Citations sur La Petite Robe de Paul (21)
Cette femme qu'il pensait si bien connaître vivait au bord d'un gouffre, un trou dans son existence qu'aucun mot ne pouvait cerner. Irène, l'amour de sa vie avec qui il aurait voulu tout partager, restait jalousement murée sur son secret, ce coin de jardin dans lequel elle ne le laisserait jamais entrer, où elle allait solitaire fleurir la tombe d'une petite fille.
Soudain, soulevant l'enveloppe bleue pour accéder à sa vieille poupée, elle fut envahie par une angoisse qui la cloua sur place et fit trembler ses mains. Elle resta penchée, hésitant à poursuivre son exploration, bloquée par la peur d'une découverte: la robe blanche pliée dans la malle, pointant vers elle ses trois boutons de rose.(p.80)
comme tous les enfants qui saisit intuitivement la tristesse de l'un de ses parents, Paul ne posait aucune question, respectant à son insu le mutisme paternel, ne franchissant aucune barrière dressées par l'homme déjà âgé qui lui accordait sa tendresse.
Telle une peau distendue tentant de retrouver ses proportions originelles, leur existence avait peiné à retrouver ses marques les quelques mois qui avaient suivi l'installation d'Agnes dans son studio.
Comment avait-elle pu penser que les aveux de son mari suffiraient à refermer la faille ouverte par le séisme, cette faille qui avait détruit en deux jours, toutes ses certitudes? Laisserait-elle dorénavant dans son coeur autre chose qu'un champs de ruines?
Plaie brutale recousue à la hâte, la mort brutale de son enfance avait laissé au fond d'elle cette cicatrice dont personne,jamais,ne pourrait atténuer les boursouflures.
Cette femme qu’il pensait c’est bien connaître vivait au bord d’un gouffre, un trou dans son existence qu’aucun mot ne pouvait cerner. Irène, l’amour de sa vie avec qui il aurait voulu tout partager, restait jalousement murée sur son secret, ce coin de jardin dans lequel elle ne le laisserait jamais entrer, où elle allait solitaire fleurir la tombe d’une petite fille.
C'est pourquoi son acte l'intriguait, témoin d'une décision prise en lui-même à son insu et impossible à justifier logiquement.
La semaine précédent le week-end de Pâques, Paul participait à un stage de formation dans un quartier qu'il connaissait peu. Le programme lui indiquait qu'il disposerait d'une pause déjeuner de deux heures. Les premiers beaux jours incitant à la promenade, il pourrait en profiter pour découvrir ce coin de sa ville qu'il n'avait jamais eu l'occasion de visiter.
"(...) Paul prit conscience de l'insurmontable difficulté pour lui de mettre en mots ses sentiments. Tout relevait de l'impalpable : regards échangés, sourires, main posée sur un bas en témoignage de tendresse, mais rien qui puisse précisément se dire, encore moins s'écrire."