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EAN : 9781563893094
64 pages
DC Comics (01/11/1997)
4/5   1 notes
Résumé :
Elseworlds. Distinctive stylist Mike Grell brings a new twist to Batman in the grand tradition of The Phantom of the Opera! In turn-of-the-century Gotham City, rising young ballet star Laura Avian has acquired an “admirer,” a stalker whose infatuation leads him careening down a path toward obsession and violence. She soon finds herself ensnarled in a treacherous web of murder, betrayal and deadly deception when the fan perceives that there are rivals for his affecti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, ne nécessitant aucune connaissance préalable du personnage. L'histoire est parue d'un seul tenant en 1997, et met en scène une version alternative de Batman. Elle a été réalisée par Mike Grell, pour le scénario, les dessins et l'encrage, avec une mise en couleurs réalisée par Andre Khromov. Elle comprend 62 pages de bande dessinée.

Le narrateur s'interroge. Que doit-il dire de sa vie ? Doit-il parler du spectre nocturne ailé qui a hanté sa vie, aussi sûrement qu'il a hanté les rues de Gotham ? Il pensait qu'il aurait dû trouver une réponse depuis longtemps à cette question : l'énigme drapée de mystère qui l'a tourmenté toute sa vie durant, chaque fois qu'il portait le masque. En 1890, dans les grottes sous le manoir Wayne, le propriétaire a accumulé de nombreux souvenirs, comme une sorte de musée, dans lequel il éprouve la sensation d'avoir sa place, parmi tous ces artefacts absurdes. Bruce Wayne est en train de coucher ses pensées dans son journal : Alfred Pennyworth vient l'informer que le Batsignal s'affiche dans le ciel. Bruce le rassure : il le sait. Il se lève, passe par une porte dérobée et revêt le reste de son costume à la lueur des bougies : la cape, les gants et pour finir le masque avec ses oreilles pointues de chauve-souris. Ainsi prêt, il se rend à l'écurie et sort : il se dirige vers Gotham à bord de sa voiture hippomobile noire, en donnant du fouet pour faire accélérer la cadence à ses chevaux, noirs également. Sur sa poitrine se trouve l'emblème de la chauve-souris, sur fond jaune, à l'identique du symbole projeté sur la masse nuageuse.

À l'opéra de Gotham, il reste cinq minutes avant le lever de rideau. Dans les loges, Oscar annonce le délai, aux danseuses dont Laura Avian, plus loin au premier rôle Harvey Dent, et enfin à l'étoile Julianna Sandoval. Laura a reçu un superbe bouquet d'un mystérieux admirateur anonyme, Mirielle, une autre danseuse, supposant qu'il s'agit du basson. En effet ajoute-t-elle, il rate toujours une note quand Laura entre en scène. Sur le perron de l'opéra, le commissaire James Gordon parle avec le chef de police Clancy O'Hara qui s'étonne que Batman ne soit pas déjà là. Ce dernier apparaît comme par enchantement et ils lui disent la raison du signal : trois prisonniers se sont échappés, la police en a rattrapé deux, et le troisième court toujours. C'est un ramoneur expérimenté et il saute de toit en toit. Batman s'en occupe. Il gagne les toits de l'opéra et aperçoit rapidement la silhouette du fuyard. Il se met à sa poursuite, mais se fait surprendre, et reçoit un coup qui rate de peu son dos. le fuyard descend dans les corridors et les coulisses du bâtiment, Batman sur ses talons. le combat physique s'engage dans les cintres au-dessus de la scène, et provoque la chute du lustre avec les dizaines de bougies allumées, droit vers la scène et les chanteurs, droit sur Harvey Dent.

La continuité des superhéros a pour effet de les figer dans leurs caractéristiques principales et d'empêcher toute véritable évolution. Rapidement les éditeurs des deux grands univers partagés DC et Marvel ont trouvé des moyens de contourner cette stase, avec des versions alternatives, soit sur des planètes dont l'histoire a divergé à un moment, soit dans des récits oniriques. Puis Marvel a carrément créé une série de réalités alternatives appelée What if…, et de son côté DC a développé le concept de Elseworlds, très similaire dans l'esprit. Ces deux formats se prêtent bien à des récits courts, en 48 ou 64 pages, pour une histoire complète. D'un côté, Marvel avait choisi une série régulière nécessitant d'être nourrie pour suivre le rythme de parution, selon le processus de fabrication industriel mensuel. de l'autre côté, le format choisi par DC laissait plus de possibilité de proposer à un auteur de développer une version plus originale, avec plus de temps pour la mener à bien. Pour ce récit, il confie ainsi Batman à Mike Grell, auteur complet, ayant créé Warlord en 1975 pour DC Comics, puis ayant lancé sa propre série Jon Sable Freelance en 1983, avant de revenir chez DC où le responsable éditorial Mike Gold lui avait confié un personnage emblématique de l'éditeur, relancé avec Green Arrow: The Longbow Hunter (1987) avec Julia Lacquement.

