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Dans Opium Poppy, Hubert Haddad relate le terrible destin d'un enfant afghan de douze ans qui a été arrêté sur un quai de gare, à la descente d'un train et conduit au Camir, Centre d'accueil des mineurs isolés et réfugiés.
Avant de se retrouver dans ce centre de rétention à Paris, celui à qui ils ont donné le nom d'Alam, était un petit garçon paysan né dans le désastre informe des guerres, dont on va découvrir la terrible histoire au fil du récit, dans ce pays en proie à la folie des hommes et à l'obscurantisme.
On le découvre sous le sobriquet de « l'évanoui », sobriquet qui lui a été donné parce qu'il a perdu connaissance lors de sa circoncision. Suprême déshonneur. Pouvait-il exister une plus grande violence pour lui ? Hélas, alors que le convoi formé par les trafiquants d'opium venaient récupérer la récolte annuelle au village, une attaque des insurgés exigeant leur part de la tractation, détruit des masures du village et son père victime d'un accident cérébral, devient invalide.
La famille se voit contrainte de partir se réfugier dans une ville proche de Kaboul…
Comme on aimerait prendre ce gosse dans ses bras et lui donner toute l'affection dont il manque cruellement !
Opium Poppy révèle le terrible destin et l'impitoyable destruction de cet enfant abandonné à lui-même, pris entre la guerre et le trafic d'opium, entre son désir d'apprendre et les intimidations de toute sorte, entre son admiration pour son frère véritable tête brûlée et l'admiration qu'il porte à une trop belle voisine, dont l'issue tragique laisse sans voix.
L'auteur alterne avec habileté le présent, c'est-à-dire l'errance de Alam dans la banlieue parisienne, une errance d'enfant réfugié sans papier dans le froid et toujours la drogue, avec le passé dans son pays en guerre.
Bien qu'écrit en 2011, c'est un roman, hélas, toujours d'actualité qui traite avec talent et concision et sans aucune concession, de thèmes qui prennent de plus en plus de place dans notre monde contemporain, à savoir, la guerre, l'immigration, le trafic de drogues, l'insensibilisation des êtres et la déshumanisation.
On ne peut être qu'être effaré et pétrifié en découvrant ces enfances saccagées, ces enfances volées, ces enfances broyées issues de la tragédie de la guerre, de même qu'on est suffoqué en lisant le sort réservé aux femmes et notamment à celles qui tentent de braver le sort et cherchent à s'instruire.
Hubert Haddad s'attache à décrypter le processus qui conduit inexorablement ces enfants à perdre toute trace d'émotion et de sentiment, et à devenir prêts aux pires excès. Un engrenage qui semble sans possible retour en arrière.
J'ai été dès le début prise aux tripes par ce récit très dépaysant, absolument bouleversant et terrifiant sur ces enfances sacrifiées qui n'ont par conséquent aucun futur, aucun avenir.
Opium Poppy de Hubert Haddad est un roman plein de réalisme, qui interpelle, qui révolte, qui reflète la folie des hommes et qui laisse désemparé…
Ayant déjà lu Un monstre et un chaos de Hubert Haddad, me voilà à nouveau conquise par la plume acérée de cet auteur.

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Révolté ! Devant tant d'injustice, devant l'enfance massacrée, brimée, niée, écrasée sous le poids des guerres, de la violence et de la tyrannie.
Les beaux yeux d'antilope du jeune Alam, le petit héros afghan d'«Opium Poppy » ne reflètent rien d'autre que cette horreur née des corps déchiquetés, des jeunes filles vitriolées, des explosions, de la peur panique de mourir, des lueurs orangées des bombes éclatant sous le ciel bistre d'Afghanistan et des crépitements des mitraillettes.

Affligé ! Quel espoir forger pour ces enfants nés du chaos ? Alam l'afghan, Diwani la Tutsie, Yuko le Kosavar ou sa soeur Poppy la junkie, et « ceux du Mali, du Togo, ceux du Pakistan, les Kurdes d'Anatolie, les réfugiés blêmes du Caucase », « ils ont tous éprouvé le désastre de vivre ». Dans le centre d'accueil parisien où ils sont hébergés, entre les cours d'alphabétisation et la sollicitude des éducateurs, peut-être pourrait-on croire qu'existe enfin pour cette poignée d'enfants, une rémission dans l'horreur, une forme de miséricorde offrant l'amnistie à leurs jeunes coeurs si maintes fois brisés ?
Mais ils ne possèdent qu'une vague existence, pour le reste du monde ils sont déjà morts, leurs yeux ont vu tellement d'atrocités, leurs corps tellement subis de violence, leurs âmes tellement acculées au Mal régnant sur la terre, qu'ils ne survivent que grâce à la violence qui couve en eux, reproduisant les geste de brutalité, d'attaque, d'assaut guerrier, qu'ils n'ont cessé d'apprendre tout au long de leurs courtes vies. La nuit est en eux.

