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4,28

sur 1132 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En tant que conte ce livre est superbement écrit.
Je suis cependant de ceux qui sont plus réservés quant à l'adéquation entre la forme et le fond, car le sujet est grave et l'Histoire bien vraie, l'inhumain, l'inconcevable ont bien existé.
Je retiens la capacité de cet écrit à sublimer la noirceur de l'existence par des touches vibrantes de vie : le printemps (associé au mot bonheur, p. 61), un oiseau qui chante, un enfant qui fait ses premiers pas, où qui dit papa, maman pour la première fois, la force de survie d'un parent qui pense à son enfant.
Un message clair (« plus jamais ça, plus jamais » p. 95) et pétri de bons sentiments (« on dit donc qu'il y [dans le pays où la police l'avait raflé] retourna et y finit ses études de médecine, qu'il devint pédiatre, et qu'il consacra sa vie à soigner et à aimer les enfants des autres », p. 99).
La force de la croyance aussi, avec cette pauvre bûcheronne qui tente de dédouaner les dieux qu'elle tient pour responsables, mais pas coupables : « Les dieux ne peuvent penser à tout, ils ont tant à faire ici-bas » (p. 46)
Mention spéciale aussi pour cette référence claire (p. 21-22) au pogrom des Juifs à Iași en Roumanie (27 juin 1941), et pour celle plus indirecte au livre de Cynthia Ozick, le Châle.
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Encore une bonne pioche inspirée par mes amis de Babélio, un conte qui plus est !
Un texte court mais pourtant dense qui va agir autant sur nos émotions que sur notre intellect, ce qui va en faire une lecture originale et génératrice de réflexions intéressantes.
L'auteur, en partant d'un événement qui a laissé des traces dans l'inconscient collectif, va nous livrer une histoire qui de prime abord ne semble pas très originale et qui devrait suivre des rails qui nous mèneront forcément à un dénouement qui sera celui que l'on pressent déjà.
Sauf que non, enfin pas vraiment, enfin pas tout le temps. En fait, l'auteur nous offre un conte à la note particulière en cassant certains codes et en usant du contre-pied avec un bel à propos qui va nous obliger à utiliser plus de matière grise que prévu.
Pour commencer il y a cette impersonnalité qui est troublante (la pauvre bûcheronne, le pauvre bûcheron, la petite marchandise). Il y a aussi cette inversion de termes savamment calculée (les injustes) comme pour mieux faire ressentir une chose en ne la nommant pas...
Je ne vais pas m'exprimer beaucoup plus car je ne tiens pas à résumer et disséquer tout ce que ce texte m'a inspiré, il est si court que cela reviendrait à en faire un résumé ce qui n'est pas le but de cet avis.
J'ai beaucoup apprécié les péripéties de ce conte en dehors des sentiers battus, elles sont par bien des aspects surprenantes et génératrices de bonnes réflexions, les contes ne se finissent pas toujours bien, ou pas si bien que ça, il reste parfois un goût un peu amer, Est-ce qu'un verre à moitié plein peut-être aussi à moitié vide ?
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Un papa désespéré, en route vers les camps de la mort, va jeter, par les barreaux du train, un de ses jumeaux avec l'espoir insensé de le sauver. Cet enfant, ce petit rien, ce don du ciel va devenir la plus précieuse des marchandises pour une pauvre bûcheronne qui jusqu'à lors ne possédait que sa misère et son infortune.
A la manière d'un conte de Perrault, Jean-Claude Grumberg nous berce avec le merveilleux d'une histoire pour les enfants. Il emprunte ses personnages et la trame de son histoire aux contes. Mais à l'origine les contes n'étaient pas inventés pour les enfants…
Et les pas dans la neige, les maigres fagots de bois, le kasha comme seule nourriture et la chasse aux « sans coeurs » nous ramènent vers le destin des juifs et de ceux qui les protègent.
La plus précieuse des marchandises est une lecture unique car avec une économie de mots, l'auteur nous fait glisser sur la palette humaine qui va de la générosité gratuite à l'intolérance nauséeuse.
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C'est en lisant de nombreuses critiques élogieuses que j'ai eu envie de lire ce livre. C'est un conte d'une centaine de pages qui se lit très rapidement mais ne s'oublie pas facilement. Comme le dit l'auteur cela commence par un conte : "Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bucheronne et un pauvre bûcheron... " on pourrait penser que c'est un conte pour les petits mais pas du tout. Il s'adresserai plutôt aux ados et aux adultes.
L'histoire se passe en Europe dans les années 40, des trains de "marchandises" passent régulièrement près du bois où habitent la pauvre bucheronne et le pauvre bûcheron. Un jour un bébé tombe d'un train au pied de la pauvre bucheronne qui est en mal d'enfant. Ni une ni deux elle croit au miracle de la vie et l'emporte avec elle.
Magnifique récit sur la déportation, narré à la manière d'un conte. C'est vraiment très fort.
Ce qui m'a plu également c'est l'épilogue mais je ne vous en dirait pas plus.
La force des personnages est bien présente et aucuns d'eux n'a de prénom ni même de nom.
Un ouvrage fort que je conseille
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Ce petit livre est un conte. Les contes sont souvent cruels et, s'ils font appel à l'imaginaire c'est fréquemment pour mettre en garde contre un danger. Si on désobéit, le danger approche et peut nous engloutir! Ce conte çi ne respecte pas tout à fait la trame. Oh ! la peur est bien là du début à la fin et elle nous prévient bien d'un terrible danger: celui de l'oubli qui pourrait alors redonner vie au monstre. ICe conte nous oblige à regarder le train passer et à ouvrir nos yeux sur la marchandise qu'il transporte. Mais dans ce conte çi,il est indispensable de désobéir lorsque l'Autorité asséne des idées et des ordres inentendables...La désobéissance devient alors la seule façon de sauver La plus précieuse des marchandises "l'Amour".
Ainsi, J.C Grumberg réussit en une centaine de pages et gràce à la pauvre bûcheronne et son mari à perpétrer le devoir de mémoire sous une forme originale et émouvante qui mèle lnnocence des sentiments et regard cru et intransigeant sur les abominations de la dernière guerre mondiale et la déportation.
Je remercie vivement Babelio et La librairie du XXIe siècle pour ce très beau livre offert dans le cadre de la dernière Masse critique. J'ajoute que le format de ce livre est très agréable et qu'il est vraiment à mettre entre toutes les mains dés l'adolescence.
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« Récit de faits, d'aventures imaginaires, destiné à distraire. Histoire fausse et invraisemblable. » Si l'on se réfère à ces définitions, ce conte, malgré son invraisemblance sur certains points, est totalement réaliste et donne à réfléchir aux jeunes collégiens à qui est destiné ce petit livre (Je l'ai trouvé sur la table des ouvrages qui seront étudiés au cours de l'année scolaire 2022-2023)  C'est aussi un hommage vibrant rendus par Jean-Claude Grumberg à toutes les victimes des Nazis, et particulièrement à ceux de sa proche famille et aux Justes. Les adultes y trouveront, aussi, leur part de vérité , d'amour, de fraternité. Une lecture émouvante, captivante. Tout est dit en à peine cent pages.


