faufiler de nouveau dans notre monde. La prochaine fois, il prendra peut-être la forme d'un dément aimant jouer du couteau, ou d'une bête pleine de crocs, ou d'une indicible masse de tentacules. Le monstre aux mille et un visages. Les détails ne revêtent une quelconque importance que pour ses victimes.
Il ne connaissait malheureusement aucune application permettant de lire sur les lèvres à partir d'une vidéo. HAL 9000 se faisait toujours attendre.
Nous formions une équipe d’insomniaques professionnels. Une fois que vous savez qu’il y a des monstres sous le lit, fermer les yeux, relève de l’inconscience ; on fait les cent pas, on fixe l’obscurité, on guette le grincement de la porte qui s’ouvre...
Il se pourrait que j'entretienne l'idée d'étouffer mon nihilisme. Juste un peu. Pas parce que la vie n'est pas dénuée de sens - ça me paraît incontestable -, mais parce qu'avoir en permanence conscience de sa futilité m'épuise... L'oublier un moment ne me dérangerait pas. J'aimerais pouvoir sentir le vent sur mon visage et me dire l'espace d'une minute que ce n'est pas parce que je suis en train de tomber d'une falaise.
- Vous sous-entendez que vous aimeriez être heureux ?
- Ouais. C’est ça.
(p. 16-17)
Si vous voulez rester à la barre pendant le naufrage et vous persuader que vous maitrisez la situation, éclatez -vous, avait-il conclu.
Les cicatrices recouvraient sa peau depuis la base de son cou jusqu'à la taille de son jean. même ses seins, des seins compacts de joggeuse, étaient couvert de lignes, de volutes... Au bout d'un moment, elle se tourna pour lui montrer son dos. Il n'y avait pas plus de deux centimètres de peau intacte. Elle était une Torah, un labyrinthe vivant.
"les soeurs m'ont offert ma première marque lorsque j'avais sept ans",dit elle. Elle se retourna à nouveau, lui désigna un rectangle minuscule sur son biceps gauche. "Celle-la, c'était mon anniversaire. J'étais si heureuse".
_ Heureuse, répéta-t-il avec perplexité.
Ma mère s'était déja décorée. sauf qu'il s'agissait de tatouages, pas de cicatrices, et rien de ...mystique. Mais ils étaient si colorés ! Je me souviens quand je les suivais du doigt, le nez contre sa peau, fixant les images si fort que j'avais l'impression d'y tomber. Bon dieu, je les adorais. Elle enrichissait régulièrement sa collection. Parfois, elle me laissait l'accompagner.
Je me souviens du vrombissement des aiguilles, des minuscules perles de sang. Une fois, je lui avait demandé si ca faisait mal. Et elle m'avait dit :
" Bien sur, chérie. Tout ce qui est beau fait mal."
Nous nous sommes initialement découvert par le seul biais de nos paroles.
On s’asseyait en cercle et on parlait les uns aux autres,
chacun présentait une certaine version de lui-même.
On racontait notre histoire,
on testait divers comportements.
Le Dr Sayer avait dit que le groupe serait une occasion « d’éprouver la réalité ».
Qu’arriverait-il si nous nous révélions
et partagions nos véritables pensées ?
Si nous parlions de ce que nous craignions le plus ?
Si nous nous comportions en fonction de règles qui,
pour une fois,
n’étaient pas dictées par nos pires soupçons ?
Peut-être que ce serait la fin du monde.
- Tu nous as déjà raconté cette histoire, coupa Barbara. Quand tu parles sans arrêt comme ça, j'ai l'impression que tu m'obliges à t'ignorer; plus tu parles et moins je t'entends. 》