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La discrétion fait partie de ces romans intéressants et interpellants pour tous ces immigrés de l'ombre plus souvent jugés que tolérés et mieux, acceptés.

Faïza Guène, femme algérienne née en France, spectatrice, victime, écrivaine délivre les mots pour abolir cette discrétion qui habille d'ombre sa famille algérienne.

Yamina, le personnage central est la mère de quatre enfants. Née en Algérie, elle rejoint la France à trente ans lors de son mariage.

Entre la voix de ce passé algérien semé de coutumes et de pauvreté et celle du présent des quatre enfants nés en France, ce livre largement autobiographique relate le poids des difficultés pour une famille maghrébine à trouver sa place. Chaque enfant vivra la discrétion à sa façon. Hannah quant à elle choisira la révolte, l'opposition contre l'attitude de cette mère qui se cache, zigzague dans la foule pour ne pas se faire remarquer. Hannah s'offusquera de ses regards baissés, du ton méprisant qu'emploient certains membres de l'administratif face à des femmes d'une autre couleur de peau, d'une autre religion.

L'écriture de Faïza Guène est pleine, non dénuée d'humour et d'ironie. Ce livre est rempli de tous ces cris retenus pour se fondre dans la masse. En toute discrétion. Jamais tendancieux ni impolis, l'auteure exprime avec tact le poids des origines, la difficulté d'être accepté dans un pays étranger, la difficulté de trouver sa place dans un pays qui n'est pas le nôtre.

J'ai beaucoup aimé Yamina, cette femme solaire remplie d'amour qui veut juste faire sa place dans un mouchoir de poche, sans bruit, sans anicroche. Puis il y a Hannah, cette fille rebelle qui rêve d'une reconnaissance pour ses parents qui en ont bavé toute leur vie.

Enfin il y a cet épilogue de toute beauté qui nous rappelle que notre seul pays est peut-être celui sur lequel sont assis nos enfants. Debout, travailleurs, émérites de pousser un pays, de jouir de ses lois et de son sol, d'être citoyens invétérés, nécessaires avant nécessiteux.
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Un livre très agréable à lire sous la plume élégante et efficace de Faiza Guene , une autrice qui a , depuis de nombreuses années , su parler avec son coeur de sujets qui , immanquablement , du fait des migrations de populations , peuvent éclairer sereinement les problèmes humains qui en découlent.
Ici , l'héroïne, Yamina , nous " éblouit " par sa discrétion. Après une enfance algérienne marquée du sceau des traditions , , la voici contrainte à l'exil pour rejoindre son mari Brahim en France . Perte des racines , choc social et culturel , la Méditerranée comme infranchissable frontière, le changement est douloureux , impossible à guérir. La perte à jamais d'une identité , d'une existence sociale , la solitude dans un monde étranger, souvent hostile qui , avec le temps , creusera un peu plus chaque année un fossé de plus en plus profond entre passé et présent, entre cette période vécue aux origines , en Algérie, et au présent, en France ...Un pays qui ne " veut " pas , un autre qui ne veut " plus " une errance discrète malgré l'amour indéfectible de Brahim et la présence de quatre enfants aux caractères si différents mais indispensables à la seule motivation " de vivre " de notre héroïne. Une belle , très belle personne , une " passeuse ", celle dont le " sacrifice " ne reçoit, pour seule " rétribution " , que la réussite des ses enfants . de l'amour à revendre .Parfois trop ?
Faiza Guéne, je l'ai dit , possède une façon d'écrire à l'image de la famille Taleb , simple , sincère, efficace , belle . Certes , le rythme est lent et il ne se passe pas d'événement brutal , non , une " force tranquille " en marche vers un avenir social amélioré, un lent et incertain cheminement vers une reconnaissance dont Brahim et Yamina se sentent obligés de payer le prix , d'être les garants pour le bonheur de leurs enfants . Une sorte d'attitude sacrificielle dont le prix est " la discrétion ".
Un livre très intéressant, sans pathos , sans parti pris , un mode de pensée assumé. On peut peut - être regretter la brièveté du propos , l'esquisse incomplète de personnages avec qui on aurait aimé " faire plus ample connaissance " , le survol des " traditions " de la culture algérienne et celui des conditions de vie en France , mais on a toutefois l'immense privilège de pouvoir s'immiscer dans une belle famille en tous points respectueuse du pays qui l'accueille mais où ils ne se sentent qu'invités et dont le seul tort est sans doute de se montrer trop " soumise " , trop " discrète " ( quoi que , Haicha ...je vous laisse découvrir ...) mais furieusement attachante , à l'image de son " pilier " , la superbe Yasmina .
Un joli roman pour réfléchir, où l'envie de vivre , le désir de bonheur simple , sont omniprésents.
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on fait la connaissance de Yamina, qui a traversé tant d'épreuves : quitter la ferme en Algérie pendant la guerre d'Indépendance, l'exil avec se famille au Maroc, se cacher, le retour à la fin de la guerre, abandonner l'école qu'elle aime tant pour donner un coup de mains à sa mère : elle coud des vêtements pour tous sur sa machine à coudre à pédale, tricote avec des aiguilles de fortune, plumes d'oiseaux puis, rayons de vélo récupérés dans une décharge.

