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EAN : 9782843048128
172 pages
Zulma (01/02/2018)
3.12/5   113 notes
Résumé :

Chez les Knudsen, on est potentiellement marin de père en fils, sauf à faire carrière à la caisse d’épargne. On compte dans la famille des grands hommes, des hôtesses de l’air et de gentils simplets. Des marins, ministres, aviateurs, bandits, avocats, et parfois tout cela en même temps.

Le clan Knudsen règne depuis plus de deux siècles sur Tangavík, petit port de pêche battu par les vents ou fief d’armateurs, question de point de vue. Ils y ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
3,12

sur 113 notes
Juin est le mois idéal pour visiter New-York. le froid polaire s'est fait la malle depuis belle lurette et la fournaise urbaine n'a pas encore étouffé les avenues bondées de Manhattan. Il flotte comme un air de dolce vita sur les bords de l'Hudson. À moi les bagels, l'Apollo et les ballades dans Chelsea !

C'était de cette façon qu'aurait dû commencer mon trip dans cette ville mythique, sauf qu'il y a toujours une galaxie de différence entre la théorie et la pratique, entre le fantasme et la réalité, entre le New-York imaginé et celui vécu. le ciel américain m'a accueilli de son plus beau sourire gris anthracite et ses larmes de joie, sous forme de crachin d'accueil, ont transpercé mes vêtements pendant les deux premiers jours jusqu'à ce que je me décide de me sécher à la chaleur d'oeuvres d'art dont celles du Museum of Modern Art.

L'artiste mise à l'honneur était alors la chanteuse islandaise Björk. Une créatrice de musique qui m'a toujours laissé un sentiment ambivalent. Entre émotions épidermiques et cris de chats torturés. Comme si la ligne de démarcation entre génie et arnaque était aussi fine qu'une crêpe dentelle de Bretagne ! Björk m'exaspère quand elle torture les sons jusqu'à les rendre inaudibles et m'impressionne par sa capacité à nous partager son monde, sans faux-semblant, en dehors des radars et des modes. Elle ne pouvait qu'être islandaise, cette île où la population compose quotidiennement avec le feu, la terre, l'air et l'eau. Loin de nos standards du goût, l'Islande reste un mystère pour moi. J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte à nouveau lors de la lecture du roman d'Einar Már Guðmundsson: Les Rois d'Islande.

Autant balancer la sauce d'un coup. Ce livre m'a laissé sur le côté de la route. Abandonné, seul face à cette avalanche de noms qui grésillaient et m'arrachaient les yeux. S'il n'y en avait eu que quelques-uns, cela aurait été gérable. Je les aurais bien gribouillés sur un morceau de papier ces Àstvaldur, Halldòr, Thórhallur et autres Jeggvan, mais là, impossible de suivre ce torrent glacé de syllabes improbables, il en pleuvait de toutes parts. Il me fallait impérativement colmater la brèche au risque de balancer le bouquin par la fenêtre. J'ai fini par trouver le moyen d'arrêter cette tempête nominale via une méthode imparable qui s'actionne en combo: la lecture en mode je-m'en-foutiste agrémentée d'une ouverture totale aux délires de l'auteur !

L'histoire est celle de la descendance fictive des Knudsen. Une famille du cru islandais qui règne sur la ville de Tangavik et produit son lot de ministres véreux, d'ivrognes bipolaires et bandits marins. L'auteur n'y va pas par quatre chemins pour dresser le portrait acide d'une Islande corrompue où la médiocrité côtoie la notoriété publique. Sous les traits sans scrupules des Knudsen, l'écrivain nous balance une certaine idée de la modernité dans un pays resté dans l'ombre pendant des siècles.

“ On dit parfois que notre société a perdu son sens de l'humour, pour faire place à la cupidité, à l'oisiveté et au clinquant. Ce n'est peut-être pas faux.

Une nation qui, jadis, croyait aux elfes et aux fantômes ne jure plus que par les indicateurs financiers et les courbes d'inflation. On peut même hypothéquer les poissons qui nagent dans la mer et emprunter sur leur dos. le système économique sombre dans l'ésotérisme, la magie envahit le réel, peut-être même faut-il parler de réalisme magique.

Or, quand le sens de l'humour se perd, tout devient dérisoire. “

Tel un drakkar qui fend les mers à toute allure, le rythme du roman fait feu de tout bois et déploie une cadence qui risque de perdre plus d'un lecteur en chemin. Quiconque voudrait démystifier l'Islande en lisant ce le livre se retrouverait face à une masse impénétrable aussi dure que de la roche magmatique. Alors, est-ce la faute à la traduction ? À une histoire qui fait référence à des évènements dont seuls les spécialistes nordiques connaissent la portée? À la relative différence culturelle entre la lointaine Islande et l'Europe continentale? C'est sans doute un peu tout ça à la fois puisque l'écrivain n'est pas le dernier des débutants et a même reçu plusieurs prix littéraires d'importance chez nos amis nordiques.

