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4,28

sur 1142 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre qui commence par « Il était une fois », ça ne peut être que gentil non ? Pourtant, les pages suivantes parlent de guerre mondiale, de gens déplacés dans des trains, et on comprend qu'on ne va pas avoir droit à une histoire pour bien dormir.

Le choix du conte pour traiter d'un sujet comme les camps de concentration est assez déstabilisant au premier abord. Pourtant, le côté minimaliste donne tout son sens au récit : on ne cherche pas à expliquer, ni à décortiquer des causes complexes, mais on rappelle que des gens ont mis plein d'autres gens dans des wagons de bétail pour les éliminer à l'arrivée. Une réalité crue à laquelle on est forcé de faire face, sans pouvoir trouver des excuses à l'un ou à pointer du doigt l'autre.

Un petit livre court mais poignant, qui montre qu'on peut dire beaucoup en peu de mots.
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Dans une forêt à l'Est de l'Europe, vivent un couple de pauvres bûcherons. La bûcheronne est triste car ils n'ont jamais eu pu avoir d'enfant. C'est la guerre et au milieu de cette forêt, circulent des trains, pleins dans un sens, vides dans l'autre. Un jour, la bûcheronne reçoit un bébé lancé du train. C'est la petite fille d'un jeune père de famille juif qui a essayé de sauver un de ses jumeaux. Contre l'avis de son mari, la bûcheronne recueille la petite fille et malgré la famine, lui trouve à manger . Peu à peu, le coeur du bûcheron s'attendrit devant le bébé qui grandit. Mais un jour, ses collègues de travail viennent enlever la fillette car ils ont compris ses origines, le bûcheron lui sauve la vie en sacrifiant la sienne. La bûcheronne fuit avec la fillette. le camp de concentration où a survécu le père de la fillette est libéré et désormais, le jeune père cherche sa fille. Pourra-t-il retrouver sa trace ?

J'avais lu à plusieurs reprises des avis positifs de lecteurs sur ce court roman de 90 pages et passionnée par la littérature abordant le thème de la Seconde Guerre Mondiale, cela faisait longtemps que je souhaitais lire ce roman.
Je l'ai trouvé très touchant et atypique par sa forme, il se présente comme un conte n'ayant rien de réel, pourtant de telles histoires ont eu lieu comme on le sait à présent et l'existence des camps de concentration n'est pas contestable.
Son fond, c'est-à-dire l'écriture même du livre, est aussi atypique, il y a des répétitions volontaires et des gradations pour bien préciser la pensée de l'auteur. de plus, la langue même employée paraît un peu datée, renforçant sans doute les ressemblances avec le genre du conte voulu par l'auteur. D'ailleurs, cette volonté de créer un conte peut paraître étrange, surtout à notre époque, mais j'interprète ce souhait de l'auteur comme la volonté de créer une oeuvre atemporelle ayant pour but de faire réfléchir les lecteurs.
La fin du livre est inattendue et très émouvante, elle donne matière à réflexion.
Ce roman permet aussi de s'interroger sur le racisme et l'antisémitisme, sur la différence suscitant le rejet des autres comme à travers la fillette juive ou l'ancien soldat qui à cause de son physique mutilé, doit vivre caché dans la forêt la plus profonde, et de réfléchir à la générosité, le don de soi, l'Amour.
Je pense que ce roman peut être lu par des adultes bien sûr mais aussi par un lectorat adolescent dès la fin du collège et plus tard car il est simple à comprendre mais riche de sens et de profondeur. C'est une grande oeuvre qui mérite d'être connue.
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Petit conte à la fois tendre et terrible. Les éléments attendus du conte pour enfant sont là : un couple de bûcherons vivant au coeur de la forêt et qui ne peut pas avoir d'enfant. Pourtant, il ne s'agit pas d'un conte : c'est une histoire vraie. En décrivant l'horreur de la Shoah à travers le regardant innocent d'une ignorante, le conte permet une distanciation et une ironie dramatique poignante. le train des déportés devient ainsi le train des dieux. Mais en même temps, cela permet de replacer l'humain à égalité, sans considération de son origine ou de ses croyances. La femme du pauvre bûcheron, sans préjugé, prend chaque être pour ce qu'il est. Aussi, un enfant (juif) trouvé dans la neige polonaise sera un trésor inestimable pour la femme qui devient mère par hasard, sans s'inquiéter des risques pris. ...
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Il m'a fallu rentrer du temps pour rentrer dans ce petit livre qui parle de déportation sous forme de conte.
Si j'ai eu du mal avec les quarante premières pages, j'ai vu dans les suivantes un vrai tour de force !
Jean-Claude Grumberg récupère le conte - un élément littéraire classique apparemment incongru avec le contexte de la Seconde Guerre mondiale -Comme Art Spiegelman utilise l'anthropomorphisme dans Maus.

L'auteur reprend donc la fonction première du conte qui permet de traduire l'effroi et la réalité terrible derrire des images en apparence anodines. Un choix qui s'avère très pertinent pour évoquer les histoires qu'on se raconte t la façon dont on se les raconte sans verser dans le pathétique ou le larmoyant.
En mêlant des références et images connues comme celles du Petit Poucet, de Moïse ou des ogres, l'auteur grâce à ce conte fait ressortir toute la démesure de cette situation.