Elle reste la dernière à la maison, son père ayant refusé tous les prétendants éventuels, jusqu'à ce qu'elle devienne trop vieille et que plus personne ne se présente. Alors, c'est le mariage arrangé avec Brahim, qui a dix ans de plus qu'elle et dont les mains immenses la terrorisent.

Yamina et Brahim vont avoir quatre enfants, trois filles et un garçon, le petit dernier, le chouchou à sa maman qui aurait pu virer au macho pur et dur mais ils ont été bien élevés, on est pauvre chez les Taleb, mais on est respectables et chacun pourra faire des études même si le travail n'est pas au bout.

L'aînée, Malika s'est mariée, un mariage arrangé, mais son mari avait une double vie, un enfant, elle a divorcé, le premier coup dur dans la vie de son père.

Hannah est la deuxième de la fratrie, elle cherche l'homme idéal, et tous ceux qu'elle rencontre ont forcément un défaut rédhibitoire, le manque de virilité est un problème pour elle …

Imane la troisième fille a toujours l'impression de décevoir : lorsqu'elle essaie de quitter l'appartement familial, on frise le drame, alors qu'elle a plus de trente ans mais n'est toujours pas mariée.

« Imane est la troisième fille, celle qui vient juste avant le fils, celle qui aurait dû être le fils. Imane a le sentiment de décevoir une fois de plus. »

Omar dit avec ironie qu'il est devenu un Arabe « calvitieux », c'est très bien quand il s'agit de Zinedine Zidane mais quand on est chauffeur Uber… Il est très attachant, au volant de sa voiture, toujours impeccable, même s'il a des clients ivres qui vomissent dedans. Un jour, une jeune femme le prend pour chauffeur via la célèbre application spécialiste en esclavagisme moderne, payant ses chauffeurs à coup de lance-pierre, et le courant passe entre eux. Mais elle a l'air d'avoir mieux réussi que lui, alors comment résister à l'inhibition, au manque de confiance en soi…

Yamina ne pardonnera jamais, d'avoir été obligée de quitter la ferme, les siens pour le suivre en France, à Aubervilliers. Elle sera toujours la discrète, celle qui passe en essayant de ne pas ne faire remarquer, consensuelle, se taisant même quand le chien de la voisine lui renifle le postérieur alors qu'elle en a peur et que la maitresse n'essaie même pas de le contenir.