Choqué ! Devant la violence que ces enfants subissent au quotidien! Hormis quelques rares fulgurances de bonheur brut - la contemplation des fines chevilles et des cheveux aux reflets bleus de la belle « créature de lumière» Malalaï, la conduite des « chèvres et des brebis sur l'herbette des pentes » - Alam l'Evanoui, n'a connu que la barbarie depuis son plus jeune âge. Né dans une bourgade pauvre des montagnes afghanes, il a vu les siens persécutés par les clans ennemis se disputant sans pitié le pouvoir : le gouvernement et les forces alliées, les caïds et les trafiquants de pavot, les intégristes, tous revendiquant leur suprématie à coup de kalachnikov, de pistolets-mitrailleurs, de bazookas et de grenades.
Pour survivre il lui faut être enrôlé dans un camp de terroristes extrémistes ; Alam devient alors l'enfant-soldat qui n'a peur de rien, obéissant aux ordres avec le détachement et l'indifférence de l'enfance qui en trop vue.
Grièvement blessé, il est récupéré par un organisme médical international et transféré dans un camp de réfugiés duquel il s'enfuit. Au prix d'un long périple mouvementé, de Kaboul à l'Iran, de la Turquie à la Bulgarie et à l'Italie, il arrive à gagner Paris, mais le rêve occidental peut-il être à la portée du petit taliban, ou à celui d'aucun autre enfant clandestin ?
Alam s'enfuit encore, Alam s'enfuit toujours, parcourant les rues grises et anonymes du pays des droits de l'homme. « Privé d'identité autant que de ressources, il rejoint la foule perdue » des réfugiés et atterrit dans un no man's land tenu par des dealers serbo-croates pour lesquels il redevient l'enfant-soldat qu'il n'a finalement jamais cessé d'être…

Bouleversé ! de découvrir cette « foule privée d'horizons » à la périphérie des villes, ces enfants des rues gravitant à des millions d'années lumière de notre confort bourgeois, de nos prérogatives, et si proches pourtant… indigents, clandestins, survivants de l'horreur, que l'on côtoie avec indifférence, que l'on ne veut pas voir, qu'on se refuse de voir par peur, par facilité, pour conserver cette tranquillité d'esprit qui nous tient tant à coeur.

Ebranlé ! Par la langue lyrique, poignante et imagée d'Hubert Haddad, par sa puissance narrative d'une énergie et d'une intensité qui remuent les coeurs, par ses envolées verbales pleines de transport et de ferveur et par ses phrases éminemment poétiques et lumineuses qui ouvrent l'horizon sur un ciel calciné.
Très contemporain et à la fois intemporel, un texte dur, beau, déstabilisant, dont la syntaxe métaphorique et virtuose pourrait presque éclipser la gravité du sujet, si celui-ci, universel et marqué de tragédie humaine, ne se suffisait à lui-même.
En un va-et-vient entre passé et présent, c'est toute la route de l'exil et de la souffrance qui s'affiche, et l'enfance grillée comme « les fleurs de pavots exposées au vent qui souffle depuis les plaines d'Iran. »
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Comment parler d'un livre aussi poignant et quel livre ! Un véritable coup de poing auquel j'étais loin de m'attendre !

"Un air de folie creuse son visage. Alam songe aux déments des hauts plateaux, les rescapés des tueries, ceux qui assistèrent à l'incendie de leur maison, au viol de leurs filles, à la décollation des pères ou des fils à la hache."

A dire vrai les trois premiers chapitres ont eu bien du mal à attirer toute mon attention. Mais une fois le fil de l'histoire en main, quel bonheur ou plutôt quelle souffrance ! Je ne sais pas qui a le plus souffert en moi : la femme ou la mère que je suis ? ! En refermant ce livre, je suis restée dans un chaos profond. Une écriture violente, bouleversante. Une histoire tragique qui me laisse avec cette interrogation :

Dieu existe-t-il vraiment ?

