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Ouvrage tres interessant a tous egards!Dommage qu'il ait fallu attendre autant de temps pour pouvoir le lire!Dommage pour l'auteur,il ne saura jamais le succes qu'a rencontre son livre edite!!!Ce livre reprend une analyse claire,precise et objective des evenements qui ont mis Hitler au pouvoir
C'est un temoignage direct,d'un Allemand qui etait jeune homme,pleins d'esperance,qui a vu venir le chaos et qui du subir les repercussions du debut du regne des nazis
A lire absolument
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De tous les ouvrages que j'ai lus jusqu'à présent pour essayer de me figurer les raisons et les mécanismes de l'avènement du régime nazi, de sa prise du pouvoir et de sa constitution en totalitarisme que seule une résistance dérisoire opposa, ce document est le meilleur. Rédigées par un jeune homme issu de la moyenne bourgeoisie instruite et éduquée aux solides valeurs morales des fonctionnaires prussiens, qu'il se préparait à perpétuer par une carrière dans la magistrature, ces mémoires s'étendent de son enfance lors de la déclaration de la Guerre de 14 jusqu'à 1933, avant son exil en Angleterre en 1938.
Deux thèses sont présentées d'emblée : que le nazisme représenta et s'alimenta de la négation de la sphère du privé, de l'individuel, et que l'esprit qui la rendit possible naquit non de la défaite de 1918 mais d'une sorte d'euphorie, à l'oeuvre depuis 1914 déjà, impliquant environ dix classes d'âge dont la sienne, laquelle eu l'opportunité de resurgir sous des formes multiples et diverses au cours des deux décennies suivantes. Des événements aussi variés que la grande inflation de 1923 et le soudain engouement sportif autour des jeux olympiques de 1924 furent à même de vivifier cette étrange et nocive euphorie.
Si la disparition de la majorité qui, le 5 mars 1933, se prononçait encore contre Hitler demeure une énigme, certains mécanismes psychologiques individuels et de masse sont dévoilés, de même que le caractère absolument sans précédent historique de l'antisémitisme nazi (contrairement à ce que l'on soutient de part et d'autre), dans la mesure où il s'agit du premier l'appel régressif à diriger la volonté d'anéantissement à l'intérieur d'une même espèce biologique par la négation de cette unicité [en ce sens le « génocide » arménien n'en serait pas un, pas plus que celui des Américains natifs, après la Controverse de Valladolid].
Ces mécanismes psychologiques de paralysie de toute capacité de résistance sont d'autant mieux expliqués qu'il sont montrés à la fois de la perspective individuelle d'un homme parfaitement ordinaire – peut-être jusqu'au point d'être parfaitement emblématique – ainsi que de celle de ses proches (cf. ses amis d'université et surtout le ch. conclusif sur le « camp d'éducation idéologique »), que de celle macro-sociologique (oscillations dans l'intensité des intimidations, volte-face de la presse, propagande radiophonique, défilés etc.) dont les livres d'Histoire nous ont souvent instruits.
Il demeure une autre énigme concernant les péripéties du manuscrit. S'il fut rédigé sur commande en Angleterre en 1939, en quoi l'éclatement de la guerre empêcha sa publication ? Faut-il penser que là aussi l'heure n'était plus à la réflexion et à la compréhension profonde mais seulement à la propagande ? D'autre part, pourquoi interrompre les mémoires en 1933 et pas à la veille de son exil ? L'Angleterre n'était-elle pas assez sûre ? Et après ? notamment après le retour en Allemagne de l'auteur en 1954 ? Sachant qu'il est devenu un historien connu, pour quelle raison a-t-il gardé secrets ses souvenirs, pourtant prémonitoires à plusieurs égards et si aptes à dissiper de nombreux malentendus (par ex. sur les camps de concentration) ? Pour se soustraire au fameux (et stérile) débat sur la culpabilité allemande ? Pourquoi fallait-il que le livre fût publié posthume et que le doute planât sur sa datation d'avant-guerre, surtout dans un pays dont l'historiographie a été particulièrement encline à favoriser l'étude de ce sujet ?
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Né en 1907 Sebastian Haffner a quitté l'Allemagne en 1938 par rejet du régime nazi. Il s'installe alors en Grande-Bretagne où un éditeur lui commande un livre relatant ce qu'était le nazisme vu de l'intérieur. La guerre éclate et le manuscrit n'est pas publié. Sebastian Haffner est retourné en Allemagne en 1954 et il est mort en 1999. C'est alors que l'Histoire d'un Allemand a été redécouverte et enfin publiée.