En refermant ce roman, je continue de me dire que l'âme islandaise est décidément loin de mes standards. Elle est farouchement indépendante jusqu'à en devenir glaciale. Et s'il y a bien une chose que l'on retrouve dans Les Rois d'Islande c'est cette franchise de la langue où la demi-mesure est engloutie dans une spontanéité volcanique. Est-ce assez pour en faire une excellente histoire ? Sans doute pas mais il y a quelque-chose d'étrange dans cette littérature nordique, une sensation d'être en prise avec un être humain qui vous regarde droit dans les yeux, sans broncher. L'air de dire « tu t'évertues à vouloir percer mon mystère alors que je suis pleinement en face de toi. » 😉

À bientôt,
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Plus rien n'étonne chez les écrivains venus de cette île dont la capitale est Reykjavik, tellement la diversité de leur talent et de leur inspiration nous est désormais connu. Tout de même, Les rois d'Islande, du dénommé Einar Mar Gudmundsson, surprend par sa forme et son ambition avec cette saga d'une lignée de citoyens islandais, les Knudsen, largement au-dessus de la norme. Arnfinnur, Ástvaldur, Haraldur et les autres règnent à leur façon sur la multitude de leurs pairs par leur vie aventureuse, leurs moeurs dissolues ou leur capacité à s'enrichir. Roman picaresque, Les rois d'Islande fait le pari de raconter une multitude de vies en passant sans cesse d'un personnage à un autre sans se soucier en aucune façon de la chronologie. Suivre les acrobaties du récit n'est pas une mince affaire pour le lecteur qui n'a même pas d'arbre généalogique à sa disposition pour l'aider. Ceci dit, le mieux est de se laisser happer par ce maelström sans chercher à savoir si untel est le fils ou l'époux de telle autre, Gudmundsson nous le rappelant parfois au détour d'une phrase. Au fil de la narration, l'auteur s'amuse à rappeler le peu de cas que les islandais font de leurs dirigeants, le plus souvent incompétents quand ils ne sont pas malhonnêtes. le propos du roman est ailleurs, dans le compte-rendu des faits et gestes des représentants de la famille Knudsen, pas toujours glorieux, d'ailleurs, mais ô combien humains dans leur grandeur ou petitesse.
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Un livre , une jubilation, un éclat de rire à chaque page, au minimum, l'autodérision portée à son sommet.
J'avais lu du même auteur Les anges de l'univers, dramatique, tragique.
Ici, l'auteur passe au peigne fin ses congénères, les Islandais, dans leur rapport avec les Norvégiens, les Danois, mais aussi les Britanniques et les Allemands, bref tous ceux qui ont eu la prétention et la vanité surtout de les envahir, de les occuper, de les dominer. Sauf que personne, aucun roi, ne peut ni envahir ni dominer les Islandais. Car les Islandais sont rois. D'où le titre du livre.
L'auteur imite les sagas, les ironise. Ici, ce seront les Knudsen. Il joue avec les orthographes imposées par les différentes dominations ou les désirs des Islandais de se conformer à l'occupant. Gudmasson joue de toutes les tentatives d'acculturation dont ont "bénéficié" les Islandais. Il le fait avec un humour irrépressible.
Il se rit de tout, et l'histoire, et la langue et les particularités (les Islandais n'ont pas de nom de famille par exemple). Il se rit que dans un tout petit pays, il y a autant de querelles de clochers. Ah que j'ai ri avec les "cabillauds" et les "têtes de morues".
Parfois un peu compliqué à suivre, car il se joue aussi de l'histoire au sens chronologique, et des noms, des filiations, il saute du coq à l'âne, pour mieux nous embarquer dans des histoires improbables, loufoques, avec des personnages déjantés, invraisemblables, mais ce qu'il en ressort c'est une humanité. Véritable. Authentique.
J'ai lu ce livre comme si je lisais un livre pour enfant. Et pourtant il aborde des sujets extrêmement sérieux : par exemple la terrible crise financière de 2008.
C'est tout l'art de Gudmasson. Il touche à tout l'air de rien, il apporte une réflexion humaniste sur des sujets sérieux et graves, tout en revêtant une plume (comme un habit) de lumière, avec une drôlerie, une cocasserie toujours bienveillantes.
Enorme.
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Quel roman singulier! Si déroutant que je l'aurais définitivement refermé au bout d'une trentaine de pages si les extravagants personnages drôles espiègles et fort nombreux, ne m'avaient pas retenue. Je me suis donc laisser embarquer à travers les siècles dans les pérégrinations rocambolesques des Knudsen, une famille islandaise originaire de Tangavik aux aventures épiques.

Le narrateur, qui fut l'élève d'Arnfinnur Knudsen, déploie l'immense histoire de ce clan aux multiples plis et recoins, ancêtres et héritiers se succèdent et se bousculent, les sauts dans le temps et l'espace sont légions. Si Arnfinnur est le fil conducteur, on le perd souvent, le fil, emmêlé dans les méandres des chroniques.

