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Dès le titre: poppy, fleur de pavot, couleurs du sud et du sang, opium, délivrance factice et fumée dévastatrice qui monte au ciel, l'inspiration poétique est beaucoup présente dans ce beau roman émouvant.
Il raconte l'histoire d'Alam, enfant afghan né dans la guerre et le dénuement, sans autre repère que la violence et un frère taliban admiré. Là-bas, entre murs secs et claquements d'armes, les femmes maudites et convoitées sous les voiles sont aussi troublantes que le lustre des Kalachnikof. La jalousie née d'une passion pour une beauté voilée noue le drame entre Alam L'Évanoui et Alam le Borgne, le frère voué aux fusils. L'Évanoui parce qu'à la honte de son père, il a perdu connaissance lors de sa circoncision. Un enfant qui s'est comporté en fille et voudra prouver toute sa vie qu'il est un combattant sans peur. Et puis ce père qui "sculpé dans la foi, était sa propre statue": mots magnifiques.

La drogue détermine autant la vie des paysans afghans que beaucoup de jeunes réfugiés en France venus d'Asie, d'Afrique et des pays de l'Est. La narco-économie et le narcotrafic plombent l'Afghanistan: Haddad les maintient au coeur de la course vers l'espoir impossible du petit garçon dont le destin se jouera dans les périphéries mal famées du nord-est parisien.

Dissemblances farouches entre rochers brûlants et tours froides sous les brumes des soleils gris du nord. Seule chaleur, Poppy la toxicomane son amie: "son visage semble tombé d'une statue d'église" et on frissonne. Seul dans les rues tandis que "la pluie et les regards tombent sur vous de manière inexorable."
Le regard posé par Alam sur les femmes occidentales mesure l'écart des cultures: "Cette huile sur les visages nus, ces parfums de fleurs inconnues: tout ce qui émane des femmes de ce pays lui paraît vaguement ensorcelé. Elles l'effraient et l'attirent en géantes sans entrailles." Et les mannequins des vitrines des magasins de Kaboul "sont des mortes d'un autre monde" alors que sa mémoire lui rappelle les femmes de chez lui "comme un nid de chenilles ou de frelons dans la maison,... Un atelier d'araignées tranquilles."

Ce roman constitue ma meilleure lecture romanesque de début d'année. L'écriture est soignée, trop peut-être au détriment de la fluidité, et la narration en flashbacks ne lasse jamais, toujours soutenue par des images poétiques colorées et hardies. Un ouvrage d'auteur documenté, exercé, dont je ne connaissais que ses magasins d'écriture, et dont l'oeuvre vaste et surtout diverse témoigne de son engagement d'artiste.

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Voilà un petit livre qu'on lit comme on reçoit un coup de poing. Mon seul regret : n'avoir pu le lire d'une traite.

C'est l'histoire d'un jeune afghan qui va subir l'exil, échapper à sa condition de « futur kamikaze », pour finalement vivre dans les rues de Paris. Quel avenir pour ce fils de paysan dans un pays détruit par les hommes, dans un pays qui n'a connu que la guerre, la peur, la violence ? Quel avenir pour cet immigré clandestin dans un pays comme la France ?

Hubert Haddad dépeint parfaitement la situation, avec des images justes, parfois très belles, criantes de vérité, ou encore à peine soutenables. Il maîtrise parfaitement la narration pour emmener son lecteur dans les profondeurs d'un pays laminé. C'est un témoignage terrible de ce qu'on peut faire subir à des enfants.

La phrase qui résume le mieux ce roman :

« Né dans le désastre des guerres, il portait sur lui l'empreinte des vies échouées. »