Une éclaircie dans sa vie : quand on leur attribue un jardin ouvrier, où elle fait pousser, des fleurs, des légumes, elle a si bien appris à la ferme… Elle partage Yamina, les plats cuisinés, les desserts qu'elle confectionne, alors que souvent on ne lui rend même pas les assiettes…

Si elle essaie de se couler dans le moule, de ne pas faire de vague, ses enfants râlent, ils aimeraient bien que leurs parents qui se sont usés au travail soient un peu mieux reconnus.

On suit cette famille de 1949 à 2020, donc on traverse le 11 septembre, les attentats de Charlie, du Bataclan et là encore, eux qui ont toujours été discrets, pratiquant leur religion dans le sens noble du terme et non dans le sens dévoyé de l'islamisme radical, ils se sentent montrer du doigts, et en plus ils ne peuvent même pas montrer qu'ils sont en deuil eux-aussi !

J'ai adoré mettre mes pas dans ceux de Yamina, car elle force le respect, la discrétion dans son cas, ne signifie pas qu'elle s'écrase à tout prix, subissant les affronts sans broncher ; elle part simplement du principe qu'il ne sert à rien de se révolter pour le moindre détail, comme elle dit. Elle traverse les tempêtes, les désillusions de l'Indépendance, le visage dur de Boumediene dont il convient d'éprouver un vrai chagrin lors des funérailles nationales dignes de l'ex URSS…

Ce roman est bien écrit, bien construit, Faïza Guéne ne sombre jamais dans le pathos et j'ai laissé cette famille à regret.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure. Ce fut vraiment une lecture belle et bouleversante.

#rentreelitteraire2020 #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Il y a des romans qui vous parlent, le livre de Faïza Guène en fait partie. Ce récit m'a vraiment touché, tout d'abord par la qualité de l'écriture, simple, toujours juste, toujours vraie, emplie d'une douceur, celle de l'amour ; et surtout par le personnage central Yamina.

Faïza Guène va donc nous conter l'histoire de cette femme algérienne de bientôt soixante-dix ans et en parallèle nous allons suivre ses quatre enfants. Yamina ne se plaint jamais, comme si cette option lui a été retirée à sa naissance. Elle n'a que son amour a offrir à ses enfants, avec un peu de chance l'amour leur fera oublier les humiliations.

Omar, trente piges, le seul garçon est chauffeur Uber, un job temporaire depuis deux ans ; Malika l'aînée de la fratrie, elle a été mariée à dix-sept ans, elle est celle qu'on remarque le moins, elle n'a jamais fait de vague. Hannah elle a toujours un temps d'avance, elle a toujours pigé plus vite que les autres, particulièrement sensible, elle ne veut pas que ses futurs enfants futurs, héritent de cette colère qui lui dévore les tripes. Imane la cadette, elle aurait dû être un fils, elle a le sentiment de décevoir en permanence

Et puis il y a Brahim, le père, il est encore beau, il ne dit pas nécessairement les mots qu'il faut, mais son réconfort est dans le coeur de Yamina.

L'histoire d'une petite fille débrouillarde, privée de son enfance par la guerre d'indépendance, obligée d'arrêter l'école pour aider ses parents à la ferme et élever ses frères et soeurs. À soixante-dix ans, elle rêve encore qu'elle a un cartable sur le dos. Un mariage arrangé après la prière du vendredi avec Brahim, un immigré de dix ans son aîné, l'arrivée en France dans un taudis où les murs pleurent d'humidité, où les souris se faufilent, les blattes surgissent de partout, un appartement qui même propre a l'air sale. Ce livre est l'histoire d'un déracinement, d'un arrachement à la terre natale.

« Je ne supporte plus que ma langue se meure de rester figée dans ma bouche, je ne supporte plus ma salive inutile, je meurs de ne pouvoir parler à personne, et même si la radio reste allumée toute la journée, je ne peux pas lui répondre. »

L'histoire de braves gens travailleurs, qui se font discrets, car ils se sentent invités en France et leurs enfants, la seconde génération, celle qui porte la colère, nés en France et qui ont l'impression d'être nulle part chez eux, ni en Algérie ni en France. Toujours devoir se justifier, montrer patte blanche pour éviter l'amalgame.

