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EAN : 9791036605093
Lizzie (14/08/2019)
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4.28/5   1120 notes
Résumé :
[LIVRE AUDIO]

Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron. Non non non non, rassurez-vous, ce n'est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout.
Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons... Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (245) Voir plus Ajouter une critique
4,28

sur 1120 notes
Pour écrire un conte, la recette est intemporelle. Un décor, une masure, une forêt dense et inquiétante, et un élément qui va relier ces éléments au reste du monde, le plus souvent porteur de malheur. Ici c'est une ligne de chemin de fer, sur laquelle passe un train, qui transporte des marchandises. Il faut peu de pages pour comprendre de quel type de marchandises il s'agit.

Et puis il faut des personnages, le couple qui loge dans la masure, pauvre, sans enfant, au grand regret de l'épouse.

Il faut des méchants, des êtres maléfiques, traquant l'ennemi désigné. L'Autre, le différent selon des codes réinventés à l'envie, le « sans-coeur » , pointé du doigt par la vindicte populaire, comme responsable de tous les maux du monde.

Le hasard, la chance qui exauce les veux de la femme, n'est jamais sans conséquence, dans un conte. Pour tout cadeau du ciel il y a un prix à payer.

D'autres personnages, des gentils qui se font passer pour méchants, des méchants qu'il faut éviter de croire quand ils prétendent agir pour le bien de tous, entreront sur la scène de l'histoire.


C'est une bien poétique façon de conter une fois de plus l'horreur de cette tranche de notre Histoire, pas la première, et sans doute pas la dernière, tant la nature humaine est prévisible et imparfaite.

Pas de suspens dans le déroulement de la narration, on connait les faits, mais il en est ainsi pour tous les contes, qu'ils parlent d'un royaume lointain, isolé , inaccessible ou d'un conflit qui oppose les grands de ce monde, forts de la main d'oeuvre sans qu'ils envoient en leur nom au casse pipe.

La question primordiale est abordée à la fin : histoire vraie ou pas? C'est par une pirouette que l'auteur répond, en écrivant peut-être le plus beau passage du récit .


C'est vite lu, mais sans doute assez fort pour laisser une trace durable dans une mémoire de lecteur.



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Un petit ouvrage sans prétention d'une centaine de pages, tel se présente le roman de Jean-Claude Grumberg : La plus précieuse des marchandises.
Dans un grand bois, vivent un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne en mal d'enfant. Tout près, une ligne de chemins de fer où des trains passent régulièrement... Tout autour, la guerre.
J'avais rarement lu un livre aussi bref qui soit aussi percutant et aussi intense. En écrivant ce texte sous forme de conte, l'auteur a réussi quelque chose de puissant, et d'inoubliable. Il a su avec un récit simple, concis, restituer l'impensable, l'inimaginable. Il nous livre un condensé de toutes les atrocités, l'inhumanité et la folie dont les hommes ont été capables. Mais il y a aussi et c'est la force de ce conte, cette magnifique histoire d'amour que Jean-Claude Grumberg rend avec tant de beauté et de poésie, poésie concentrée dans ce titre où un enfant devient "La plus précieuse des marchandises".
Il est impossible de rester serein durant cette lecture et d'en sortir indemne, tant les faits nous interpellent. Comment des hommes ont-ils pu se comporter ainsi et ne devons-nous pas lutter de toutes nos forces, pour ne plus jamais vivre cela, à une époque où la résurgence de certaines idées se fait sentir ?
J'ai été émue et bouleversée tout au long de cette lecture qui restera gravée dans ma mémoire. Un conte poétique aussi éblouissant sur une des périodes les plus sombres de l'histoire de l'Europe, devrait être lu par chacun et notamment par les jeunes générations afin que nul n'oublie !
Je remercie les éditions du Seuil pour cette découverte splendide.
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En tant que conte ce livre est superbement écrit.
Je suis cependant de ceux qui sont plus réservés quant à l'adéquation entre la forme et le fond, car le sujet est grave et l'Histoire bien vraie, l'inhumain, l'inconcevable ont bien existé.
Je retiens la capacité de cet écrit à sublimer la noirceur de l'existence par des touches vibrantes de vie : le printemps (associé au mot bonheur, p. 61), un oiseau qui chante, un enfant qui fait ses premiers pas, où qui dit papa, maman pour la première fois, la force de survie d'un parent qui pense à son enfant.
Un message clair (« plus jamais ça, plus jamais » p. 95) et pétri de bons sentiments (« on dit donc qu'il y [dans le pays où la police l'avait raflé] retourna et y finit ses études de médecine, qu'il devint pédiatre, et qu'il consacra sa vie à soigner et à aimer les enfants des autres », p. 99).
La force de la croyance aussi, avec cette pauvre bûcheronne qui tente de dédouaner les dieux qu'elle tient pour responsables, mais pas coupables : « Les dieux ne peuvent penser à tout, ils ont tant à faire ici-bas » (p. 46)
Mention spéciale aussi pour cette référence claire (p. 21-22) au pogrom des Juifs à Iași en Roumanie (27 juin 1941), et pour celle plus indirecte au livre de Cynthia Ozick, le Châle.
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Un conte : en quelques pages, Jean-Claude Grumberg m'a emporté aux limites de l'indicible. J'ai été happé littéralement par cette histoire terrible, vécue au plus près de ce qu'on nommera plus tard la shoah.