C'est un roman pessimiste, mais comment pourrait-il en être autrement ? Comment un enfant peut-il se sortir de ce cercle infernal de la violence ? Les images qu'il imprime au fur et à mesure qu'il grandit sont toutes plus terribles les unes que les autres. Et la dernière n'efface pas la première, elles s'empilent, elles l'envahissent, il se construit à partir d'elles. « Seul dans la nuit, Alam repousse avec une énergie de condamné le basculement d'échafaud du sommeil. Mais les images resurgissent en vrac, flambantes, déchirées. »
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C'est le récit poignant d'un petit garçon afghan, Alam, pris dans la guerre dans son pays, pris entre les Talibans et les trafiquants de drogue.
Il va réussir à sortir de son pays et à connaître la vie des réfugiés au Camir; dans un centre d'accueil qui rassemble des jeunes enfants venus de diverses zones de guerre: Rwanda, Afghanistan.
Ensuite ce sera la fuite et il va connaître la vie des exilés et des clandestins dans la banlieue de Paris et partager le quotidien des drogués et des trafiquants de toutes sortes.
C'est un récit dur, qui nous plonge dans un Afghanistan chaotique, qui nous montre les difficultés de la vie quotidienne, le défi que représente le seul fait de survivre, la condition inhumaine réservée aux femmes par les Talibans.
C'est un récit à valeur de témoignage et qui se lit d'une traite.
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Livre assez bouleversant qui se passe en alternance en Afghanistan en guerre et dans des camps de réfugiés à Paris .
C'est l'histoire d' Alam qui voit son enfance bouleversée par la guerre , par l'obscurantisme , il ne peut aller à l'école publique qu'en se cachant car il vaut mieux aller dans une école coranique , il habite un pays où on ne tolère aucun écart , les filles qui transgressent les règles sont punies de façon atroce. On assiste impuissant à la fabrication d'un enfant soldat .
L'écriture est très belle , elle m'a d'ailleurs parfois un peu dérangée , il y a comme un décalage avec cette écriture poétique et les thèmes de guerre , d'enfance brisée .
La fin aussi m'a un peu déçue car il n'y a aucune note d'espoir mais ceci est mon avis personnel , c'est quand même un beau livre qui mérite d'être lu .
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Au Camir, les gosses perdus viennent de partout. Caucase, Rwanda, Afghanistan, Balkans ... leur origine dit tout des atrocités contemporaines. Ces "mineurs isolés en situation irrégulière", selon la nomenclature officielle, forment un groupe bien particulier au sein des réfugiés de tous bords, avec leur fragilité pas tout à fait indemne, leur innocence mais aussi leur étonnante maturité et leur lucidité.

Ces enfants ont tous connu la guerre, la violence, et la peur. "La guerre se rappelait à chacun dans un clignement d'oeil vers le ciel. Mais on s'abandonnait sans tarder aux lois secrètes de la cohue, tête basse, dans la grande clameur des destins mêlés".

Diwani la Rwandaise, est une survivante du génocide ; Yuko règne en petit caïd sur la troupe des enfants. Un garçon sans nom, qui se fait appeler de celui de son frère, Alam, se détache ; il est seul, communique peu, ne joue pas, et souffre d'une forme particulièrement aiguë du syndrome post-traumatique après l'attaque de son village afghan à la mitraillette.

"Il a l'air de compter ses pas, comme pour situer un trésor enfoui. Tout le monde au Centre s'inquiète de lui, de ses yeux fixes, du silence qui l'entoure. A onze ou douze ans, il ne s'amuse de rien, ses lèvres remuent des cailloux de syllabes, ses deux mains semblent crispées sur une pierre très lourde qui lui brise les côtes".

L'opium donne le dénominateur commun de cette histoire, depuis les champs de pavot afghans jusqu'à la guerre des gangs dans la banlieue est de Paris, en passant par les routes clandestines de la drogue.

Ce qui est commun à toutes ces trajectoires, c'est l'horreur insigne de la guerre et la prison de l'exil. "Sans argent ni papier, on parvient à peu près à survivre. Mais la pluie glacée et les regards tombent sur vous de manière inexorable". Entre squats et centres d'accueil, le destin d'Alam prend dès lors une portée universelle, dans ce roman très documenté et pourtant poétique, presque une parabole, pleine de grâce. Hubert Haddad nous propose ici le portrait sensible et émouvant d'une génération d'exilés.
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« L'amour ne pleure jamais comme pleure le sang ». C'est sur cette certitude que se base le roman d'Hubert Haddad, un récit tout à la fois tragique, réaliste et percutant.

En Afghanistan, au coeur d'un pays déchiré, un jeune garçon, 12 ans, est découvert inconscient après une salve de tirs. Dès lors, nous suivons une obsédante descente aux enfers. Celui qui se nomme Alam a tout perdu pendant la guerre, jusqu'à ce prénom qu'il a emprunté à son frère, qui lui, n'a pas survécu à la barbarie dont est capable l'homme. Alam entame une fuite vers un monde qui le déleste peu à peu de son enfance. Se sentant traqué comme une bête, n'ayant de place désormais nulle part puisqu'il n'a plus de famille, il termine sa route en banlieue parisienne auprès des drogués et des petites frappes. C'est ainsi qu'au contact trop précoce de la guerre et des adultes sans scrupules, l'enfant perd son enfance et son innocence. de ce fait, Alam devient une arme terrible parce qu'il est perdu.