« Brahim a encouragé ses enfants, n'a jamais levé la main sur eux, les a poussés à étudier. La seule chose qu'ils peuvent lui reprocher est d'avoir été pauvre, et épuisé par le travail. »

C'est surtout une formidable histoire d'amour d'une mère pour ses enfants, elle a tenu pour qu'ils réussissent, qu'ils soient heureux et surtout indépendants. Un livre d'une grande sensibilité, tout en retenue. D'un petit village berbère à la banlieue parisienne un magnifique portrait de femme.

Faïza Guene a dédié son roman à son père, Abdelhamid, « mort de discrétion », voilà tout est dit… Un grand merci aux éditions Plon de m'avoir offert l'opportunité de lire ce livre.
« La Discrétion » de Faïza Guène. #rentreelitteraire2020 #NetGalleyFrance

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Parcours de Yamina, femme née à la fin des années 1940 dans l'Algérie colonisée.
Exilée en France en 1981 pour rejoindre un mari marocain plus âgé qu'elle, qu'elle n'avait pas choisi.
Devenue mère de quatre enfants, aujourd'hui adultes, toujours à dorloter son petit dernier de trente ans, son seul fils - question de culture ? ou bien tous les hommes exploitent leurs pseudo faiblesses en matière de tâches domestiques pour retarder la coupure du cordon ? C'est moins fatigant pour eux, et ça fait plaisir à maman. Coup double, sauf que ça énerve les soeurs.

Pourquoi me suis-je autant ennuyée avec un roman si court (250 pages), dont les sujets m'intéressent ? Guerre d'Algérie, exil, intégration, deuxième génération, sort des immigrés en France, et ceux du Maghreb en particulier (avec traumatisme supplémentaire pour les Algériens), maternité et féminité, émancipation des femmes. Et colère - étouffée ou exprimée, nourrie par les événements de la vie ou transmise entre générations...

Je me perdais dans les personnages, les filles de Yamina apparaissent de loin en loin dans le récit, j'ai eu du mal à mémoriser les caractéristiques de chacune et donc à m'y attacher.

Pourtant, j'apprécie généralement les romans de Faïza Guène, simples et honnêtes, truffés d'idées pertinentes, avec des formules et images qui font mouche (cf. extrait sur les cow-boys dans les westerns).
Ici, l'intrigue m'a semblé manquer de liant - tableau trop impressionniste pour une myope.
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« La discrétion » ne se contente pas de livrer l'histoire d'une famille entre l'Algérie et la France, avec ce tiraillement entre deux cultures, celle de l'éducation et des origines, face à celle de la naissance et de l'imprégnation. C'est un texte plus profond qu'il n'y paraît, à travers le microcosme familial, l'auteure aborde des sujets de société très intéressants. de manière parfois grave, pour décrire certaines humiliations couvertes par une fausse bienveillance, mais aussi de manière humoristique, comme pour ne pas étrangler le lecteur.

La plume simple et directe, rend le texte accessible à toutes les personnes qui souhaitent mieux comprendre, ressentir les émotions et interrogations d'une partie de la population française. Être né français, mais ne pas se sentir à sa place, être né algérien et ne pas se sentir algérien… Une éternelle dualité que vit une partie de la population française que l'on peut difficilement comprendre si l'on ne l'a pas vécu soi-même.

Même si je n'ai jamais eu à me sentir exclue, car née française, de parents français, j'ai grandi en Tunisie, et je dois dire que je connais ce sentiment de ne pas se sentir à sa place. Ce sentiment a été très présent lors de notre retour en France, je ne savais plus qui j'étais et surtout, je vivais ce retour comme un exil. Je pleurais tout le temps et j'ai mis du temps, beaucoup de temps à me sentir à ma place. En France, je n'avais qu'une envie, c'est de rentrer en Tunisie et lorsque je retournais en Tunisie, je n'avais qu'une envie, c'est d'y rester. Tiraillée entre mes deux cultures, mes deux vies. J'ai retrouvé dans « La discrétion » de Faïza Guène, cet exil latent, sous-jacent avec la description du mal-être que l'on ressent.

