Quel bonheur d'écouter Olivia de Lamberterie évoquer "la construction absolument géniale" du roman "très cinématographique" de Céline Spierer.
La lecture est l’endroit où je me sens à ma place. Lire répare les vivants et réveille les morts. ... Et puis lire autorise à être là sans être là.
Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux. Moi, je ne voulais pas me taire.
Le monde s’était rétréci à la taille du cercueil de mon frère, il reprend ses dimensions. Redevenir perméables aux malheurs extérieurs nous rend un peu de notre humanité entamée.
Lire permet non de fuir la réalité, comme beaucoup le pensent, mais d’y puiser une vérité.
Je me souviens de Françoise Sagan venue présenter Bonjour tristesse à New York en 1955 : « Mon anglais étant limité à mes notes de baccalauréat, c’est-à-dire sept, huit, ma conversation en demeurait disons amène et neutre », écrit-elle dans ses Mémoires. Elle dédicaçait des exemplaires de son roman avec ces mots : With all my sympathy. Il a fallu quinze jours pour qu’une âme avisée lui apprenne qu’elle venait d'adresser ses condoléances à tous ses fans américains.
Regarder son prochain comme soi-même, ce n'est pas si bête comme conseil, les gens ont de la merde dans les yeux, cultiver le goût des autres, qui ne vous ressemblent pas, d'un avis, d'un milieu, d'une génération différente. L'entre-soi dessèche.
Un frère, c'est les parents sans les incompréhensions et les emmerdements, ce sont ses racines, ce terreau de l'enfance qui nous fait pousser. Un frère c'est tout ce qu'on sait et qu'on ne peut pas dire aux autres.
Nous avons été désirés, choyés, aimés. Les incompréhensions et maladresses sont inhérentes aux relations entre les parents et les enfants, elles n’en sont pas les explications. Nous sommes responsables de nos vies ...
... drôle d’aujourd’hui où tout le monde, restaurateurs ou professeurs, est noté, sauf les écoliers.
Autour de moi, je vois beaucoup d’associations conjugales, de « power couples » prêts à toutes les avanies pour escalader leur petite échelle sociale, mais finalement peu de gens qui s’aiment vraiment. Qui pensent la journée, à leur bureau ou au supermarché, au moment où ils s’embrasseront le soir.