Sebastian Haffner présente quels événements dans l'histoire de l'Allemagne peuvent expliquer l'arrivée au pouvoir des nazis. La première guerre mondiale qui a fait passer un frisson d'aventure sur la jeune génération dont il fait partie. Les débuts difficiles de la république de Weimar. L'inflation de 1923 qui a renversé la hiérarchie des valeurs. Il pointe les responsabilités des partis d'opposition au nazisme qui ont capitulé si facilement :

"On avait cru en saint Marx, il n'avait pas secouru ses fidèles. Saint Hitler était manifestement plus puissant. Brisons donc les statues de saint Marx placées sur les autels pour consacrer ceux-ci à saint Hitler. Apprenons à prier : "C'est la faute aux juifs", au lieu de : "C'est la faute au capitalisme." Peut-être est-ce là notre salut."

Enfin l'auteur se décrit lui-même au milieu du changement, jeune homme auquel le régime qui se met en place répugne de plus en plus et qui pourtant laisse passer des occasions de réagir, par peur, par surprise ou par conformisme.

Ce qui m'a frappée dans cette lecture c'est la clairvoyance de l'auteur. Sebastian Haffner écrit en 1939 et il a tout compris, il a pressenti jusqu'où le régime nazi serait capable d'aller. Il décortique aussi les mécanisme qui amènent des individus, petit à petit, à consentir à l'inacceptable. C'est un ouvrage intelligent et qui m'a donné envie d'en apprendre plus sur la république de Weimar que je connais bien mal.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Comment un pays entier a pu se transformer en une horde de soldats barbares et dévaster l'Europe entière ? C'est la question à laquelle tente de répondre cet ouvrage. Ce livre, écrit dès 1939 donc avant la guerre, est le récit de la montée du nazisme tel que l'a vécue Sebastian Haffner, jeune étudiant issu d'une famille bourgeoise.
Les nazis n'ont jamais eu la majorité absolue au parlement allemand, ils ont d'abord gouverné par alliance avec les partis traditionnels. Bien vite ceux-ci se sont tus devant la puissance nazie et l'impunité de leur sbires en chemise brune, les redoutables SA.
L'idéologie nazie utilise quelques idées très populaires, telle l'humiliation de la défaite de 1918 et la nécessité pour l'Allemagne de regagner une indépendance que le traité de Versailles lui a rogné. La République de Weimar a aussi laissé des traces que vont utiliser Hitler et ses affidés. Fini le désordre, terminée également (même si ce n'est pas grâce à eux) la période d'hyper-inflation où un pain coutait un milliard de marks.

Le discours nazi a d'abord généré de l'incrédulité, personne ne le prenait au sérieux. le slogan "Mort aux juifs" n'était au départ que des mots non suivis d'effet, et le répéter pour faire comme tout le monde n'engageait à rien. C'est cette mécanique que nous montre Sabastian Haffner, comment les nazis ont demandé de plus en plus aux Allemands pour leur faire accepter l'inacceptable. Chaque jour une petite compromission de plus, et jamais de retour en arrière. Les opposants sont fichés, puis disparaissent, on parle de camps de concentration sans savoir ce que c'est, mais on ne voit jamais personne en revenir. La peur s'installe, elle fait partie de la vie quotidienne.

