Si je n'étais pas tombée par hasard sur les critiques élogieuses de ce livre, je ne l'aurais probablement jamais lu, n'en ayant jamais entendu parler et ne connaissant pas son auteur. Et pourtant, ce fut un gros best-seller américain des années 80, lauréat du prix World Fantasy du meilleur roman en 1988 (
Patrick Süskind avait décroché ce prix l'année précédente avec son désormais cultissisme roman
le Parfum) et dont une adaptation cinématographique a failli voir le jour en 2010.
C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme et de curiosité que je l'ai commencé, étant amatrice de temps à autres de voyages dans le temps et de tout ce que cela génère d'imagination et de libertés dans l'écriture.
Longue intro pour retarder d'écrire mes impressions car je suis bien embêtée pour dire si ce roman m'a conquise ou non, A vrai dire, j'ai alterné entre intérêt et ennui. L'histoire de cet homme de 43 ans qui meurt pour ressusciter (le terme n'est pas vraiment exact) à l'âge de 18 ans, en 1963, et cela plusieurs fois, sept je crois, est un peu répétitive à la longue. Ces deux-trois premiers retours vers sa jeunesse m'ont captivée - qui n'a jamais imaginé revenir en arrière pour ne pas refaire les mêmes erreurs, revivre sa vie en mieux ? - puis, la lassitude m'a gagnée peu à peu.
Si je retiens seulement ce que je n'ai pas aimé dans ce roman - la platitude du style, les caractères tres stéréotypés des personnages, surtout, féminins, le fourre-tout écolo-pacifiste-philo-ésotérique degré 1000, les facilités du synopsis - je pourrais dire qu'il m'a déçue ... mais fait sourire.
Quand le héros, Jeff, entre dans la première gargotte, évidemment il va se retrouver à voir sur scène un des futurs grands noms du jazz totalement inconnu dans l'instant, quand il se marie (pour la combientième fois déjà (?), l'ex-mari de sa femme n'est pas n'importe qui mais bien Dustin Hoffman, rien moins que lui ; il est à parier que s'il m'arrivait la même chose (hypothèse impossible), je retomberais sur les mêmes relous, serais incapable de me souvenir des numéros du super Loto vu que ne joue jamais, serais spectatrice du premier concert d'un groupe tellement nul qu'il ne survivrait pas à sa première scène, et j'en passe.
Et en même temps, je reconnais l'ampleur du projet littéraire de
Ken Grimwood, et j'ai une certaine tendresse pour ce roman bien américain et ancré dans son époque, celui des quadras traumatisés par l'assassinat de Kennedy et la guerre du Vietnam et qui rêvaient de paix, qui déjà lassés par le diktat de la réussite financiere à tout prix, avaient des rêves philanthropiques, qui gorgés de blockbusters, souhaitaient réinventer le cinéma.
Pour cela, je préfère ne retenir que les bons côtés de cette fantasy romantique, mon côté fleur bleue ayant pris le dessus.