Lia et Cassie ont toujours été amies, elles ont tout partagé, leurs joies, leurs peines, leurs émois, leurs secrets les plus profonds, tout, jusqu'à ce que leurs routes ne se séparent.
Mais pourtant, Cassie a appelé Lia trente-trois fois avant de mourir. Pas une fois. Trente-trois. Qu'est-ce qu'elle avait à lui dire ? Pourquoi pas avant ? Pourquoi à ce moment précis, celui où la vie quittait son corps ? Il est trop tard pour se poser la question, maintenant, Cassie n'est plus et Lia doit vivre avec son fantôme alors qu'elle-même n'est qu'une ombre qui cherche à disparaître.
Les troubles alimentaires sont un sujet dont on entend régulièrement parler. On les côtoie dans la presse, à la télévision sans toutefois jamais les comprendre vraiment.
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En plongeant dans l'esprit de Lia,
Laurie Halse Anderson met des mots sur ce mal qui ronge de l'intérieur.
Lia vit chez son père et sa belle-mère, elle adore sa petite soeur. Elle pourrait être une jeune fille comme les autres, avec pour seul écueil dans sa vie la séparation de ses parents, mais ce n'est pas le cas. Elle n'est pas comme les autres. Lia a entamé une véritable course à la minceur, toujours plus mince, toujours plus fine. Jusqu'à vouloir s'effacer complètement.
Le récit la suit, nous immerge au coeur de ses pensées, dans sa lutte quotidienne, nous la voyons d'abord tromper son monde pour continuer à perdre du poids alors que tous s'inquiètent, puis chercher à échapper à ses fantômes. C'est le récit d'une lutte constante, bien que Lia ne soit pas consciente de qui est son véritable ennemi.
Le réalisme des mots de «
Vous parler de ça » m'avait déjà saisie à la gorge et j'ai renouvelé l'expérience avec «
Je suis une fille de l'hiver ». Je connais peu d'auteurs capables de captiver autant sur des sujets aussi graves. Déni, esquive, conflit, angoisse, rien ne nous est épargné, et quand la définition de "la fille de l'hiver" a pris tout son sens, j'ai eu la sensation de recevoir un uppercut dans le coeur. Lia m'a prise aux tripes, j'ai eu envie de la secouer, j'ai eu envie de la prendre dans mes bras, j'ai eu envie de lui donner de moi pour compenser sa descente aux enfers, pour soulager la détresse de sa famille. La justesse des mots ne peut qu'émouvoir, la fin ne peut que bouleverser, on ne peut sortir indemne de cette souffrance dans laquelle subsiste malgré tout une lueur d'espoir.
Je fais partie des gens qui pensent la littérature a un sens, un rôle à jouer dans la prise de conscience. C'est indéniablement le cas de ce roman, ne serait-ce que pour corriger le regard que l'on peut porter sur les gens atteints de troubles alimentaires. Rien n'est simple, c'est un mal profond, qui dévore de l'intérieur, et cette société de l'image dans laquelle nous vivons n'y est pas étrangère.
Un roman que tout le monde devrait lire, parce que comprendre est déjà faire une partie du chemin.
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