Citations sur Le bureau des objets perdus (15)
c'était mon blouson.
Celui au cuir marron vieilli et tendre, craquelé aux coudes, à la doublure douce comme un pyjama de bébé.
Qui avait un écusson sur la manche.
Avec la fermeture Eclair qui coinçait un peu, mais finissait toujours par céder.
Et une pression au col que, les jours de grand froid, maman fermait d'un geste énergique, les sourcils froncés.
Celui qui m'allait si bien, même encore un peu trop grand, été comme hiver, triste ou en forme.
Je suis une pessimiste optimiste, une pessimiste contrariée.
[A la bibliothèque]
La dame blonde à l’entrée, avec son Thermos de thé et ses petits-beurre Lu, ne parle que si on lui adresse la parole. C’est grâce à elle que j’ai découvert Oui-Oui. Cette lecture a été pour moi un véritable choc, le véhicule d’un changement intérieur profond. Ainsi, on pouvait, comme Oui-Oui, être petit et faire le bonheur autour de soi ? Je n’en étais pas revenue.
"Les mots doux,
Les choses tendres
Finissent toujours
Par se rendre.
Il suffit d'attendre,
Il suffit d'attendre."
On croit chercher, mais il n'en est rien. Les yeux regardent sans voir, les mains tâtent sans toucher. (Soizic)
Depuis que je suis toute petite, j’ai une devise : « Un problème, un poème. »
« Ô objet nvolé !
Ô objet éclipsé !
Je te cherche partout
Et toi tu t’en fous ! »
Comme chaque fois en me relisant, je me suis auto-épatée.
Il faut absolument que je règle ce problème que j'ai avec les fins. Je ne m'en souviens jamais. Sauf celle de Titanic, et encore... Le bateau coule, mais après ? Comment s'en sortent-ils ? Qui tombe amoureux de qui ? J'oublié tous ces trucs-là. C'est le reste dont je me souviens, ce que tout le monde oublie. Le temps qu'il faisait, la fille à la caisse, les gens de la file, comment j'étais habillée. Pour Titanic, en l'occurrence, je me souviens que je portais ma chemise canadienne. Ma chemise canadienne et mon blouson, bien sûr. (Soizic)
Lire l'écusson pour la première fois vraiment : "Prends garde à ce que tu as ". Lentement, je l'ai enfilé. Il m'allait encore mieux qu'avant. J'avais grandis.
Mais sur ma table de nuit, dans mon sac, sur mon bureau, mon livre n'était pas là. Et puis je me suis souvenue. Il était dans la poche de mon blouson. Mais lui, où était-il ?
En me réveillant le lendemain, ma première pensée a été pour mon blouson. Où donc pouvait-il bien être passé? Mais je n'ai pas eu le temps de m'appesantir sur la question. La journée a démarré et tout s'est bizarrement enchaîné.
Ça a commencé au petit déjeuner. Papa buvait son jus d'orange quand il s'est arrêté, le verre près de sa bouche, comme s'il hésitait à continuer. Et tout à coup, il l'a lâché. Paf. Il y avait des éclaboussures partout, et en particulier sur mon jean blanc tout propre. On est restés tout les quatre immobiles à regarder les taches s'agrandir peu à peu, traverser le tissu, s'incruster dans le fils. Et puis, papa s'est levé et il est parti en claquant la porte. Hé ! c'était à moi de faire ça, d'en vouloir à la terre entière pas a lui ! Mon jean préféré en plus.