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Très bon petit livre , original. Jamais l'auteur ne mentionne les mots " juifs" ou " nazis" , sans violence inutile ni pathos , il traite de la déportation et d'amour. L'amour d'une enfant , cachée et sauvée . Poétique, moderne , une très bonne surprise
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Jean Claude Grumberg utilise la forme du conte pour enfants, « le Petit Poucet » au départ de l'histoire pour évoquer un sujet qui n'a rien de naïf, la Déportation.
Deux personnages ; un pauvre bûcheron et sa femme, la pauvre bûcheronne, survivent tant bien que mal au milieu d'une forêt jouxtant une voie ferrée. Pendant que monsieur travaille pour apporter une bien maigre pitance au foyer, madame ramasse du bois pour en faire des fagots à revendre quelques sous ou à échanger contre des denrées comestibles.
La femme est des plus naïves. Chaque jour, un convoi passe, et celle-ci accoure vers lui, espérant un signe de la main, un petit mot même si elle ne sait pas lire, ou encore mieux, un cadeau peut être ? Où donc vont ces gens par milliers ? Elle n'en a aucune idée. Et un beau matin, son voeu le plus cher se réalise, une main passant par la lucarne d'un wagon va jeter au sol le cadeau que la pauvre bucheronne n'osait plus espérer de la vie : un bébé. Une petite fille. le père de celle-ci a espéré sauver son frère jumeau ; leur mère n'arrivant plus à les nourrir tous deux…
Comment faire quand la nourriture manque et quand ceux qui sont appelés « sans coeurs » sont chassés puis éliminés ? Nos pauvres bûcherons sont bien contrariés…

