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3,79

sur 33 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Hélène, enceinte de sept mois, fuit avec sa fille un ancien amant menaçant.
Elle trouve refuge dans le pigeonnier d'une ferme poitevine habitée par la veuve Gransagne.
Ces trois femmes vont affronter les fantômes du passé, du présent et de l'avenir.

Ce roman mêle un récit réaliste campé dans la contemporanéité à une histoire ancienne plus magique, plus secrète, qui se dévoilera progressivement.
Il allie ainsi réalité, souvenirs et imaginaire, donnant à l'histoire une tonalité singulière.

C'est Alice, la petite fille de dix ans qui croit aux contes de fées, qui fait le lien et traverse le miroir pour déterrer les secrets enfouis.

Le marais poitevin et sa description font partie intégrante de ce roman imprégnant de mystère et de brume les lieux, les gens et l'histoire.

L'autrice mobilise ses talents de conteuse de romans jeunesse pour nimber d'une atmosphère ténébreuse un récit haletant, suspendu.
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Un titanesque marronnier abrite des regards la maison de pierre de taille, et pourrait raconter les joies, les peines et les espoirs de tous ceux qui y ont vécus tant d'années durant.

Reste la veuve Gransagne, Zélie, qui ressemble à s'y méprendre à Baba Yaga sorcière des Contes Russes du livre d'Alice.

Cette petite fille de 10 ans, m'a prise par la main et a réussi à m'emmener avec elle au pays merveilleux de l'enfance et de la magie.

Entre fantastique et dure réalité, le fantastique l'a emporté.

Je me suis totalement immergée dans le Bois des Sorgues, au bord de l'Etang des voeux où le vent souffle dans le saule et chante à travers le feuillage.

Une atmosphère pleine de mystères, où, conte et réalité s'accrochent pareils au lierre ornant de dentelles les branches lointaines.

Le marécage cache dans ses eaux stagnantes un douloureux secret, où Vassilissa, la princesse grenouille, attend que l'aiguille d'or la libère.

La beauté de l'âme de l'enfant rêveuse et le sordide de la vie des adultes, hantent les lieux où les anémones sauvages "dessinent une couronne pâle de joyaux immaculés, parsemant la mousse et les herbes glacées".

* Rêver est un acte de foi. Elle refuse de douter.* (p.40)

Un joli coup de coeur en ce qui me concerne.
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Voilà un très beau roman que j'ai lu à « perdre haleine ».
Une histoire captivante qui mêle événements présents et événements passés, et nous dévoile peu à peu le terrible mystère, dont la révélation complète se fait dans les dernières pages.

Une histoire de femmes confrontées hier et aujourd'hui à la violence, à la cruauté, des hommes.
Mais aussi une histoire de petite fille rêvant d'un monde magique, refusant de grandir, mais qui, en faisant découvrir le mystère du passé, grandira d'un coup.

Il y a dans le passé, en 1950, Blanche, mariée à Eugène, qui se suicide par pendaison durant la nuit de ses noces, sans que l'on sache pour quelles raisons.
Il y a dans le présent, c'est en 2015, Hélène, une jeune femme qui vient de louer une dépendance d'une ferme pour la période de l'été, dans le but d'abord de fuir un homme marié, Raphaël, qui refuse d'accepter le fait que l'enfant soit de lui, ou du moins de le reconnaître, qui a fait pression pour qu' Hélène avorte, et qui depuis la menace. Hélène a choisi cette location dans l'attente d'emménager dans une maison en construction qui se trouve à proximité de celle de ses parents, dont on ne saura pas grand chose.
Elle y arrive avec Alice, la bien nommée, une enfant de 9 ans fascinée par le monde magique des « contes de fées », et qui va explorer les environs boisés à la recherche du « Pays des merveilles ».
Et puis, la propriétaire, la veuve Gransagne, qui est une vieille femme revêche, acariâtre, au comportement bizarre, dont l'allure de sorcière effraie Alice.
Et enfin, Liliane, la femme de ménage, pleine de dynamisme et de dévouement.