Faïza Guen à travers son récit, rend hommage à ces femmes qui éduquent, discrètement, qui sont dépassée, car elles ne connaissent pas ces enfants qui réclament une identité, une reconnaissance et crient leur appartenance à cette France, qui parfois, les renvoie à ces origines qu'ils ne connaissent qu'à travers des vacances toujours heureuses, mais pendant lesquelles ils sont considérés comme étranger et français. L'exclusion est des deux côtés de la méditerranée, ils ne sont ni algériens ni français.

Comment construire son identité face à cette dualité ? On ne fait pas de vague, on se fait discret, ou alors on se révolte, on crie pour montrer que l'on existe.

Notre société a du mal à comprendre cette dualité, et ne fait que creuser le fossé. La grande mode, qui ne fait qu'attiser la haine et largement véhiculée, est de demander à une personne de quelle origine elle est ! L'extrême droite se nourrit du terreau de cette dualité.

Certains passages m'ont particulièrement touchés, notamment celui de la soeur aînée qui travaille dans une mairie et qui aide une personne en lui parlant en arabe, elle est dénoncée par ses collègues. Je sais, pour l'avoir vécu, que si l'anglais, l'espagnol, l'allemand avaient été utilisés, cela n'aurait incommodé personne. C'est une profonde injustice qui se vit au quotidien et à moins d'avoir vécu ou assister une scène de ce genre, on a du mal à comprendre.

Ce n'est pas un texte à charge, c'est une tranche de vie, aux côtés de cette famille ordinaire, où chaque membre trouve sa place, traverse la vie d'une manière discrète pour ne pas se faire remarquer ou d'une manière plus visible pour montrer qu'il existe. Chacun s'appropriant cette Histoire qui les marque au fer rouge, pour enfin s'apaiser et se construire.
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Faïza Guène narre dans ce dernier roman, avec humour et délicatesse, l'histoire d'une famille Franco-Algérienne, entre exil et intégration, discrimination et désillusions. Cette famille, c'est celle de Yamina, née en 1949 en Algérie, qui après avoir aidé ses parents, épouse à 30 ans Brahim et le rejoint en France où il travaille. L'autrice raconte avec réalisme et pudeur la difficulté pour Yamina à trouver sa place, sa discrétion ; le poids des origines et de la double culture pour ses 4 enfants : Malika, Hannah, Imane et Omar ; 3 filles en quête d'indépendance, un garçon couvé par une mère aimante, tous en quête d'identité. Un récit à la fois gai et touchant (la marque de fabrique de Faïza Guène 😀). Merci à Netgalley pour l'envoi de ce texte.
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Faïza Guène, jeune auteur française d'origine algérienne, révélée à 19 ans à peine, avec l'excellent 'Kiffe Kiffe demain' paru il y a déjà 15 ans de cela, avait donné ses dernières nouvelles littéraires en 2018 avec Millenium Blues, son dernier roman en date, un récit drôle et touchant sur le quotidien d'une famille méditerannéenne.

Avec "la discrétion", son nouveau roman sorti pour cette rentrée littéraire, même si médiatiquement elle s'est faite aussi discrète que le titre de ce roman, Faïza GUENE continue de dresser le portrait choral d'une famille aux origines orientales, mais en y apportant une petite touche de singularité et en prenant parti d'un angle assez original.

Cette famille de 4 enfants, nés dans les années 80 et 90 qui ont une double culture, celle de la France où ils sont nés, et celle de l'Algérie de leur mère.
La romancière fait donc se croiser les trajectoires de chacun des membres de la famille permettant au lecteur de découvrir l'histoire familiale, du départ d'Algérie, et surtout la vie de Yamina, qui ne dit mot à ses enfants des déchirures de son exil et de passé qu'elle a délibéremment mis sous scellé.