C'est un roman qu'on lit d'un trait, qui prend à la gorge et qui bouleverse, 
soutenu par une écriture magnifique, à la fois très poétique et violente dans 
la précision des atrocités commises. Hubert Haddad ne nous épargne rien et dresse un catalogue de toutes les horreurs engendrées par le fanatisme.

Magnifique et terrifiant, Opium Poppy nous fait réfléchir sur le sort des enfants dans la guerre, l'accueil ou plutôt le non accueil qui leur est réservé en Europe, réfléchir sur notre monde cruel et injuste. Un roman qui sonne juste.
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Sur les traces d'un enfant dont la vie a été dévastée par la guerre en Afghanistan, l'auteur nous entraîne dans son errance sur cette terre. Venu en France, il cherche sa place dans le monde des adultes. Un monde fait de violence, de règlements de compte.
On suit au grès des chapitres le moments importants de la vie d'Alam, jeune héros d'un récit abrupte. L'auteur nous amène d'un pays (Afghanistan, France) et d'une époque à l'autre, nous donnant les clés pour tenter de comprendre la détresse de cet enfant.
Un récit fort et sombre. Mais sans doute pas si éloigné de ce que la vie peut être réellement pour beaucoup des réfugiés venus d'Asie Centrale... Un très beau texte !
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« Les gosses, on les engage, ou on les abandonne. »
« Jeune ou vieux, quand on vit dans la rue, l'essentiel est de montrer bonne figure. »
« Il n'existe pas d'instance pour la mémoire piétinée. »

Ma première rencontre avec l'auteur m'avait un peu déçue. Son dernier roman , m'a en revanche permis d'apprécier une écriture de qualité, et une histoire émouvante.
Comment de Kaboul, aux faubourgs de Paris, la vie d'un enfant va basculer ?
Hubert Haddad, va nous faire partager le quotidien d'Alam l'évanoui, qui dit son sobriquet à un épisode bien précis de son enfance, et qui porte le même prénom ue son frère. Alam, Afghan ; enfant abandonné à lui-même dans un pays qui a sacrifié sa jeune génération au nom de l'obscurantisme, la violence.
Hubert Haddad a évité l'écueil de l'immobilisme, en alternant sa narration. L'Afghanistan, où les enfants sont livrés à eux-mêmes, s'adonne aux trafics, et sont souvent la cible des groupes armés ; un camp de réfugiés, non loin de Paris, où ils sont devenus d'autres cibles, sont les otages d'autres gens pas plus recommandables.
Fuir la misère, le chaos, l'absence de d'avenir, pour se retrouver dans d'autres misères, sans plus d'avenir devant soi. Tel est le destin d' Alam.
Ce texte est touchant, et par des mots et images parfois durs ne cachent rien de cette réalité, tant là-bas, qu'ici ; mais l'auteur le fait malgré tout avec une certaine retenue.



Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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[...]Pour en revenir au roman, il est tout à fait superbe, il n'y a pas de doute, si toutefois l'itinéraire d'un enfant-soldat peut être qualifié de superbe. Mais j'ai été trop mal à l'aise, trop mise en face de mes propres contradictions pour en apprécier tout à fait la lecture[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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Le dernier roman d'Hubert Haddad nous raconte le parcours d'Alam (ce n'est pas son nom, le lecteur ne le connaitra pas), enfant afghan balloté par L Histoire chaotique de son pays ; il en subira tous les maux : des sèches montagnes du sud de l'Afghanistan désertées par sa famille à l'enrôlement dans les factions rebelles dans lesquelles les frères s'entretuent, de l'exil clandestin à l'arrivée dans la faune des réfugiés sans papiers à Paris.
Ce roman poignant nous embarque avec force et justesse dans la spirale infernale qui conduit ce jeune garçon en devenir à se bruler au feu des guerres, des trafics, de la clandestinité jusqu'à en perdre son identité.
Le texte est bouleversant ; la remarquable qualité de l'écrivain permet au lecteur de se familiariser avec ce jeune homme confronté à l'horreur sans rien céder à la facilité. La force des mots, toujours parfaitement choisis et assemblés, raisonne comme des brèves de l'AFP : Kandahar, les pachtouns, Kaboul… et Alam qui incarne subitement cette partie du monde à la fois familière mais résolument tenue à distance.
Comme dans ses précédents titres, Hubert Haddad nous offre pour cette rentrée littéraire une véritable oeuvre littéraire, qui, s'il était encore nécessaire de la faire, prouve à quel point la littérature donne du sens au flot médiatique qui nous assaille et enrichit le monde qui nous entoure. Une lecture forte, coup de poing.
Il m'en reste une question : combien de vies un chat doit il mourir avant que son coeur ne cesse de battre ?
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