Il était une fois un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne qui vivaient dans un pays pas si éloigné du nôtre, à une époque pas si lointaine. Ils avaient faim et ne survivaient qu'à la grâce de dieu, ou presque. Dans leur malheur, heureusement, ils n'avaient pas d'enfant à élever et à nourrir, ce qui réjouissait notre pauvre bûcheron alors que son épouse, elle, se morfondait de son ventre resté stérile. Jusqu'au jour où, du train que notre pauvre bûcheronne regarde passer quotidiennement, de ce train qui est sa seule source de distraction, de joie même, tombe un paquet où se trouve ce qui deviendra sa plus précieuse des marchandises, plus précieuse encore que sa propre vie.
Ce conte, qui peut faire penser dans ses toutes premières pages au Petit Poucet (mais la comparaison s'arrête là), est une métaphore de la Shoah, ne vous inquiétez pas, futurs lecteurs, je ne divulgâche rien, vous le comprendrez très rapidement par vous même.
C'est un livre dont j'avais entendu parler à Télématin, par
Olivia de Lamberterie, au moment de sa sortie en grand format. Et elle m'avait donné envie de le découvrir, même si, fondamentalement, je n'ai rien appris de plus que je ne savais déjà. Mais faire découvrir ce pan de notre histoire contemporaine par le biais du conte est finalement un choix osé, et judicieux aussi, car il permet de faire réfléchir autrement et de poser les questions d'une autre manière. C'est un livre que je verrais très bien être lu au collège, voire au lycée, lorsque est abordé la deuxième guerre mondiale. C'est une façon habile et intéressante de faire passer un message, même si, de mon point de vue, sa lecture en milieu scolaire aurait besoin d'être accompagnée car il s'y trouve plusieurs degrés de compréhension.
La fin, la presque morale pourrait-on dire, est loin de ressembler à "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants" , et je dois même avouer que j'y ai trouvé de prime abord un certain flottement avant de me rendre compte que cela était nécessairement fait exprès pour obliger à la réflexion et la discussion. Histoire vraie ou pas ? J'ose espérer que les personnes qui auront ce petit livre entre les mains ne se poseront pas la question.