Tout en délicatesse et en douceur mais sachant aussi se montrer un peu amère voire cruelle- on pense parfois à la plume de Magyd Cherfi notamment ses chansons, Faïza Guene nous montre que la résignation de Yamina et la colère qu'elle a réussi à étouffer toutes ses années ne l'a pas empêché de transmettre des fragments de son passé à ses enfants, ainsi qu'une volonté de résister et de subsister dans ce monde difficile .

Un beau portrait de femme et de famille comme Faïza Guene sait parfaitement les dessiner ..


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La discrétion est de mise chez Yamina, née dans les années 50 , et mariée en Algérie .
Elle a vécu les différents chaos qu'a connu ce pays. Son mari Brahim vient travailler en France, et c'est ici que naîtront leurs enfants.
Ils habitent Aubervilliers et Yamina élève ses enfants dans le respect de leur pays . Des 4 enfants, un fils, trois filles, l'une d'elle a la rébellion dans le sang, et ne manque pas de remarquer les humiliations subies et en particulier par sa mère qui n'est que douceur.
L'idée du livre est que Yamina cache une colère profonde venue d'Algérie, qu'elle la maîtrise totalement mais qu'elle sourd chez ses descendants et reprend racine.
Au lecteur de définir cette colère si présente en esprit dans le texte alors que la discrétion de Yamina est exposée.
Un joli hommage d'une fille à sa mère, romancé ou plus personnel.
Merci à NetGalley et aux Edts Plon pour cette lecture. #rentée littéraire.
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La Discrétion de Faïza Guène est un roman que je me suis acheté à sa sortie, il y a un an, et je me rends compte que je n'ai jamais pensé à le chroniquer alors que j'ai adoré ma lecture.
Yamina est née dans un cri. À Msirda, en Algérie colonisée. À peine adolescente, elle a brandi le drapeau de la Liberté.
Quarante ans plus tard, à Aubervilliers, elle vit dans la discrétion. Pour cette mère, n'est-ce pas une autre façon de résister ?
Mais la colère, même réprimée, se transmet l'air de rien.
La Discrétion est un roman qui m'a beaucoup touché, d'ailleurs je pense parfois à ses personnages.
Ou plutôt, je me dit que de nos jours la vie doit être vraiment difficile pour ses personnes immigrées, arrivées en France depuis bien longtemps mais que l'on continue à stigmatiser.
Faïza Guène l'explique avec énormément de justesse et de pudeur.
J'ai été très touché par Yamina, son histoire, et par les enfants qu'elle a mis au monde. Ils frissonnent quand les médias mettent en avant un terroriste, ils espèrent de tout coeur qu'il ne sera pas musulman car ils savent que le lendemain les gens vont les identifier à cette personne. Pas toujours consciemment évidemment, mais c'est là, latent.
Et c'est quelque chose qui est terrible car les enfants de Yamina sont français. Ils sont nés en France, ils sont aussi français que moi.
Mais la peau plus foncé, la maman qui a un accent, tout de suite les préjugés sont là.
Je trouve l'histoire de cette famille à la fois simple, banale, et poignante.
L'écriture fait mouche, et même si j'ai lu ce roman il y a plusieurs mois j'y pense encore. C'est rare que je pense à un livre plusieurs mois après sa lecture car je lis beaucoup, j'oublie évidemment certaines lectures. Mais pas La Discrétion.
Je ne saurais expliquer pourquoi mais ce roman est un vraie coup de coeur, ou coup au coeur.
Pourtant il ne raconte pas du tout l'histoire de ma famille mais l'autrice a su me toucher, me faire réfléchir et vraiment je recommande ce roman à tous. Il sort bientôt en poche, n'hésitez pas.
Ma note : un énorme cinq étoiles.
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