Citations sur Le lait de l'oranger (21)
Depuis ce jour, en rusant la plupart du temps, en le ménageant comme on le fait de tyrans redoutables, je refusai toute pratique de ces rites mineurs et séparai définitivement la superstition de la croyance.
J'agissais comme un homme, mais j'étais jugée comme une femme. Je ressentais bien ma dépendance affective et mon conditionnement culturel. J'avais beau chasser de mon esprit tous les stéréotypes sur l'amour maternel et son cortège de sacrifices, ma mauvaise conscience ma coupait en deux.
Les hommes sont comme les orangers. Il faut choisir ce qui les aide à vivre, ce qui les épanouit.
Ma mère redit, une fois encore, la malédiction d'avoir engendré une fille "garçon manqué", mon père s'en prit aux maléfices des livres. Il ne les connaissait pas. Il craignait leur pouvoir. Je lisais trop, c'était évident, et ce livres faisaient de moi une révoltée.
Vieillir, c'était avancer vers l'échéance, vers le jour où il partirait, où il aurait fait son temps, terminé sa vieillesse puisse j'entamais la mienne.
Cinquante-deux ans de vie totalement commune, même chambre, même lit, mêmes odeurs, mêmes corps, mêmes voix. Avec cette complicité si forte, dans les vieux couples, qu'elle en devient presque morphologique, dans les rides et dans les regards.
Il me semble bien que, dès l'adolescence, mes foucades, mes amours, mes combats, d'une certaine manière, ont coexisté avec lui, mon père. Il était là, tout simplement. Comme un passager clandestin, en moi.
Vieillir, c'était avancer vers l'échéance, vers ce jour où il partirait, où il aurait fait son temps, terminé sa vieillesse puisque j'entamais la mienne.
[Ma robe d'avocate ]
Je trouvais toutes les vertus à ce vêtement hors du commun. Il recouvrait des pieds à la tête les costumes bien taillés et les pulls plus modestes, les décolletés féminins ou les soies tapageuses, mieux il les phagocytait. effacées, disparues, les différences. Egalité partout: les riches, les pauvres, les hommes, les femmes, les gros, les maigres.
[Imaginaire, mai 2021, p.121 ]
Les hommes sont comme les orangers. Il leur faut choisir ce qui les aide à vivre, ce qui les épanouit.
Fillette, je ne savais pas encore.
Je n'aimais pas le lait et je détestais la contrainte. Mais je croyais juste de l'imposer à l'arbre qui m'était si cher.
La vie entre les gens, l'histoire entre les peuples sont faites de ces contradictions. Se font à travers ces contradictions.