Le récit mêle les événements survenus avant le suicide de Blanche, et le présent. C'est parfois un peu surprenant, mais on s'y fait vite. Peu à peu, on comprend le drame horrible qui s'est produit alors, drame dans lequel sa jeune soeur Zélie a joué un rôle ambigu, drame auquel celle-ci n'a pas osé s'opposer et a éprouvé un remords qui n'a jamais cessé.
Et le séjour à la ferme d'Hélène et Alice dénouera ce passé, en raison surtout des escapades d'Alice au sein de la forêt.
Je n'en dis pas plus, pour vous laisser découvrir l'intrigue et surtout le climat dans lequel on est plongé, un climat où il y a de la violence, de la cruauté, surtout des hommes, mais une formidable solidarité qui se révèle entre les femmes.
Et une atmosphère où une sorte de magie opère, des hurlements de chiens qui n'existent pas, une quête à hauteur d'enfant d'un talisman, etc…Cela m'a fait penser par moment au climat des romans d'Henri Bosco, la nature au diapason des sentiments des êtres, la nature parfois terrifiante aussi.
Mais c'est surtout un roman qui fait réfléchir sur la violence des hommes et qui montre qu'à plus d'un demi-siècle de distance, la domination masculine veut toujours s'exercer sans raison ni justification.

En conclusion, un roman que j'ai beaucoup apprécié, et je ne voudrais pas terminer mon propos sans remercier de m'avoir proposé ce livre, et les Éditions du Seuil de me l'avoir envoyé.




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Je remercie les Éditions du Seuil ainsi que Babelio et sa Masse Critique pour m'avoir soumis ce merveilleux roman empli d'excellentes surprises, au point que je pourrais pratiquement paraphraser Dostoïevski ; « Moi qui ai toujours aimé les chemins de traverse, les sentiers sombres au bas de la route principale - là-bas, au beau milieu des Anémones Sauvages, se trouve de la belle aventure et beaucoup de surprises, ainsi que du métal précieux caché dans la terre ».
Mais de ça vous vous en serez doutés car dès que quiconque ose pénétrer le domaine des fées – si le courage ou la folie ne lui fait pas défaut – il y a toujours quelques leprechauns pour lui promettre monts et merveilles… à moins que ce soit la damnation éternelle.

Les Anémones Sauvages est un très beau roman, bien emmené, et très bien écrit ; il est difficile de le reposer pour reprendre son souffle.
Mais que voulez-vous, il faut bien prendre le thé…

Ce roman possède toutes les qualités d'un joli succès.
Au départ, il y a eu la guerre ; on parle ici de la Seconde, à peine moins pire que la Première. Mais est-ce vraiment une surprise car il y a la guerre depuis que les hommes foulent cette Terre. Et si les guerres font pléthore de victimes parmi la poignée d'hommes qui les déclenchent, ou parmi les cohortes de ceux qui la nourrissent (bien plus nombreux), ou dans la masse grouillante de tous les autres qui la subissent (encore plus nombreux, parfois pusillanimes, parfois lâches ou poltrons, souvent ici ou là par le plus malheureux des hasards), elle étend bien davantage son bras vengeur et séculier parmi les femmes qui ne se relèvent que difficilement de ce désastre.

Mais au départ, il y a aussi la bêtise et l'honneur. Qui sont un peu la même chose.

Le fils part à la guerre ; il est résistant. A lui seul, il sauve ainsi plusieurs générations de pleutres. Mais son combat n'est pas sans dangers car il affronte aussi bien l'ennemi nazi, que l'ennemi français de l'intérieur.
Alors il meurt, introuvable, dispersé aux quatre vents avec les cendres de l'Histoire ; on enterrera un cercueil vide et avec lui l'avenir radieux de ses soeurs.
L'heure devient grave car le garçon « disparu » emporte avec lui l'espoir que le seul homme de la maison puisse un jour reprendre la ferme. Il convient désormais de sauver les meubles ; c'est-à-dire qu'il revient aux deux cadettes la tâche ingrate de se marier « raisonnablement ».

Alors que Blanche, l'aînée, soit amoureuse d'Henri, le fils de la p***** du village, n'a aucune importance. Ce beau et gentil garçon a une tâche indélébile qui le place parmi la caste des Intouchables. Et tant pis si Blanche attend un enfant de lui ; Henri et l'enfant pourront s'en aller au diable Vauvert ! de ça, le père y tient mordicus.
Et tant pis aussi si Zélie, la cadette, est amoureuse du fils du métayer.
Tout ira de mal en pis parce que les hommes aiment à laver le linge sale en famille, en faisant bouillir et à la Javel par-dessus le marché, dussent partir toutes les couleurs et la trame s'user pour que le tout finisse en charpie…

Mais bien des années plus tard, arrivent dans ce lieu maudit Alice (10 ans) et sa mère qui fuient un autre danger ; un homme méchant, pervers et narcissique.
Cela les entraine à se réfugier au coeur du Marais Poitevin, dans l'ancien pigeonnier de la ferme aux incertitudes, là où s'était joué le drame soixante-cinq ans plus tôt.