Pendant la guerre mondiale, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne vivent dans les forêts d'un pays où l'hiver est rude. Justement, cette forêt qui donne tout de même du bois pour se chauffer, a été coupée en deux pour faire passer une ligne de chemin de fer.
Pauvre bûcheronne – toujours ainsi désignée par l'auteur – adore regarder passer ces trains de marchandises comme dit son homme. Elle qui souffre continuellement de la faim, espère ramasser de quoi manger mais elle ne récupère que des papiers avec des messages indéchiffrables car elle est illettrée.
Subitement, l'auteur dont le grand-père, Naphtali Grumberg, et le père, Zacharie Grumberg, ont été emportés par ces trains de la mort et ne sont jamais revenus, l'auteur nous ramène à Drancy où un couple, avec des jumeaux nouveau-nés, est embarqué de force dans le convoi 49, le 2 mars 1943.
Alors que le train traverse la forêt, patine sur la neige, le père tente une geste fou. Il lance un de ses enfants par la lucarne du wagon pour que cette femme qu'il aperçoit le récupère et le sauve.
Voilà, je n'en dis pas plus car il faut lire ce petit livre au ton d'une simplicité qui touche au plus profond du coeur. La plus précieuse des marchandises, comme nomme pauvre bûcheronne cet enfant tombé du train, devrait être au programme de toutes les classes de nos lycées car Jean-Claude Grumberg fait passer, ressentir tellement de choses essentielles et cela vaut mieux que tous les grands discours. Au passage, je regrette que ce bijou de littérature tellement évocateur n'ait pas remporté le Prix Orange du livre 2019 alors qu'il figurait parmi les cinq finalistes.