Il ne faut pas longtemps au lecteur pour comprendre que l'auteur adapte à sa sauce le Fantôme de l'Opéra (1910) de Gaston Leroux, et plus probablement une de ses nombreuses déclinaisons cinématographiques, celle de 1925 de Rupert Julian, ou celle de 1962 de Terence Fisher. Il est donc fort probable que l'intrigue en elle-même ne réserve pas beaucoup de surprises, car le scénariste s'en tient à la trame basique du récit, en remplaçant le fantôme par un personnage de la mythologie de Batman, et en plaçant ce dernier comme défenseur de la pauvre danseuse. Il replace l'accident du chanteur au temps présent du récit, remanie quelques scènes pour que Bruce Wayne s'intègre harmonieusement au récit. le principal est bel et bien là : les représentations, l'admirateur anonyme, l'individu défiguré, le décor prestigieux. Côté Batman, l'auteur se limite à quelques éléments du mythe : le costume noir avec la cape et l'emblème de la chauve-souris, le manoir luxueux des Wayne, les grottes abritant le repaire du superhéros, le combattant extraordinaire, et la saveur gothique avec une touche de romantisme sombre.

À l'évidence, ce projet tenait à coeur de l'auteur puisqu'il a choisi de le dessiner lui-même, plutôt que de le confier à un autre artiste. La mise en couleurs n'est pas réalisée par Julia Lacquement avec qui il avait collaboré pour Longbow Hunters. Andre Khromov met en oeuvre une palette oscillant entre les teintes gris et marron, avec quelques touches de couleurs plus claires, pour les yeux de la vedette féminine et ses tenues, instaurant ainsi une ambiance nocturne légèrement teintée de fatalité, très appropriée à l'histoire. Grell construit ses pages et l'apparence de ses dessins pour développer sciemment une ambiance romantique et gothique à la fois. Pour laisser libre cours aux émotions, il s'affranchit souvent des bordures de cases, et n'hésite pas à fondre des dessins entre eux, comme pour évoquer l'écoulement des passions. Dans les expressions de visage, il oppose le sérieux de Bruce Wayne, avec la joie de vivre insouciante de Laura Avian. Il oppose également le calme de Batman au caractère enflammé d'Harvey Dent. le visage de Wayne est souvent grave, avec la marque d'un regret, celui de ne pas pouvoir donner libre cours à ses émotions, de ne pas pouvoir changer de façon de se comporter, parce qu'accablé d'un poids indicible. Cela lui donne un air romantique ténébreux qui lui sied à ravir, faisant de lui un personnage tragique dont le lecteur ne peut qu'admirer le sacrifice à ce qu'il considère être sa mission, suite au drame de sa vie, la mort de ses parents.

Le lecteur se laisse emporter par cette forme de mélancolie découlant de la résignation de Bruce Wayne à ne pas pouvoir changer le cours de sa vie. Grell fait donc en sorte de donner l'impression que le récit se déroule à la fin du dix-neuvième siècle, en commençant par les tenues vestimentaires. Cela fonctionne très bien, que ce soient les tenues civiles, les tenues de soirée pour aller à l'opéra, ou celle des chanteurs et danseurs. Il semble avoir pris grand plaisir à concevoir cette version de Batman d'un siècle passé, seul le blason à l'emblème de la chauve-souris en guise de plastron ne passant pas très bien. Mais l'artiste parvient à ne pas s'appesantir dessus, en ne le montrant que peu de fois. Il représente des décors portant également la marque de l'époque, avec des touches gothiques, que ce soient l'architecture de l'opéra, ou l'aménagement des pièces du manoir Wayne. Il n'y a que la Batmobile qui ne passe pas bien, car le lecteur voit bien que le trajet va prendre plusieurs dizaines de minutes à Batman pour rejoindre le coeur de Gotham, et que Batman aura bien du mal à la laisser discrètement à l'abandon dans une ruelle, avec les deux chevaux, le temps d'accomplir sa mission. Enfin, l'artiste se fait plaisir en concevant des compositions de pages faisant la part belle aux images, et aux grandes cases, avec 5 dessins en pleine page, et 5 dessins en double page, ainsi que plusieurs séquences découpées à l'échelle des deux pages en vis-à-vis. Cela donne de l'élan aux actions, et de la place aux émotions. Il n'hésite pas à utiliser aussi bien des conventions visuelles de superhéros, évoquant parfois l'art du mouvement de Gene Colan, que des conventions en provenance directe des comics de romance, avec des visages exaltés par l'amour.

Ça fait plaisir de voir Mike Grell pleinement impliqué dans un récit où il sait transmettre le plaisir qu'il a de le raconter. Il mélange donc une version de Batman fin dix-neuvième siècle avec le Fantôme de l'Opéra, pour une intrigue convenue, et une narration visuelle romantique et gothique, convaincante, bien qu'un peu rapide pour être assez tragique. le lecteur venu chercher une version exotique de Batman en a pour son argent, surtout visuellement, même s'il regrette une histoire un peu trop rapide pour être inoubliable.
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