La jeunesse douloureuse de la poétesse malade et se sachant peut-être condamnée emprunt l'ensemble du recueil, dont le thème amoureux initial s'efface sous l'expression pathétique et le tragique, liée à la féminité et à la solitude. C'est donc surtout ici un chant de départ, à peine une prière, un adieu à la vie et aux espérances de la jeunesse, l'amant n'étant guère que celui d'un rêve bien court.
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N'avoir fait qu'un seul pas et se trouver lassé...
Connaître le dégoût, sans connaître la vie...
Voir de loin les heureux, et puis brûler d'envie...
À son âme altérée offrir un froid passé
Si sec d'émotions, que l'âme le refuse,
Car il est de soucis une trame confuse,
Un sable pâle et gris mêlé de grains amers,
Un chemin où l'on heurte une pierre tranchante
En poussant une plainte aiguë et peu touchante...
Solitude et malheur, voilà mes deux gardiens ;
Ils ont infecté d'eux tout ce qui m'environne ;
J'avais des chants, des fleurs, j'ai jeté ma couronne,
Et ne puis plus chanter serrée en leurs liens.
Nous sortions d'une fête en ma ville natale,
Et la lune brillait, l'air chagrin et confus,
Je regardais sans voir la vieille cathédrale,
Et lui me soutenait, mais ne me parlait plus.