Tout ce que je lui cède, il a su me le donner.
Tout ce que je lui avoue, il me l'a murmuré.
Tout ce que je regrette, il me l'a pardonné.
Tout ce que j'espère, il me l'a offert.
Tout ce que j'endure, il l'a déjà supporté.
Julien connaît la beauté de mon amour.
La noirceur de mon âme.
Le dessin de mes pensées.
Le goût de toutes mes larmes.
Il n'y avait rien de plus redoutable que ça. De chuter pour les yeux d'un homme, de tomber pour son sourire, de basculer pour son étreinte.
J'ai besoin de lui. Je peux me passer de tout le monde, de mes amis, dea famille, de chaque homme et de chaque femme sur cette terre. Mais pas de lui. Je sais que ce n'est pas ce qu'on voudrait entendre. Je sais que je devrais donner la priorité aux miens. Mais Engel est comme une moitié de moi, je ne sais plus fonctionner quand il n'est pas là. Alors oui, je pourrais me passer de tout le monde sauf de lui.
Que ce soit jour ou nuit. Que ce soit écrit sur un papier ou condamné. Que ce soit un chemin qu'on nous interdisait d'emprunter, une maladie ou une ignonomie. Que ce soit sous des regards de haine ou dans le plus grand des secrets. Je continuerai toujours de l'aimer.
On ne se rend pas compte de l'amour que l'on porte aux gens avant de retrouver si près de les perdre.
La mort n'avais jamais libéré personne. Ma mort vous enchaînait tellement violemment qu'il était parfois dur de respirer.
Mais il n'y a eu un seul pour qui j'ai trahi mon pays, ma patrie, jusqu'à mon nom, sans même le regretter un instant. Il n'y a qu'un seul pour qui je pourrais tout donner, jusqu'à mon dernier souffle, jusqu'à ma dernière larme. Qu'un seul que je suivrai jusqu'en enfer, les yeux fermés. Qu'un seul qui m'ait appris à avoir peur... Réellement peur... Parce qu'il est devenu un monde dans lequel me réfugier. Toi, tu es devenu ce monde-là, Julien. Seulement toi.
Je sais une seule chose, belle Frances, fis-je à voix basse pour ne pas être entendu. C'est que les hommes meurent à la guerre. Qu'ils sont tués au nom de leur gouvernement. Qu'ils gagnent ou qu'ils perdent, il y a toujours des sacrifiés. Et je n'y vois aucun honneur.
Le pardon est toujours dur à donner, me dit Engel. Mais quand tu l'offres à un frère, il n'est jamais une faiblesse.
Au cœur de la guerre- de cette nuit- alors que les bombardiers anglais volaient au-dessus de Bordeaux, Engel m'avait retrouvé. Il m'avait retrouvé, moi.