Puis j'ai pensé à une citation que j'affectionne particulièrement recueillie dans « le choix de Sophie »

"La déclaration la plus pertinente faite jusqu'à ce jour sur Auschwitz n'était pas une déclaration, mais une réponse :
La question : "A Auschwitz, dis-moi, où était Dieu? "
La réponse : "Où était l'homme ? "

Mais alors, qui sont les hommes ? Si quelqu'un connait la réponse ! Je réalise aujourd'hui combien nous sommes ignorants du monde qui nous entoure. Étriqués dans notre petit confort, qui sommes nous réellement pour juger autrui sans connaitre, sans savoir ? La parole de Mahomet est-elle plus sainte que celle de Jésus ? Allah est-il le plus grand, l'Omniscient, sur cette terre ici-bas et dans l'au-delà ?

Dieu est en nous, comme le bien et le mal. Nous disposons des mêmes choix à la naissance mais pas des mêmes chances, c'est une évidence ! Ce livre n'excuse en rien toute cette violence mais il fait comprendre combien l'homme est manipulateur et combien il peut être manipulé.

« Pourquoi lui-même avait-il le pouvoir de sacrifier ou d'épargner des êtres constitués de plusieurs dizaines d'années d'existence sur cette terre et riches d'une foule souvenirs, de secrets, d'aspirations? On l'encourageait à jeter des bombes sur des visages et à se récrier de joie pour des motifs de sainteté ou d'honneur. »

Ce roman nous emmène tour à tour à Paris, dans les montagnes du Pakistan et sur les hauts plateaux du Kandahar en Afghanistan. Là-bas, les mots sont remplacés par des bombes. Les seuls rêves accessibles, sont les mirages produits par La Blanche qui se diffuse dans les veines meurtries. En guise de jouets, les garçons brandissent des kalachnikovs. Les paysans sont déchiquetés et brûlés. Les femmes sous leurs burqas sont vitriolées. Les jeunes enfants pleurent à l'ombre des cadavres. La seule source de chaleur dans ces existences vient des bombes qui explosent.

Alam, onze ans, grandit sur cette terre de désolation. Il est tiraillé entre la sagesse et la fascination que lui inspire son grand frère, contraint par la misère à rejoindre le djihad ou à finir en martyre.

« Qu'est ce que vous croyez ? Que je vais vivre comme vous dans la mendicité ? Vous osez me juger ? Dieu me guide vers la victoire ! »

Tout commence en France dans un centre de réfugiés pour enfants de toutes origines. L'auteur nous embarque dans la course effrénée d'Alam entre présent et passé. de Paris, terre promise mais aussi de désillusions, au Kandahar, terre aride uniquement baignée par le sang, nous suivons Alam parmi les rebelles, les insurgés, la vermine, la mort, le souvenir de la belle Malalaï et l'espoir qui s'étiole…

L'auteur m'a parfois un peu perdu mais uniquement par mon ignorance du monde arabe. Alam est toujours parvenu à me reprendre la main pour le suivre sur le chemin de sa vie et me faire comprendre ses sacrifices, sa croix et ses choix ! Mais est ce vraiment un choix ? N'est ce pas plutôt la fatalité ?

Dieu seul le sait…

Opium Poppy, un voyage à la fois fascinant par les paysages, les traditions, les cultures et bouleversant par la dure réalité des faits.

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Alam c'est le nom qu'on lui a attribué en France, au centre d'accueil des mineurs isolés et réfugiés. Alam, c'était le nom de son frère, là-bas dans les montagnes d'Afghanistan, lui on l'appelait l'Evanoui parce qu'il s'était évanoui honteusement le jour de sa circoncision. Au fil des pages on découvre l'histoire de cet enfant soldat fils de paysan embrigadé chez les Talibans qui fini par échapper à l'horreur pour se retrouver en France à la solde d'un gang comme si la fatalité d'enfant soldat était inévitable. le destin de cet enfant est assez effroyable, la plume acérée de l'auteur nous décrit l'impitoyable destruction de l'enfance dans un pays ou le peuple n'en fini pas d'être martyr. Ce roman est un déchirant cri du coeur pour cette enfance volée « absente au monde » qui ne fait que obéir aux ordres. La prose distillée par l'auteur permet de conférer un sens plus aigu au texte, en donnant notamment une véritable mesure de ce qu'est la peur, le mépris, la cruauté, on en ressort forcément troubler.
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« L'amour ne pleure jamais comme pleure le sang ». C'est sur cette certitude que se base le roman d'Hubert Haddad, un récit tout à la fois tragique, réaliste et percutant.