Cette haine attisée depuis tant d'années, ce racisme basé sur des croyances, des on-dit, des jalousies viscérales, nous connaissons cela à nouveau aujourd'hui et il faut sans cesse lutter pour endiguer ce penchant dévastateur propre à notre espèce dite humaine.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Encore une bonne pioche inspirée par mes amis de Babélio, un conte qui plus est !
Un texte court mais pourtant dense qui va agir autant sur nos émotions que sur notre intellect, ce qui va en faire une lecture originale et génératrice de réflexions intéressantes.
L'auteur, en partant d'un événement qui a laissé des traces dans l'inconscient collectif, va nous livrer une histoire qui de prime abord ne semble pas très originale et qui devrait suivre des rails qui nous mèneront forcément à un dénouement qui sera celui que l'on pressent déjà.
Sauf que non, enfin pas vraiment, enfin pas tout le temps. En fait, l'auteur nous offre un conte à la note particulière en cassant certains codes et en usant du contre-pied avec un bel à propos qui va nous obliger à utiliser plus de matière grise que prévu.
Pour commencer il y a cette impersonnalité qui est troublante (la pauvre bûcheronne, le pauvre bûcheron, la petite marchandise). Il y a aussi cette inversion de termes savamment calculée (les injustes) comme pour mieux faire ressentir une chose en ne la nommant pas...
Je ne vais pas m'exprimer beaucoup plus car je ne tiens pas à résumer et disséquer tout ce que ce texte m'a inspiré, il est si court que cela reviendrait à en faire un résumé ce qui n'est pas le but de cet avis.
J'ai beaucoup apprécié les péripéties de ce conte en dehors des sentiers battus, elles sont par bien des aspects surprenantes et génératrices de bonnes réflexions, les contes ne se finissent pas toujours bien, ou pas si bien que ça, il reste parfois un goût un peu amer, Est-ce qu'un verre à moitié plein peut-être aussi à moitié vide ?
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critiques presse (4)
Lexpress
31 mai 2019
Avec ce petit livre en forme de conte, le dramaturge Jean-Claude Grumberg prend les jurés par le coeur pour les plonger dans les tréfonds de la grande Histoire. En pleine Seconde Guerre mondiale, un train qui mène vers l'enfer, une petite fille recueillie par un couple de bûcherons... Le décor est planté. Au-delà de l'horreur, un merveilleux message d'espoir et d'amour.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeSoir
15 avril 2019
Jean-Claude Grumberg signe un bijou intemporel, inspiré par le drame de sa petite enfance.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaLibreBelgique
14 mars 2019
Récit admirable sur la Shoah et son opposé : la survie et l’amour.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
10 janvier 2019
jusqu’à quand cette mémoire pourra-t-elle perdurer ? Pour la maintenir, pour lutter contre l’oubli, Jean-Claude Grumberg a fait le beau pari du conte.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (96) Voir plus Ajouter une citation
Les chants, les drapeaux, les discours, les pétards même, toute cette folie, toute cette joie lui rappelaient qu'il était seul, qu'il serait seul à jamais, seul à respecter le deuil, à porter le deuil de l'humanité, le deuil de tous les massacrés, le deuil de son épouse, de ses enfants, de ses parents à lui, de ses parents à elle. Il traversait les villes et les villages, tel un spectre, témoin des libations, de la liesse, des saluts, des serments : plus jamais ça, plus jamais.
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INCIPIT
Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.
Non non non non, rassurez-vous, ce n’est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir? Allons…
Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s’abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale.
La guerre mondiale, oui oui oui oui oui. Pauvre bûcheron, requis à des travaux d’intérêt public – au seul bénéfice des vainqueurs occupant villes, villages, champs et forêts –, c’était donc pauvre bûcheronne qui, de l’aube au crépuscule, arpentait son bois dans l’espoir souvent déçu de pourvoir aux besoins de son maigre foyer.
Fort heureusement – à quelque chose malheur est bon – pauvre bûcheron et pauvre bûcheronne n’avaient pas, eux, d’enfants à nourrir.
Le pauvre bûcheron remerciait le ciel tous les jours de cette grâce. Pauvre bûcheronne s’en lamentait, elle, en secret.
Elle n’avait pas d’enfant à nourrir certes, mais pas non plus d’enfant à chérir. Elle priait donc le ciel, les dieux, le vent, la pluie, les arbres, le soleil même quand ses
