Je ne sais toujours pas pourquoi je n'ai pas réussi à progresser d'un pas plus assuré le long de cette pente glissante qu'on appelle la vie, ni pourquoi certains la traversent par une grand-rue en ligne droite, tandis que d'autres errent sans fin par des ruelles obscures.
A présent le rêve se confondait avec la nécessité et cessait par conséquent d'être un rêve.
J'impute l’intérêt pour la généalogie à l'absence d'arbre en Islande. Du fait de la rareté de la végétation, les gens s'adossent aux arbres généalogiques et se retrouvent des forêts d'ancêtres ...
Les poètes peuvent écrire des choses comme ça.
Les philosophes peuvent dire des choses comme ça.
Mais nous, qui avons été mis à l'asile, interné dans des institutions, nous ne savons quoi dire quand nos idées ne correspondent pas à la réalité, car dans notre univers, ce sont les autres qui ont raison et sui savent faire la différence entre le vrai et e faux.
Mais pendant que Dagný appartenait encore à la réalité où les gens mènent une vie saine et heureuse, je l'aimais tellement qu'elle est passée sur mon cœur comme une gomme et en a effacé toutes les autres filles.
Il est certain que je comprends aussi peu la réalité qu'elle ne me comprend. À cet égard, nous sommes quitte. Mais elle ne me doit aucune explication sur quoi que ce soit, tandis que moi, je suis censé lui rendre des comptes.
C'est l'été. J'entends de joyeuses voix d'enfants et je pense aux marguerites dans les prés. Les arbres reverdis conversent dans les jardins. Le bleu du ciel frappe à la fenêtre.
Les ténèbres ont disparu. Quelqu'un est venu les vider comme du café refroidi. Dehors place le temps ailé.
Alors je prends ma couette et je saute.
Les voix joyeuses continuent de retentir, les bicyclettes roulent et les papillons voltigent, mais moi je n'entends rien, ni les enfants, ni les vélos, ni les oiseaux, car je gis en bas dans le noir alors que tout resplendit de lumière autour de moi.
Non, je ne suis pas mort.
Je suis parti en mer. Je navigue sur la mer bleue dans les demeures du père. Le père relève les filets.
La mort ! Tu parles de la mort ! D'enterrement ! D'amitié ! Tout cela n'est que de la connerie magnifiée par la rubrique nécrologique du journal et gonflée par le baratin funèbre des prêtres à la Noël. La mort ! Notre mort fait faire des économies à la santé publique. Si tu veux rendre service aux contribuables, va te faire pendre.
L'aliéné dit qu'il est mort et enterré. Tous les dimanches, il va au cimetière mettre des fleurs sur sa propre tombe…