En Afghanistan, au coeur d'un pays déchiré, un jeune garçon, 12 ans, est découvert inconscient après une salve de tirs. Dès lors, nous suivons une obsédante descente aux enfers. Celui qui se nomme Alam a tout perdu pendant la guerre, jusqu'à ce prénom qu'il a emprunté à son frère, qui lui, n'a pas survécu à la barbarie dont est capable l'homme. Alam entame une fuite vers un monde qui le déleste peu à peu de son enfance. Se sentant traqué comme une bête, n'ayant de place désormais nulle part puisqu'il n'a plus de famille, il termine sa route en banlieue parisienne auprès des drogués et des petites frappes. C'est ainsi qu'au contact trop précoce de la guerre et des adultes sans scrupules, l'enfant perd son enfance et son innocence. de ce fait, Alam devient une arme terrible parce qu'il est perdu.

C'est un roman qu'on lit d'un trait, qui prend à la gorge et qui bouleverse, 
soutenu par une écriture magnifique, à la fois très poétique et violente dans 
la précision des atrocités commises. Hubert Haddad ne nous épargne rien et dresse un catalogue de toutes les horreurs engendrées par le fanatisme.

Magnifique et terrifiant, Opium Poppy nous fait réfléchir sur le sort des enfants dans la guerre, l'accueil ou plutôt le non accueil qui leur est réservé en Europe, réfléchir sur notre monde cruel et injuste. Un roman qui sonne juste.
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Le prénom de l'enfant soldat, tout le monde l'a oublié dans son village d'Afghanistan, pour tous, Alan est devenu « l'évanoui », car à sa grande honte, la peur et la douleur l'on fait tomber dans les pommes le jour de sa circoncision.
Dans ce pays martyrisé par les guerres et la folie des hommes, il faut survivre, pourtant, il aimerait étudier et rêve d'un avenir meilleur.
Lorsque les talibans détruisent son village, Alan suivra sa famille dans les rues de Kaboul.
Après la disparition des siens, il cumule les petits boulots harassants, dangereux et peu rémunérateurs.
Et si son salut était auprès des rebelles, dans les montagnes ? là où seules les armes ont la parole, auprès de ces hommes prêts à tout pour assouvir leur idéal, même à transformer un enfant en bête féroce, sans émotion, ni peur, ni sentiment.
Après bien des drames, l'enfant sera pris en charge par le Croissant Rouge avant de se retrouver sur les trottoirs de Paris. Ne lui avait-on pas toujours dit que la France était le pays des droits de l'homme ?
Hubert Haddad nous donne à lire un texte magnifique et bouleversant sur la vie de ses enfants soldats à qui on a volé leur bien le plus précieux : leur enfance.
J'ai profondément aimé ce petit garçon, je l'ai suivi dans ses errances, ses interrogations, ses blessures, ses espoirs.
Le plus terrible c'est que des histoires semblables puissent exister et devenir banales au point de passer presque inaperçu dans un monde cruel.


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Alam ou L'evanoui n'a que 12 ans mais porte déjà en lui toute la violence et la souffrance de monde. En alternant les chapitres entre son enfance en Afghanistan et son présent de réfugié clandestin à Paris, Hubert Haddad nous dépeint la destruction massive de l'humanité à travers le destin de cet enfant. Il n'y a aucune place pour la lumière,l'amour, la tendresse et l'espoir. Alam l'a pourtant entrevue sous les traits d'une jeune fille, Malalai, mais ce bref rayon de soleil semble n'avoir existé que pour mieux souffrir de sa disparition ! L'existence 'Alam se résume par la juxtaposition de mots: guerre, violence, charia, drogue, kalachnikov, obéissance,mort. S'il dénonce par ce roman l'horreur de la guerre et de l'embrigadement des enfants dans cet enfer, l'écriture de H.Haddad reste froide. Pourtant très belle, elle me donne l'impression de tenir le lecteur à distance des émotions. Cela m'a donné le sentiment d'assister malgré moi au massacre d'un innocent ,au vol de son âme. Quelque chose de presque malsain surtout lors de scènes particulièrement violentes où je me sentais happée par l'horreur . Ce n'est pas un roman que je recommande en cette période déjà bien morbide.
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Dès le titre: poppy, fleur de pavot, couleurs du sud et du sang, opium, délivrance factice et fumée dévastatrice qui monte au ciel, l'inspiration poétique est beaucoup présente dans ce beau roman émouvant.
Il raconte l'histoire d'Alam, enfant afghan né dans la guerre et le dénuement, sans autre repère que la violence et un frère taliban admiré. Là-bas, entre murs secs et claquements d'armes, les femmes maudites et convoitées sous les voiles sont aussi troublantes que le lustre des Kalachnikof. La jalousie née d'une passion pour une beauté voilée noue le drame entre Alam L'Évanoui et Alam le Borgne, le frère voué aux fusils. L'Évanoui parce qu'à la honte de son père, il a perdu connaissance lors de sa circoncision. Un enfant qui s'est comporté en fille et voudra prouver toute sa vie qu'il est un combattant sans peur. Et puis ce père qui "sculpé dans la foi, était sa propre statue": mots magnifiques.

