Tout est sublime dans ce corps: sa puissance et sa finesse, l'attache de ses bras à ses épaules... Quand je retrouve une émotion érotique, c'est un peu de vie que je retrouve dans ce bain de mort.
Dans leur salle de détente, les infirmières se disputent pour raconter leurs histoires de malades, parce que, bien sûr chacune en a une encore plus incroyable que celle de l'autre.
Faire de la torture mentale (la situation dans laquelle je me trouve, par exemple) un sujet d'étude, pour ne pas dire une œuvre, rend la torture un peu plus supportable.
Autrefois, on me disait: "Vous avez de jolis yeux", ou: "Tu as de belles lèvres"; maintenant, des infirmiers me disent: "Vous avez de belles veines.".
Il se crée, au moment de la souffrance intense exercée par le médecin sur le malade, curieusement, un sentiment d'amour et de respect que je crois réciproque. La souffrance a quelque chose de sacré. Le médecin qui a fait souffrir et le malade qui a souffert deviennent des sortes d'amis, de complices, mais il y a la pudeur.
T. et moi, on ne peut même plus se serrer dans nos bras, comme c'était si bon de le faire quand nous nous retrouvions. Ce serait, ces temps-ci, trop mélodramatique.
La chambre d'hôpital est un cocon insidieux qui, petit à petit, rend effrayant l'espace réel de l'extérieur, même le couloir.
J'ai peut-être fait la connaissance, aujourd'hui, de la chambre dans laquelle je vais mourir. Je ne l'aime pas encore.
La blouse bleue transparente n'avait aucune fonction, que l'humiliation.
C'est difficile d'avoir de l'humour en position couchée, ça semble affecté, question de souffle.