L'auteur brode une histoire onirique basée sur de bien tristes réalités historiques. Il maîtrise le sujet : son père et son grand père ne sont pas revenus des camps où ces wagons les ont amenés. L'arrivée dans le camp d'extermination est racontée avec ironie : « Après réception de la marchandise, il fut aussitôt procédé à son tri. Les experts trieurs, tous médecins diplômés, après examen, ne conservèrent que dix pour cent de la livraison. Une centaine de têtes sur mille. le reste, le rebut, vieillards, hommes, femmes, enfants, infirmes, s'évapora après traitement en fin d'après-midi dans la profondeur infinie du ciel inhospitalier de Pologne. »

Ce ton railleur est utilisé dans tout le récit, alternant avec des passages où la naïveté paraît régner. Parfois, cet aspect enfantin de l'écriture m'a un peu agacée, j'avoue. Mais c'est un petit livre qu'il faut lire et faire lire ; à ce sujet, aucun doute.
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C'est un conte... dont l'auteur prend le lecteur par la main, comme il le ferait avec un enfant, et le guide tout doucettement
- vers les atrocités commises pendant la seconde guerre mondiale.

C'est un conte... dont l'écriture est sobre, dont le déroulement est linéaire, dont le vocabulaire est usuel, dont les répétions, onomatopées et interjections évoquent le langage parlé
- mais cette fausse naïveté cache à peine un sens de la formule qui transperce le coeur.

C'est un conte... dont l'univers est semblable à celui de milliers d'autres contes, un univers pourvu d'une forêt sombre qui cache un être mystérieux, dans lequel vivent de pauvres bûcherons, et dans lequel un bébé abandonné dans la neige est recueilli
- pourtant, cet univers est traversé par un train de «marchandises» dont le lecteur devine d'emblée le contenu et la sinistre destination.

C'est un conte... dont les protagonistes ne sont pas désignés par leur nom mais par une image ou un euphémisme : pauvre bûcheronne, précieuse marchandise, vert-de-gris tête-de-mort
- qui implique une distanciation et masque l'infamie

C'est un conte... qui finit bien et dont la morale est optimiste : l'amour triomphe et met le mal en échec
- mais combien de sacrifiés pour une seule enfant passée au travers des filets ?

C'est un conte... une gentille petite histoire imaginaire, imaginée par Jean-Claude Grumberg
- pour nous appeler à ne pas oublier la hideuse réalité de l'Histoire
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Il était une fois une pauvre bucheronne en mal d'enfant. Elle prie les Dieux de lui en accorder un, tout en regardant passer les trains qui traversent sa forêt lointaine. Un jour, son souhait est exaucé…
Voici une façon peu commune de raconter l'holocauste, peu commune de raconter l'horreur.
Quel joli récit ! Oui, je sais. Comment qualifier de "joli "un récit sur la shoah ?
C'est pourtant bien l'exploit qu'a réalisé Grumberg avec ce conte.
La temporalité floue du conte, les personnages simples, l'absence de références explicites aux faits historiques donnent une dimension universelle au destin de « la petite marchandise ».
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