Orsinia - Intégrale

J'ai acheté ce livre par hasard, sur la seule foi du nom de l'auteur, Ursula le Guin dont je connaissais les écrits de science-fiction.
J'ai eu je l'avoue, du mal à accro her, le temps d'accepter qu'il ne s'agissait pas de science-fiction, tout au plus d'une uchronie pas si uchronique que ça, une synthèse du long vingtième siècle en Europe centrale, pas vraiment un pays en particulier, Orsinia est une synthèse géographique de plusieurs pays ayant existé ou existant toujours.

Une fois que j'ai réussi à imaginer et à placer Orsinia dans un temps et un espace finalement connus, pas si imaginaires que ça, je suis alors rentrée véritablement dans le roman.
Et là, un enchantement, une galerie de personnages réussis, des moments de grâce (les balades en bateau sur le lac), d'effroi (les emprisonnements arbitraires), l'éveil du féminisme, la fin de l'adolescence (car la trame principale reste celle d'un roman d'apprentissage), l'intrigue politique, lointaine mais omniprésente, tout est classique et maîtrisé, pour un premier roman, c'est remarquable.
La fin est un peu convenue, mais on se plaît à imaginer les destins de tous les personnages principaux dans les années qui ont suivi.

L'avantage de cette édition c'est de joindre au roman une série de nouvelles se déroulant dans le même pays, du Moyen-Age à la fin du XXème siècle, avec des résonances entre le roman et certaines nouvelles. Il y a aussi les textes de quelques chansons et une carte.
Les nouvelles sont magnifiques, je les ai lues d'une traite, c'est assez court mais on en voudrait plus! Elles complètent parfaitement le roman. La carte est indispensable, on s'y réfère régulièrement.

Une lecture plaisante, dans laquelle il faut toutefois se plonger avec l'esprit bien amarré pour saisir toutes les subtilités des scènes décrites et s'infiltrer au mieux dans les cheminements de pensée des différents protagonistes.
Je ne m'attendais pas à ce type d'intrigue, tout juste sortie de la superbe édition intégrale de TERREMER, avec son lot d'onirisme, de mysticisme, philosophie et de politique, les contrées orsiniennes n'empruntent finalement que très peu de codes de la fantasy, d'où une petite déception au départ.