Avocate irrespectueuse

Gisèle Halimi est une avocate de renom qui a plaidé pour la cause des torturés en Algérie, pour la libération de la femme via un procès retentissant en rapport avec l'avortement.
Députée, elle assistera Robert Badinter dans la promulgation de la loi d'abolition de la peine de mort.
Dans cet essai/récit, elle relate son parcours de jeune avocate sous l'angle de l'audace dont elle a fait preuve dans ses premières affaires, devant combattre la tentation de faire fusionner ses idéaux personnels avec la défense de ses clients. S'en tenir au Droit, rien qu'au Droit alors même que des injustices criantes sont passées sous silence au sein même des tribunaux, n'a pas été chose aisée pour cette jeune femme qui la première a imposé le mot avocatE dans ce milieu très masculin et sexiste. Sa naïveté mêlée à une grande force de caractère l'a instinctivement emmenée sur des terrains meubles. Ses succès ont démontré très vite son talent.
Cette lecture s'est avérée intéressante même si très ancrée dans un autre temps.
J'ai été gênée par le ton de l'auteure dont on ressent l'arrogante assurance. Néanmoins, ses actes et ses engagements ne démentent pas son mérite.

Voilà l'exemple du livre raté.
Un sujet en or avec un style emmerdant (qui est la réunion du mal de mer et du mal de dents).

Nous connaissons toutes et tous la figure de Gisèle Halimi, ses combats et ses victoires, mais découvrir ses écrits nous fait entrer dans une autre dimension de sa vie. Nous voici de l'intérieur, où la grande Histoire se mêle à la petite.

"Avocate irrespectueuse" nous permet d'aborder avec son autrice les grosses affaires de sa carrière mais aussi - et surtout - les doutes qui l'ont jalonnée. Elle nous partage d'abord la naïveté qui était la sienne au commencement de sa vie professionnelle, enchevêtrée parfois avec le sentiment d'illégitimité d'une une jeune femme dans ce milieu très masculin, la première qui revendiqua la dénomination "avocatE".

Au-delà de sa profession, Gisèle Halimi nous interroge sur la place de la femme, encore, toujours. La femme qui ressent le plus violemment la difficulté de conjuguer vie professionnelle et vie familiale, la femme que l'on sous-estime, invisibilise, met à la marge. Celle dont les luttes et espoirs sont dévalorisés. Celle encore qui comprend que tout le monde peut avoir un avis sur son corps, sa tenue vestimentaire, sa vie de couple. La femme victime colatérale et systématique de la guerre (des hommes).

Elle, n'a pas voulu être cette femme-là, mais malgré son assurance bien assise, on découvre que, comme nous, elle a été parfois en proie à ces dilemnes et à certaines ambiguités.

La construction, très rythmée et au style direct, s'organise en 3 parties: l'irrespectueuse apprentie, l'irrespectueuse respectée? , et l'irrespectueuse sanctionnée. Même lorsque cette avocate hors du commun a l'impression d'avoir marqué des points et des esprits, cela reste au conditionnel.

Un parcours en forme de coup de poing et une introspection très inspirante ❤

          《La phrase à retenir》
"En vérité je n'ai jamais pu me contenter de mon rôle d'avocate. Je sentais en moi l'exigence du témoin engagé."

Lien : https://www.instagram.com/mo..

L'histoire de Gisèle Halimi, c'est aussi l'histoire de la guerre d'Algérie, de l'essor du féminisme, du conservatisme du conseil de l'ordre. D'une femme avocate, avec un -e, qui se distingue par une soif insatiable de connaissances et une obstination à toute épreuve, parfois au péril de sa vie. Elle n'hésite pas à défendre les « terroristes algériens », s'indignant contre la violation des droits de la défense, ou encore une femme ayant avorté, en essayant de renverser une loi injuste. Sa plume, à la fois énergique et fluide, permet sans difficulté de remonter le fil de ses souvenirs, malgré une formidable arrogance.