Au cours des époques, les Knudsen ont exercé tous les métiers, toutes les activités, ils ont souvent flirté avec la l'illégalité, ils ont aimé et détesté autant qu'ils ont été aimés et détestés, ils ont gravi l'échelle sociale, ont eu des châteaux, sont souvent tombés de leur piédestal mais sont toujours remontés à la surface. Les Knudsen sauvent leur honneur, quoi qu'il arrive. Seul leur goût avéré pour le vin peut, un temps, les faire vaciller. Hommes et femmes hardis audacieux et conquérants, ils sont les Rois d'Islande.

Une galerie de portraits étourdissante, et sous la peinture une satire sociétale et politique de l'Islande. L'écriture est percutante, les va et vient dans l'histoire désorientent parfois mais l'auteur, par le plus grand des mystères, réussit toujours à retrouver le lecteur. Un roman étonnant donc, mais prenant, finalement.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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L'auteur islandais Einar Mar Gudmundsson nous propose avec ce roman une fresque familiale et épique des Knudsen, tout en nous mettant rapidement en garde : il n'y a jamais eu de rois en Islande.

L'intrigue s'ouvre sur l'arrivée d'un étrange et charismatique professeur à l'école du village inventé de Tangavik. Profondément marqué par ce personnage, le narrateur s'empresse d'exhumer les arbres généalogiques de la famille, et se lance dans une multi-biographie des Knudsen en entremêlant les époques et les territoires.

Les personnages sont donc innombrables, innommables. On ne sait plus qui est l'oncle ou l'épouse, la maîtresse ou l'enfant illégitime. L'enchaînement chronologique farfelu achève de noyer le lecteur et m'a laissé l'étrange impression d'assister à une farce théâtrale dont j'ignorerais les codes pour en saisir les subtilités ; on perçoit une ironie mordante et une critique sous-jacente, sans pourtant parvenir à déchiffrer ou à relier les assassines anecdotes à la situation politique de l'Islande que j'avoue méconnaître totalement. On se raccroche donc désespérément aux liens étroits avec le Danemark et la Norvège, plus proches de nous, et à l'amour du narrateur pour la littérature qu'il convoque sans cesse.

Mon impression finale est de m'être heurtée à un épais brouillard, à un nuage de cendres que rien n'est venu disperser...aucun indice ne vient à la rescousse du lecteur non averti, tandis que le style est alourdi de passages où le narrateur s'adresse au lecteur. Une lecture pas vraiment concluante ; il me faudra lire d'autres auteurs islandais pour démystifier ce curieux et lointain pays !
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Un Knudsen à jeun est considéré comme une version mutante du Knudsen imbibé ou du Knudsen abstinent, or il est souvent apparu, que chez les Knudsen , la frugalité est tout aussi problématique que l'alcoolisme. Nous n'en dirons pas plus sur la question.Contentons-nous toutefois d'ajouter qu'un Knudsen abstinent ne se comporte pas forcément mieux qu'un Knudsen aviné, puisque les Knudsen qui ne boivent pas sont souvent acariâtres et que, par conséquent, ils feraient mieux de picoler plutôt que d'être à ce point désagréables. Ils ressemblent alors à des volcans en phase pré-éruptive. Qui parfois explosent, d'ailleurs.
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Au loin, on aperçoit les îles Vestmann.On disait autrefois aux enfants de Tangavik qu'elles étaient si proches les unes des autres qu'on pouvait voler entre elles en se balançant au bout d'une corde. Quand ils jouaient à la marelle, qu'ils appelaient "saute-îles", ils dessinaient les îles dans le sable et bondissaient de l'une à l'autre, persuadés que s'il existait un Tarzan islandais, il vivait aux Vestmann.
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Il en va de la démocratie comme de la royauté. Certes, les Islandais sont démocrates, et peut-être sont-ils même à l'origine du système parlementaire puisqu'ils détiennent le plus ancien parlement d'Europe, il n'empêche qu'ils votent presque tous pour la même formation politique. Ils l'appellent le Parti, tout court, vu le nombre de ses membres et de ses électeurs.
Il arrive parfois, à de très rares moments, que le Parti semble moribond. Il gouverne depuis longtemps, si longtemps qu'il a l'air d'un vieux concierge qui ne sait plus dans quel immeuble il travaille et erre dans les couloirs en prétendant chercher quelqu'un qui n'existe pas.
Ses électeurs ont beau le bouder, il se relève. Sans atteindre des sommets, les voix se multiplient dans les urnes ; il continue de dominer les autres formations et d'être décisionnaire dans les domaines où il le souhaite. Il inspire de la peur à beaucoup de gens, surtout aux fonctionnaires, lesquels n'osent pas s'exprimer.
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Par "idiot du village", on désigne des individus qui , sans avoir inventé le fil à couper le beurre, trouvent généralement leur bonheur au sein de la société ; aujourd'hui, ils ont pratiquement disparu. Ils sont désormais pris en otages par les institutions : par "souci de confort", dit-on, même si ledit confort est surtout un signe de la cruauté humaine.
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Nous sommes censés vivre une époque de liberté et d'ouverture d'esprit, mais nous faisons disparaître ceux qui sont différents en les enfermant dans des asiles. On peut même les détecter dans le ventre de leur mère grâce à de technologies avancées, et les supprimer.
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