Citations sur Le gondolier des ténèbres et autres contes de la peur (6)
Que me sert d'être libre si je meurs de faim ? Je voudrais me suffire à moi-même, n'attendre rien de personne. N'être assujetti ni aux humeurs des uns, ni aux désirs des autres, ni à l'obligeance de celui-ci, ni à la bonté de celui-là. Car le voilà le bonheur véritable : se satisfaire de ce que la nature nous offre à foison, le suc de la terre et l'eau du ciel... Messire le Diable, je voudrais être un arbre.
D'abord, Wilhelm les prit pour des statues, mais à bien y regarder, leur texture n'était pas celle de la pierre. Leurs mains avaient la douceur de la peau, leurs épées la dureté du fer. Ils ne semblaient point morts -car la mort défigure et transforme en squelette-, mais plutôt plongés dans un profond sommeil.
Et sous les yeux horrifiés d'Henri, il retira la capuche de sa robe de bure. A l'arrière de sa tête, en lieu et place de la nuque, il y avait un second visage.
Autrefois, dans la Venise des doges et des marchands, vivaient deux jeunes gens, Tonio et Giovanni. Le premier était noble, le second gondolier, mais en dépit de leur différence de rang, une grande amitié les liait. Que dis-je, grande ? Immense.
- Lucifer, prince des Enfers, toi qui m'as eu en grande pitié, viens à mon secours !
Le Diable aussitôt apparut.
- Qu'y a-t-il encore, petit homme ?
- Je veux changer de corps, celui-là ne me plaît guère.
- Et pourquoi donc ? Il est si séduisant que nul ne lui résiste, que te faut-il de plus ?
- Justement, c’est bien là le problème.
A la tête du lit se trouvait un coffre empli de vêtements. Le jeune homme l'ouvrit, afin d'y quérir de quoi couvrir sa belle. Avisant une fourrure dont les reflets d'argent miroitaient dans l'ombre, il s'en empara et la posa sur elle.