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Citations sur Bleu Bacon (25)

Le monde de la mort de Dieu n’était-il pas précisément celui que Bacon peignait ? C’est en tout cas ce qui me sautait aux yeux : sa peinture relève d’une immense scène de crime dont la victime est introuvable. L’horizon y est effacé à l’éponge. La terre : détachée de la chaîne de son soleil. On y tombe sans cesse, en avant, en arrière, de tous les côtés. Il n’y a plus d’en-haut ni d’en-bas. Et nous errons comme à travers un néant infini.
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Qu’est-ce qui fait qu’on aime tel tableau plus qu’un autre ? Parfois un détail. J’ai adoré cette nuit-là, comme on adore une déesse, l’ampoule jaune et blanche qui pend au-dessus d’un couple faisant l’amour dans le Triptyque de 1970, et plus encore que l’ampoule, son ombre vert pomme – sa qualité cardiaque. Le cœur qui explose dans les étreintes est secrètement vert.
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  Et vous, qu’est-ce qui vous fait du bien ? Qu’est-ce qui comble votre soif et nourrit votre désir ? J’attends tout de la peinture, comme j’attends tout de la littérature et de l’amour. Je veux qu’elle me comble – qu’elle me vide et me remplisse, qu’elle réponde aux abîmes qui s’ouvrent en moi.
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Parfois il me semble que le monde est mort, et que seule la peinture le remet en vie. Les portes qu’on ouvre dans la nuit donnent sur d’autres portes, qui nous entraînent dans un vertige de métamorphoses. Jusqu’où ? La profondeur de la nuit est sans limites. Et cette nuit que rien ne freine, je l’avais justement devant moi : il était à peine 1 heure du matin et j’allais me consacrer maintenant à chaque tableau. J’irais me placer devant chacun d’eux afin de me rendre disponible à cet assaut immobile que Bacon renferme dans ses cages (les sensations sont des fauves impatients de bondir). Je ne me protégerais pas, et mes yeux s’ouvriraient tout autant au flot ensanglanté qui jaillit de sa peinture qu’à sa débauche de fraîcheur, à l’exubérance maladive du crime, à la délicatesse de ses tonalités.
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En écrivant ces phrases, j’y pense avec étonnement : Bacon me fait du bien. Cela peut sembler étrange vu le déchaînement qui habite sa peinture, mais en rejetant la consolation décorative de l’abstraction, en ne cachant rien de la violence extrême qui affecte nos existences, en s’exposant à notre place dans ce bûcher où se dénudent non seulement notre corps meurtri mais aussi notre âme en feu, Bacon nous représente. Ainsi sommes-nous gratifiés : nous reconnaissons ces affres dans lesquelles la matière de nos vies est prisonnière mais, en leur donnant forme d’art, Bacon les change en expériences vivables. Sur un certain plan d’acuité brûlante, il est insupportable de vivre, mais la peinture qui nous en transmet les instantanés n’y succombe pas : elle nous enrichit. Il y a ça dans Rimbaud : « Ma richesse, je la voudrais tachée de sang partout. » Plus besoin de le vouloir : le sang gicle désormais partout autour de nous. Bacon est l’un des témoins les plus précis de cette violence, c’est pourquoi sa peinture continue à nous ouvrir des portes plutôt qu’à nous les fermer
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Je pense souvent à cette phrase de Cézanne : « L’eau changée en vin, le monde changé en peinture. » Avec cette fenêtre bleue qui échappe à l’assèchement du monde, Bacon affirme, à sa manière éruptive, un tel miracle, celui de la peinture qui ne cesse de se dresser contre la menace d’un engloutissement du visible. Si le monde n’est pas peint, on n’y verra bientôt plus rien– et peut-être même n’y aura-t-il plus de monde. C’est pourquoi j’aime la ténacité des peintres, leur engagement physique, leur obsession de peindre tout le temps.
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Et cette voix lugubre, ces litanies d’imprécations qui passaient en boucle depuis que j’étais entré dans l’expo, c’était lui, bien sûr, c’était Bacon : sa peinture s’adressait à moi directement, elle me visait à la tête.
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Que voit-on quand on regarde de la peinture ? Que se passe-t-il lorsqu’on se tient face à ces rectangles de couleurs où le visible se dépose si passionnément ? À quoi nous ouvrent ces impacts ?
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J'en perçois aussi l'étrange vertu : le bleu est plus fort que le noir; il troue les ténèbres et s'écroule jusqu'à nous. (Page 51)
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Bacon provoque ça chez celui qui le regarde : il lui cisaille les yeux. Cette migraine ne m’était pas tombée dessus par hasard : avant d’entrer dans l’exposition, ma tête était claire, j’allais très bien, on avait même plaisanté dans les couloirs avec le directeur du musée (…)
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