La drogue détermine autant la vie des paysans afghans que beaucoup de jeunes réfugiés en France venus d'Asie, d'Afrique et des pays de l'Est. La narco-économie et le narcotrafic plombent l'Afghanistan: Haddad les maintient au coeur de la course vers l'espoir impossible du petit garçon dont le destin se jouera dans les périphéries mal famées du nord-est parisien.

Dissemblances farouches entre rochers brûlants et tours froides sous les brumes des soleils gris du nord. Seule chaleur, Poppy la toxicomane son amie: "son visage semble tombé d'une statue d'église" et on frissonne. Seul dans les rues tandis que "la pluie et les regards tombent sur vous de manière inexorable."
Le regard posé par Alam sur les femmes occidentales mesure l'écart des cultures: "Cette huile sur les visages nus, ces parfums de fleurs inconnues: tout ce qui émane des femmes de ce pays lui paraît vaguement ensorcelé. Elles l'effraient et l'attirent en géantes sans entrailles." Et les mannequins des vitrines des magasins de Kaboul "sont des mortes d'un autre monde" alors que sa mémoire lui rappelle les femmes de chez lui "comme un nid de chenilles ou de frelons dans la maison,... Un atelier d'araignées tranquilles."

Ce roman constitue ma meilleure lecture romanesque de début d'année. L'écriture est soignée, trop peut-être au détriment de la fluidité, et la narration en flashbacks ne lasse jamais, toujours soutenue par des images poétiques colorées et hardies. Un ouvrage d'auteur documenté, exercé, dont je ne connaissais que ses magasins d'écriture, et dont l'oeuvre vaste et surtout diverse témoigne de son engagement d'artiste.

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Opium Poppy est ma première incursion dans l'univers de Hubert Haddad et je pense que je n'ai pas choisi la facilité avec ce roman qui se passe en Afghanistan puis à Paris ...

Une famille afghane , dont le plus jeune fils , héros du roman , vit dans une région reculée d'Afghanistan cultivant un champ d'opium .
Elle n'est que le maillon le plus bas de la chaine du trafic d'opium , les bénéfices qu'elle en retire sont maigres mais les dangers sont immenses.

Le plus âgé des fils,un adolescent, Alam le Borgne , rêve d'installer un laboratoire clandestin mais part combattre.
Le plus jeune , 12 ans est surnommé l'évanoui mais prendra par la suite le prénom de son frère.

Entre les combats des différents clans , les insurgés, et les américains en appui aérien, le village est anéanti et ce qui reste de la famille se retrouve chassé et se réfugie dans une ville à proximité.
Le jeune garçon va subsister alors par ses propres moyens .
Les afghans pauvres livrés à eux-même, sont exploités par les trafiquants, égorgés , mitraillés , brulés par les insurgés, embrigadés , rejetés etc ... Rien ne leur est épargné .

L'évanoui, blessé lors d'un combat devient par son acquiescement silencieux Alam .
Lorsqu'il parvient en France via une filière de passeurs, sa galère est loin d'être finie et il connait à nouveau le rejet, l'exploitation et l'embrigadement .

Dur, dur . J'ai persisté car le roman n'est pas épais mais que de drames pour ce peuple afghan qui malheureusement subit encore l'oppression de ses nouveaux chefs .

J'espère que le roman de Hubert Haddad , le peintre d'éventail que j'ai commandé sera moins déprimant ...
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C'est le récit poignant d'un petit garçon afghan, Alam, pris dans la guerre dans son pays, pris entre les Talibans et les trafiquants de drogue.
Il va réussir à sortir de son pays et à connaître la vie des réfugiés au Camir; dans un centre d'accueil qui rassemble des jeunes enfants venus de diverses zones de guerre: Rwanda, Afghanistan.
Ensuite ce sera la fuite et il va connaître la vie des exilés et des clandestins dans la banlieue de Paris et partager le quotidien des drogués et des trafiquants de toutes sortes.
C'est un récit dur, qui nous plonge dans un Afghanistan chaotique, qui nous montre les difficultés de la vie quotidienne, le défi que représente le seul fait de survivre, la condition inhumaine réservée aux femmes par les Talibans.
C'est un récit à valeur de témoignage et qui se lit d'une traite.
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