rayons perçaient le feuillage illuminant son sous-bois d’une transparence féerique. Elle suppliait ainsi toutes les puissances du ciel et de la nature de bien vouloir lui accorder enfin la grâce de la venue d’un enfant.
Peu à peu, l’âge venant, elle comprit que les puissances célestes, terrestres et féeriques s’étaient toutes liguées avec son bûcheron de mari pour la priver d’enfant.
Elle pria donc désormais pour que cessent au moins le froid et la faim dont elle souffrait du soir au matin, la nuit comme le jour.
Pauvre bûcheron se levait avant l’aube afin de donner tout son temps et toutes ses forces de travail à la construction de bâtiments militaires d’intérêt général et même caporal.
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Le père des ex-jumeaux souhaitait mourir, mais tout au fond de lui poussait une petite graine insensée, sauvage, résistant à toutes les horreurs vues et subies, une petite graine qui poussait et qui poussait, lui ordonnant de vivre, ou tout au moins de survivre. Survivre. Cette petite graine d’espoir, indestructible, il s’en moquait, la méprisait, la noyait sous des flots d’amertume, et pourtant elle ne cessait de croître, malgré le présent, malgré le passé, malgré le souvenir de l’acte insensé qui lui avait valu que sa chère et tendre ne lui jette plus un regard, ne lui adresse plus une seule parole avant qu’il ne se quittent sur ce quai de gare sans gare à la descente de ce train des horreurs.
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Sans ciseaux, armé d'une simple tondeuse, le père des jumeaux, le mari de Dinah, notre héros, après avoir vomi son cœur et ravalé ses larmes, se mit à tondre et à tondre des milliers de crânes, livrés par des trains de marchandises venant de tous les pays occupés par les bourreaux dévoreurs d'étoilés.
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Dans le camp dit de regroupement, se côtoient et se heurtent les anciennes victimes et leurs anciens bourreaux. Les uns cherchant à "se reconstruire", comme on ne le disait pas encore à l'époque, les autres cherchant à se fondre dans la foule des réfugiés. Ne pas rester là, partir, fuir encore, soit, mais où aller? Où aller, se demandait notre héros, ex-raseur de crâne, ex-étudiant en médecine, ex-père de famille, ex-vivant devenu ombre. Retourner dans le pays d'où il était venu en train après avoir été raflé par la police de ce pays? Partir vers où? Le nord, l'est, l'ouest? Et une fois là, reprendre ses études de médecine? Ouvrir un salon de coiffure afin d'imposer au monde les cheveux coupés courts, très courts, la mode des crânes nus? Non non, de toute manière il ne pouvait quitter la région sans savoir, savoir si sa fille, sa petite fille si fragile, sa petite... Quel prénom portait-elle? Quel prénom lui avait-il donné? Comment s'appelait-elle? Il ne savait plus, il ne se souvenait plus du prénom de sa propre fille.
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Videos de Jean-Claude Grumberg (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Grumberg
C'est avec un plaisir non dissimulé que je vous invite à rencontrer Jean-Claude Grumberg ce samedi 1er juillet dès 14h30.
Il assistera la veille à la dernière représentation de sa pièce La plus précieuse des marchandises, réalisée avec brio et justesse par le Théâtre le Public, et y rencontrera son public.
Jean-Claude Grumberg est le lauréat du Prix d'honneur Filigranes 2019 pour ce conte aujourd'hui joué dans le monde entier et prescrit dans les écoles. Il sévit avec succès dans le monde du théâtre depuis plus de 50 ans.
Scénariste et écrivain. J'ai eu la chance et le plaisir de le rencontrer en 2013 pour faire la promotion de son ouvrage hilarant et truculent Pour en finir avec la question juive. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés.
De Pitchik à Pitchouk est une petite merveille, un bijou.
Voilà ce que j'écrivais en avril pour annoncer la sortie de ce conte pour vieux enfants :
« Tu es une source intarissable, tellement indispensable dans ce travail de mémoire que tu poursuis inlassablement , tellement et encore plus d'actualité aujourd'hui.
Tes écrits enjolivent notre quotidien et sont source de réflexion et de sagesse
Je sais combien te manquent Jacqueline et Maurice et tu l'écris avec beaucoup d'amour et de pudeur.
Tu es devenu un incontournable dans nos bibliothèques et je vous invite, TOUS, malgré la profusion de romans formidables parus ou à paraître, à lire et partager ce petit trésor disponible en librairie ce vendredi 7 avril. »
À samedi, Marc Filipson
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