Y seront-elles en sécurité ?
Alice pourra-t-elle jouer le rôle de sa vie au sein de cette forêt désenchantée composée de marais desséchés et de marais humides, sillonnée de milliers de kilomètres de fossés, de canaux et de rigoles creusés, de trous d'eau dangereux, et de ces millions d'arbres plantés pour fixer les berges qui sont autant de témoignages d'une relation étroite avec l'eau et - Alice en est certaine - avec le monde des fées.

Ce roman est magistral.
Comme la force des femmes à remettre la vie au centre de la vie.
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Conquise par cette première lecture de Mélanie Guyard.

Les anémones sauvages nous emmène sur deux temporalités : l'une dans les années 50 et l'autre en 2015, de nos jours. Mais parlons du lieu, la ferme de la Grivière qui se situe aux portes du marais Poitevin et où l'histoire de déroule. Ce lieu, légèrement en retrait, presque aux frontières de l'onirisme, ne laisse pas de marbre puisqu'il y a 65 ans, Blanche, au lendemain de sa nuit de noces, s'est pendue au marronnier du domaine. En 2015, c'est une jeune femme Hélène, accompagnée de sa fille Alice qui se présente à la ferme. Elles sont en fuite car Hélène est enceinte et espère échapper à son amant menaçant. Sur place, la vieille Gransagne qui se refuse à vendre et une magie digne de Brocéliande qui règne sur les lieux avec sa forêt, ses légendes et l'imagination débordante d'Alice.

Le fil rouge c'est certainement ce lieu empli de mystères, de secrets de famille et ces femmes fortes qui tentent de maintenir le cap face à la vie.
Je me suis laissée surprendre par les légendes, par la naïveté d'Alice et la jolie plume de l'auteure ! A lire !
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Un grand merci à Babelio pour l'envoi de ce roman.

J'en ressors bouleversée..c'est une histoire qui fera partie de mes meilleures lectures de 2024 ..un roman d'amour, de reconstruction et de pardon ..une histoire bouleversante qui mêle le passé et le présent.
C'est une histoire prenante dans laquelle on ne ressort pas indemne.
Je ne connaissais absolument pas cette auteure et j'ai été ravie de pouvoir la découvrir. Elle a une plume douce, poétique,prenante à tel point qu'on en veut encore.
Je n'avais pas envie de tourner la dernière page et de quitter Mme Gransagne, Alice et Hélène.

Vraiment lisez ce roman !
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Il était une fois La Grivière, une ferme isolée, entourée de forêts, de marais, d'arbres, de plantes, de fleurs et d'anémones sauvages. Une demeure digne d'un conte de fée, mais pas dans le genre château de princesse. On est plus proche de la vieille masure, abritant des personnes sombres, blessées par la guerre, des enfants malheureux. Une maison cachant de lourds secrets.

Il était une fois Blanche, qui en 1950, se pend au marronnier du jardin, le lendemain de son mariage. Il était une fois Zelie, sa soeur, complice et amie, qui depuis, chaque nuit d'orage revit les instants malheureux. Zelie qui revit les cris, les pleurs, les décisions…. Qui revit les drames de cette forêt.

Il était une fois, en 2015, la jeune Alice et sa mère Helene (qui fuit un mauvais prince charmant). Elles s'installent à la Grivière, cohabitant avec une vieille dame qui vit au domaine depuis toujours. Alice, trouve dans les environs de la ferme, tout un monde de nature et de magie, paysage onirique de ses rêves de contes de fées : un saule pleureur, une cabane, une aiguille magique, et la voila prête à libérer les secrets enfouis depuis trop longtemps.

Il était une fois une lectrice complètement séduite par ce roman. L'écriture pleine de poésie et de magie de Mélanie Guyard m'a envoutée. A peine avais-je parcouru le chemin de pierre menant à la Grivière, que mes sens étaient entièrement capturés dans l'atmosphère de ce roman. Je touchais du bout des doigts les herbes hautes du chemin, l'odeur des tilleuls et des nombreuses fleurs envahissaient mes narines. J'entendais le craquement du bois sous les pas d'Alice, la pluie qui claquait sur le toit de la maison. J'avais un goût de sang dans la bouche, le goût de la peur et de l'angoisse. Et si je tournais la tête, j'avais le sentiment de voir au loin le doux visage de Blanche.