Une curiosité littéraire à tester sans hésitation !
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Jean-Claude Grumberg a eu le génie d'utiliser le modèle du conte classique afin d'illustrer les tourments de la guerre, en l'occurrence ceux de la Seconde Guerre Mondiale et ses sombres trains de marchandises humaines.
Tels les contes anciens, celui-ci contient son lot de cruautés et de fatalités, mais aussi ses espoirs et ses rédemptions.
Un conte pour tous d'une grande portée historique qu'on devrait soumettre comme lecture éducative pour les jeunes autant que le journal d'Anne Frank.
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Comme dans tous les contes, il y a un bois et dans ce bois… pauvre bucheron, pauvre bucheronne, et à proximité, une ligne de chemin de fer où passe régulièrement un train de marchandises.
Le récit est très court et on a tôt fait de comprendre de quel type de marchandises il s'agit.
Jean-Claude Grumberg nous raconte en quelques pages l'horreur de la shoah, les actes horribles auxquels certains ont été contraints, mais surtout les sacrifices douloureux et les gestes incroyables que d'autres ont pu faire par amour et pour préserver la vie. La seule chose qui mérite d'exister.
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Il était une fois un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne qui vivaient dans un pays pas si éloigné du nôtre, à une époque pas si lointaine. Ils avaient faim et ne survivaient qu'à la grâce de dieu, ou presque. Dans leur malheur, heureusement, ils n'avaient pas d'enfant à élever et à nourrir, ce qui réjouissait notre pauvre bûcheron alors que son épouse, elle, se morfondait de son ventre resté stérile. Jusqu'au jour où, du train que notre pauvre bûcheronne regarde passer quotidiennement, de ce train qui est sa seule source de distraction, de joie même, tombe un paquet où se trouve ce qui deviendra sa plus précieuse des marchandises, plus précieuse encore que sa propre vie.

Ce conte, qui peut faire penser dans ses toutes premières pages au Petit Poucet (mais la comparaison s'arrête là), est une métaphore de la Shoah, ne vous inquiétez pas, futurs lecteurs, je ne divulgâche rien, vous le comprendrez très rapidement par vous même.

C'est un livre dont j'avais entendu parler à Télématin, par Olivia de Lamberterie, au moment de sa sortie en grand format. Et elle m'avait donné envie de le découvrir, même si, fondamentalement, je n'ai rien appris de plus que je ne savais déjà. Mais faire découvrir ce pan de notre histoire contemporaine par le biais du conte est finalement un choix osé, et judicieux aussi, car il permet de faire réfléchir autrement et de poser les questions d'une autre manière. C'est un livre que je verrais très bien être lu au collège, voire au lycée, lorsque est abordé la deuxième guerre mondiale. C'est une façon habile et intéressante de faire passer un message, même si, de mon point de vue, sa lecture en milieu scolaire aurait besoin d'être accompagnée car il s'y trouve plusieurs degrés de compréhension.

La fin, la presque morale pourrait-on dire, est loin de ressembler à "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants" , et je dois même avouer que j'y ai trouvé de prime abord un certain flottement avant de me rendre compte que cela était nécessairement fait exprès pour obliger à la réflexion et la discussion. Histoire vraie ou pas ? J'ose espérer que les personnes qui auront ce petit livre entre les mains ne se poseront pas la question.
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Un conte qui prend place durant la seconde guerre mondiale, pour raconter l'indicible et la puissance de l'amour.
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♥ « Dans bien des contes, et nous sommes bien dans un conte, on trouve un bois. Et dans ce bois, un espace plus touffu qu'alentour, où l'on ne pénètre qu'avec difficulté, un espace sauvage et secret, protège des intrus par sa végétation même. Un lieu retiré où ni homme, ni dieu, ni bête ne pénètre sans trembler. »
(P.42)

♥ Pour faire un conte, il faut inventer un décor, des personnages, des méchants, des gentils. Il faut narrer le quotidien, sa léthargie, son immobilisme, jusqu'au jour où survient l'événement. L'inattendu, l'incroyable, l'étourdissant hasard qui transforme tout. Il faut que le désespoir côtoie l'euphorie, que l'ultime recours des uns devienne le préambule d'une vie nouvelle pour d'autres. Il faut la nuit, il faut le jour.

♥ Alors un chemin de fer, par un rude hiver, dans une forêt dissimulée, à laquelle nul ne prête attention. Au creux de celle-ci demeure un couple de bûcherons ; l'homme travaille tout le jour, alors que la femme espère le miracle impossible. La naissance d'un enfant. Tous les jours, elle se rend près du chemin de fer sur lequel passe un train dont elle ne connaît ni la provenance, ni la destination ; elle sait seulement qu'il traverse la forêt et alors elle prie. de toutes ses forces, de toute son âme. Elle bénit ces hommes et ces femmes qui se déplacent. Si seulement elle savait. Si seulement…

♥ Un jour d'hiver, elle s'approche et voit une main à travers les grilles qui barrent les fenêtres, et un objet qu'on jette dans l'épaisse neige. Elle perçoit un cri, plus strident que le sifflement du train. Ses prières exaucées ; voilà jaillit de nulle part l'enfant tant rêvé.

♥ Pour faire un conte, nous disions, il faut inventer un décor, des personnages, des méchants, des gentils. Il faut la douleur, la souffrance, la mort, la cruauté et la haine ; il faut aussi l'amour le plus absolu, l'abnégation la plus totale. Je dis inventer… Mais la plus folle hérésie ne résiderait-elle pas dans le simple fait que la réalité et l'histoire créent elles-mêmes les pires contes qu'on ait jamais voulu inventer ?
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Je découvre Jean-Claude Grumberg à travers ce conte, car il s'agit bien d'un conte. le décor est planté où vivent le pauvre bucheron et la pauvre bûcheronne. Un évènement va pertuber cette vie établie, un cadeau tombé du train... c'est un conte, on y entendra ce que l'on souhaite, ce que l'on pourra y entendre. C'est court et c'est vif, c'est au temps de la shoah. Comme tout conte, le dénouement nous offrira un retour à un équilibre et l'auteur nous rappellera que rien n'est vrai. La seule chose qui mérite d'exister dans les histoires comme dans la vraie vie c'est... l'amour.
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