Une grande partie de cette évolution se fait dans une bonne humeur de façade. Les nazis adoraient les chants et les défilés, et chacun était tenu de faire le salut nazi sur leur passage sous peine de bastonnade. Les paroles des chansons pouvaient faire peur, mais tout le monde les chantait car ça n'engageait pas beaucoup. Juste une petite compromission de plus ...
L'un des épisodes les plus marquants est le "stage de formation" que fait l'auteur. Tous les futurs magistrats sont assemblés dans un camp pour parfaire leur formation. Pourquoi des juges auraient besoin de marcher au pas et de chanter des chants nazis, on se le demande (et eux aussi), mais il faut en passer par là pour être diplômé, alors pourquoi pas. Au final ils se retrouvent à tirer au fusil, encadrés par des militaires, et bien heureux que ce ne soit plus des SA. A ce point l'auteur réalise la manipulation : il déteste tellement les SA qu'il finit par être CONTENT d'être encadré par l'armée pendant sa formation de juge !

Une des horreurs des systèmes totalitaires est qu'ils forcent tout le monde à participer et à dénoncer les autres. Dans ces conditions comment savoir qui pense comme moi ? La peur tient tout le monde, "Chacun est une Gestapo pour son voisin" comme le dit si bien Haffner.
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Sébastien Haffner nous livre un récit glaçant et autobiographique de la montée du nazisme en Allemagne et plus particulièrement à Berlin entre les deux guerres.

Le lecteur assiste à la montée de l'antisémitisme, l'accession d'Hitler au pouvoir, l'attitude passive des hommes politiques et du peuple allemand…. La normalité s'installe parmi certaines violences, certaines privations, certaines persécutions. le peuple allemand s'est vite retrouvé pris au piège et comme l'écrit l'auteur « C'est l'Allemagne qui fut leur (les Nazis) premier territoire occupé, non l'Autriche ou la Tchécoslovaquie. »
Un roman unique avec parfois des longueurs et un style lourd mais quel témoignage !!!
Je ne peux que recommander également la lecture de @la vague roman auquel je pensais en parallèle de la lecture de ce roman .
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Sebastian Haffner essaie de nous faire comprendre la montée du nazisme de l'intérieur, entre 1913 et 1933. Il écrit ce livre presque "à chaud" en 1938 alors qu'il s'est réfugié à Londres. En revenant sur sa propre jeunesse, il nous montre comment tout un pays, qui était loin d'adhérer dans sa majorité aux idées d'Hitler, s'est laissé conduire petit à petit à l'irréparable, sous l'impulsion de fanatiques déterminés. Ce cheminement est assez terrible mais la plume d'Haffner est brillante et limpide. Elle permet surtout de voir à quels moments L Histoire aurait pu être infléchie et aurait pu tourner différemment. Ce livre est essentiel à lire pour notre époque, dont on dit qu'elle ressemble beaucoup aux années 30 (montée des nationalismes, crise économique, faiblesse des politiques...). Il nous rappelle qu'il appartient à chaque citoyen de résister à son propre niveau, et que parfois, le pire n'est pas certain !
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La question obsède: pourquoi une terre qui a donné naissance à Beethoven et Goethe a-t-elle pu laisser perpétrer le plus grand massacre de tous les temps? le témoignage de Sebastian Haffner, un allemand presque moyen, nous éclaire et le plus simple est de citer les passages qui selon moi, résument le mieux son explication du phénomène nazi.

Page 79: "Rathenau et Hitler sont les deux phénomènes qui ont le plus excité l'imagination des masses allemandes, le premier par son immense culture, le second par son immense vulgarité. (…) le premier venait de cette sphère de quintessence spirituelle où fusionnent les civilisations de trois millénaires et de deux continents, l'autre d'une jungle située bien en dessous du niveau de la littérature la plus obscène, d'une enfer d'où montent les démons engendrés par les remugles mêlés des arrières boutiques, des asiles de nuit, des latrines et des cours de prison. Tous deux étaient, grâce à l'au-delà dont ils émanaient, et indépendamment de leur politique, de véritables thaumaturges.

