Edward Wozny est un jeune banquier new-yorkais à qui tout réussit.
Il est sur le point de prendre quelques vacances avant d'intégrer un poste plus élevé dans une société bancaire anglaise. Cependant, durant ces quelques jours, son patron lui demande de céder à la dernière exigence d'un client dont Edward s'est brillamment occupé. Il va donc se retrouver à faire l'inventaire, le classement et le rangement de la bibliothèque de ce client, laissée à l'abandon.
N'ayant guère le choix, le jeune homme se met à l'ouvrage. Et reçoit pour consigne supplémentaire de chercher un manuscrit du XIVème siècle qui aurait une immense valeur.
L'intrigue se résume à peu de choses.
Le roman également.
En arrivant à la fin du livre, j'ai eu l'impression d'avoir été eu. D'avoir joué le dindon de la farce. C'est bien la première fois que ça m'arrive.
L'histoire commence pourtant bien, un jeune cadre promis à de grandes choses qui prend quelques jours de congés avant de s'envoler pour l'Angleterre... Sa découverte d'activités "ludiques", terme qu'apparemment il ne connaît pas, beuveries, sorties. Bref, la détente. Et ensuite, la tuile.
Cette dernière mission qui tombe du ciel et pour laquelle, au final, il se passionne. Bien.
J'ai aimé l'idée de départ.
Les données que livre l'auteur au compte-goutte sur les ouvrages, les quelques références à des textes complètement inconnus ou oubliés et toute l'érudition dont fait preuve Margaret Napier, la jeune étudiante qui rejoint Edward dans sa quête, sont autant de choses en plus qui viennent se poser comme des cheveux sur la soupe. Mal amenées, parfois injustifiées. En fait, du moment que Margaret intervient dans l'histoire, j'ai eu la furieuse impression que l'auteur jouait le nombre de pages. Qu'il en rajoutait le plus possible pour gonfler le roman.
Les personnages sont très inégaux.
Edward se pose en personnage principal, plus ou moins anti-héros puisqu'il entre dans un milieu (les bibliothèques) pour lequel il n'a jamais eu d'affinités. A se demander même si il a déjà lu un roman en entier ne serait-ce qu'une fois. On insiste beaucoup sur sa jeunesse et son sex-appeal, mais au final on a du mal à le cerner, à l'imaginer.
Margaret pose le problème presque inverse. Elle est trop... Trop cultivée, trop "dernière mise à jour du dictionnaire encyclopédique", ayant réponse à tout alors qu'elle est elle-même étudiante, jeune. Au final je me la suis imaginée comme une vieille fille de 45 ans, aigrie, tailleur strict et chignon, alors que ce n'est pas du tout la description qu'en fait l'auteur. Encore une fois, le personnage ne colle pas.
En revanche, j'ai beaucoup aimé l'Artiste, petit homme un peu autiste sur les bords, génie de l'informatique. Il reste mystérieux et hors d'atteinte.
L'écriture est lisse, beaucoup de lieux communs, peu de surprises.
Le fil se déroule uniquement en avant. Pas de flashbacks, pas d'approfondissement des personnages ni d'intrigue secondaire. du début à la fin tout est fait autour de ce seul manuscrit qui est le noeud du
mystère. Si bien que ça se lit vite, et c'est peut-être pas plus mal... Parce que même avec la meilleure volonté du monde, cette histoire prémâchée en devient ennuyante.
Les incursions dans le jeu vidéo sont également assez mal rendues. Chargées de description faites avec un vocabulaire très riche, alors que voyant par les yeux d'Edward nous ne devrions pas avoir ce pointillisme. du coup, tout l'édifice se casse la figure. On n'y croit plus une seule seconde. D'autres romans ont surfé sur l'analogie réalité / jeux vidéo et s'en sont beaucoup mieux tiré. J'ai une pensée particulière pour
Marie-Aude Murail et son Golem. Durant les descriptions du jeu, les images m'ayant traversé l'esprit sont des fragments de films dont les scènes paraissent avoir été tiré. Entre L'armée des douze singes pour la vision de New-York dévastée et envahie par la végétation, La Machine à remonter le temps pour l'aspect accélération du temps et Mad Max avec le héros en guide d'un peuple en guenille dans un univers post-apocalyptique... Côté littérature, il y a quelque volonté d'approcher
le Nom de la Rose d'
Umberto Eco, mais ça reste une volonté, car l'auteur en est très loin... J'ai également été tenté de voir un clin d'oeil à Nyourk de Stefen Wul, mais rien n'est moins sûr.
Attention ! Spoiler !!!
Enfin, sans vouloir gâcher la surprise de ceux qui ne l'ont pas lu, je dis, maintiens et affirme que la fin est inexistante.
J'ai relu une dizaine de fois les trente dernières pages, essayant de comprendre ce que j'avais raté, au cas où j'aurais raté quelques chose. Mais il a bien fallu que je me rende à l'évidence : la fin est incompréhensible sans un minimum d'extrapolation de la part du lecteur. A croire qu'il manque des pages dans mon volume, mais non, après avoir vérifié les numéros, elles sont bien toutes là.
A n'y rien comprendre, je vous dis !
A aucun moment il n'est dit où le manuscrit à été échangé. Comment il s'est retrouvé en possession de Margaret alors qu'Edward l'avait récupéré chez elle (ça c'est marqué noir sur blanc) et l'a même feuilleté. Donc nous sommes certain qu'il l'a bien embarqué avec lui. Pourtant, lorsqu'il arrive devant la baronne, elle lui passe un savon et lui sait qu'il a perdu le manuscrit. Où ???
A l'aéroport, il s'assoit sur un banc et pose le sac du manuscrit sur ses genoux. C'est encore une fois bien précisé...
Et ça se termine là. Point. La baronne se tire, et lui reste planté comme un con à se dire que le lendemain il doit aller bosser et reprendre une vie normale. Pas d'épilogue, rien sur Margaret, le Baron... Bref, il manque au moins cinquante page pour avoir une fin qui y ressemblerait. D'où le sentiment final de s'être fait arnaqué. Sachant que l'impression générale qui reste est celle de la fin, c'est plutôt gênant.
Ce roman m'a été envoyé dans le cadre de l'opération Masse Critique faite par Babélio avec le concours de certains éditeurs. Je remercie donc Babélio (où cette critique apparaît également) et les éditions du Livre de Poche pour m'avoir permis de découvrir ce roman. Malheureusement, je ne le recommanderai pas. Mais au moins je suis fixé. Depuis sa sortie je le lorgnais chez mon libraire. Maintenant, je l'ai lu. Je sais.
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