« C'est pour ça qu'il vaut mieux ne pas trop réfléchir, et s'amuser. le rhum, les femmes, l'herbe, une petite bouffe de temps à autre. le reste, c'est de la merde. Et la merde, mieux vaut pas la remuer. Rapport à l'odeur. »
Cuba se remet difficilement du démantèlement de l'Union soviétique dans cette dernière décennie du XXe siècle. Rien ne va plus pour les citoyens cubains, en particulier ceux qui habitent La Havane; une crise économique sans précédent force ceux-ci à divers expédients pour survivre au quotidien : prostitution, trafic de drogue, marché noir, commerces illégaux, squats d'immeubles.
Pedro Juan Gutiérrez le raconte crûment dans ce récit autobiographique, une plongée en eaux troubles dans les pires bas-fonds de la capitale où surnage une espèce humaine aux abois, aux prises avec la famine et le surpeuplement, mais qui n'oublie jamais de célébrer la vie en s'adonnant aux plaisirs à sa portée : rhum, sexe et fiesta.
L'auteur a la langue bien pendue et ses historiettes portent le poids du vécu partagé. Exit le cadre doré des complexes hôteliers de Varadero et des visites guidées en autocar : ce que montre Gutiérrez n'est pas visible par les touristes. C'est sale, puant et dégradant. Une réalité qui choque, un envers du décor profondément dérangeant, loin des souvenirs de carte postale de notre séjour en 2011!