Page 110: "J'ai déjà mentionné en passant que l'aptitude de mon peuple à la vie privée et au bonheur individuel est plus faible que celle des autres peuples".

Page 136: "la plupart des gens qui acclamèrent Hitler en 1930 au Sportpalast auraient proclament évité de lui demander du feu dans la rue. Mais déjà se montrait un phénomène étrange: la fascination qu'exerce précisément, dans son excès même, la lie la plus écoeurante".

Page 190: "La cruauté elle-même peut avoir une ombre de grandeur quand elle s'affiche avec la grandiloquence d'une détermination suprême, quand ceux qui l'exercent revendiquent fougueusement leurs actes comme ce fut le cas lors de la révolution française et des guerres civiles russes et espagnoles. Les nazis, en revanche, n'ont jamais affiché autre chose que le rictus blême, lâche et craintif du meurtrier niant ses rimes".

Page 202: "On avait cru en Saint-Marx, il n'avait pas secouru ses fidèles. Saint-Hitler était manifestement plus puissant. (…) Apprenons à prier "c'est la faute aux juifs" au lieu de "c'est la faute au capitalisme".

Page 419: "pour commencer par le plus vital de ces centres, la camaraderie annihile le sentiment de responsabilité personnelle, qu'elle soit civique, ou, plus grave encore, religieuse".
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Jeune magistrat stagiaire à Berlin, l'auteur a vécu de près la montée du nazisme avant de s'exiler quelques mois avant le début de la Seconde Guerre Mondiale. Après avoir vécu seize ans en Angleterre, il est rentré en Allemagne en 1954 où il poursuivit sa nouvelle carrière de journaliste et d'historien.

Dans ce récit autobiographique, Sebastian Haffner nous raconter son enfance pendant la Première Guerre Mondiale, son adolescence sous la République de Weimar et ses débuts dans la vie active sous le nouveau régime nazi. Sans concession pour ses compatriotes et pour lui-même, il tente d'expliquer comment l'Allemagne s'est donnée aux nazis.

C'est un témoignage, personnel, éclairé et sans angélisme, sur la naissance du Troisième Reich. J'ai trouvé cela passionnant et différent de toute la littérature déjà vue et lue sur cette période. A lire pour ceux qui s'intéressent à cette époque sombre de l'Histoire.
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Si vous voulez savoir comment un peuple aussi cultivé, civilisé, éduqué que le peuple allemand a pu tomber sans le vouloir, tout en le voulant, dans les griffes des nazis, lisez ce livre.
Vous vivrez de l'intérieur cette terrible épreuve.
Une leçon a retenir pour nous aussi Français.
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Il n'est guère étonnant que l'Histoire d'un Allemand, que Sebastian Haffner a écrite durant son exil anglais et qu'il n'a jamais cherchée à publier par la suite, ait jeté le trouble chez un certain nombre d'historiens qui crièrent à la supercherie, lorsque ce livre fut publié en 2000. Il était absolument impossible à leurs yeux qu'une personne n'appartenant pas à leur si prestigieuse et lucide coterie pût jouir d'une si extraordinaire lucidité sur les événements qui se déroulaient sous ses yeux, alors même que tous les pleutres s'étaient cachés, alors et depuis cette sombre période, derrière le paravent à vrai dire inexistant du nous ne pouvions pas savoir. Sebastian Haffner lui, c'est du moins l'impression troublante et parfois, en effet, difficilement acceptable, que nous éprouvons à lire son texte, savait tout, comme s'il n'était qu'un regard prodigieux, d'une justesse époustouflante et même : miraculeuse, seul capable de se fixer sur l'éclosion des monstres, pour ne rien perdre du spectacle. Selon la préfacière Martina Wachendorff, c'est l'analyse scientifique du manuscrit original qui a «prouvé que le document découvert par les enfants de Sebastian Haffner est effectivement un inédit vieux de soixante ans» (p. 9) et oublié, selon l'image, dans quelque fond de tiroir, où le manuscrit semble avoir concentré ses sucs.
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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