Il était une fois un roman et des personnages qui vont me hanter un moment. Un texte puissant, extrêmement fort où règne la magie de l'enfance, mais aussi tout ce qu'elle peut apporter d'angoissant. Un roman de femmes fortes et à la fois à la merci d'hommes, de pères, de frères envahissants et menaçants. Un texte dans lequel les fantômes du passé ont autant de place que les vivants, où les secrets de famille explosent, permettant ainsi un semblant de rédemption.

Il était une fois un roman, qui en ce début de mai, est surement le meilleur livre lu en 2024 pour le moment. Plus qu'un coup de coeur, une évidence, une rencontre mirifique.
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Les anémones sauvages de Mélanie Guyard – Seuil

"- Tu voulais savoir si la magie existe, Moineau ? Eh bien elle est là, dans le vent. Si t'entends les chiens. C'est que tu la sens.
- Comment ça ? demande l'enfant, sa curiosité piquée.
- Les chiens n'existent pas. Il n'y en a plus depuis longtemps là-bas. "

Observer, analyser le passé n'est-ce pas le recouvrir d' un peu de magie ?
C'est en partie le propos de ce roman réaliste ou la nature et les éléments vont servir sur un plateau une atmosphère tantôt pesante, tantôt bucolique empreinte de vents, d'orages, d'étangs et de ciels changeants. Une histoire de souvenirs et de regrets qui a trouvé son terreau 65 ans plus tôt dans le marais poitevin.
En 1950, au bout de sa nuit de noce, Blanche est retrouvée pendue au marronnier de la ferme de la Grivière.
Juin 2015, la ferme est toujours debout, la veuve Gransagne vit là dans les souvenirs enfouis qui ne demandent qu'à remonter. Et c'est une petite fille qui va précipiter les évènements, Alice est arrivée avec sa mère Hélène, elles sont les nouvelles locataires du pigeonnier. Si la mère fuit son ancien amant, devenu hystérique et violent à l'annonce de la grossesse d'Hélène, la jeune Alice fuit la réalité, elle voudrait rester dans l'enfance, elle se berce de contes et d'histoires.
Là, entre La Gouille et La Grivière, la terre est propice à la magie, la matière est féconde des drames qui jadis ont meurtries les habitants de cette contrée. Tandis que la petite laisse libre cours à son imagination, la réalité la rattrape et la confronte aux secrets enfouis dans les méandres de la mémoire de la veuve Gransagne qui apparait comme une sorcière idéale à Alice.
Deux temporalités, deux récits s'imbriquent et vont livrer enfin les clés d'une seule et même histoire qui a à voir avec la violence des hommes.
C'est la première fois que je lis Mélanie Guyard, certainement pas la dernière tant je suis friande de ces récits sombres qui malmènent les familles. J'ai trouvé cette histoire passionnante, servie par une écriture habitée et précise.
65 ans séparent les évènements mais la réflexion persiste : Qu'en est-il de la domination masculine ?

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J'ai adoré ce livre que j'ai dévoré en deux temps trois mouvements. On a tous croisé une grand-mère un peu mystérieuse ou des demeures dont on sait qu'elles ont indéniablement un passé qui nous questionne et qu'on imagine...
On se raconte des histoires. L'auteure, ici, nous en raconte une qui nous propulse littéralement dans un monde ou plutôt dans deux mondes, passé et présent imbriqués l'un dans l'autre. On y est, on partage les sentiments des personnages et on se demande ce que l'avenir nous/ leur réserve...
Et c'est comme dans la vraie vie : très différent de ce qu'on avait imaginé...
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Gros coup de coeur pour ce roman que je n'ai pas pu reposer sans l'avoir terminé.
L'intrigue mêle trois générations de femme l'une en âge d'être grand-mère, la seconde mère de la troisième. Et c'est ensemble sans le savoir qu'elles vont permettre à chacune d'avancer et de résoudre leurs maux du passé pour l'une, du présent pour la seconde et de l'avenir pour la troisième.
Des thèmes centraux figurent dans ce récit comme la violence et la domination masculine, mais aussi la solidarité féminine et la place importante de la nature.
L'ecriture de Mélanie Guyard est très poétique, haletante et prenante. Je me suis délectée de cette lecture et pourtant je n'apprécie pas forcément les romans qui mêlent magie et au-delà… néanmoins ce roman est tellement réaliste.
L'auteur nous révèle petit à petit les différents éléments nécessaires à l'entière compréhension du récit et campe son atmosphère avec brio.
En tant que lecteur vous ne pourrez être que happé par cette histoire. Je vous la conseille vivement.
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