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Citations sur Auguste le marin (19)

Pretoria et Colombia, dit Auguste. Ils se rencontrent. Ce sont deux fleuves, grands comme des mers, et ils se précipitent furieusement l'un sur l'autre comme pour se battre. Tu entends le grondement à dix milles à la ronde ; et les embruns rejaillissent si haut que, dans la région, le soleil est toujours caché. Maintenant, Teodor, tu vas me demander comment les gens ont du jour là-bas ? En un sens, tu as raison ! Ils n'ont que de la lumière de la lune ; mais c'est un clair de lune d'une autre sorte que la notre, ça ne peut pas se comparer : il est comme le soleil le plus éblouissant de chez nous.
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Il ne restait d’ailleurs presque plus de bêtes à Polden-sur-Mer. Pauline gardait encore, accrochées au mur de sa boutique, plusieurs sortes de sonnailles, comme elle en vendait aux habitants de la commune à l’époque où il y avait encore du bétail. Maintenant, le maire, Joakim, était le seul à posséder quelques vaches et là-bas à la Ferme-Neuve, chez Hosea et Ezra, paissait naturellement un grand troupeau ; au village même, rien. Cela paraissait bizarre et triste de voir de l’herbe verte dans les pâturages, sans bêtes pour la brouter. Sur toute l’étendue jusqu’à Polden-Port, où naguère l’on entendait résonner les clochettes, pas le moindre son à présent. Non, les oiseaux n’y chantaient plus, car les oiseaux suivent le bétail mêlant leur chant aux sonnailles ; aussi s’étaient-ils maintenant envolés ailleurs.
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Pretoria et Colombia, dit August. Ils se rencontrent. Ce sont deux fleuves, grands comme des mers, et ils se précipitent furieusement l'un sur l'autre comme pour se battre. Tu entends le grondement à dix milles à la ronde ; et les embruns rejaillissent si haut que, dans la région, le soleil est toujours caché. Maintenant, Teodor, tu vas me demander comment les gens ont du jour là-bas ? En un sens, tu as raison ! Ils n'ont que de la lumière de la lune ; mais c'est un clair de lune d'une autre sorte que la notre, ça ne peut pas se comparer : il est comme le soleil le plus éblouissant de chez nous.
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Pour expliquer l’état de Hamsun, je vous dirai qu’il n’a pas un seul prétendu ami, il ne parvient pas à écrire des lettres amicales, tout le monde lui est devenu progressivement indifférent. Il se peut que ce soit une erreur, mais Hamsun est ainsi. […] Vous ne comprendrez peut-être pas qu’un homme puisse changer ainsi, moi non plus, je ne comprends pas, mais c’est un fait. Son travail est son unique ami, son unique amour.

[Lettre de la femme d’Hamsun, Marie, à un ami.]
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Pauline est remplie de beaux et clairs souvenirs : - Te rappelles-tu, Grand Frère, quand nous étions petits et que maman venait nous raconter qu’une vache avait vêlé, comme nous étions joyeux !
Edevart : - Oui.
-Tu dois aussi t’en souvenir Joakim ?
- Oui.
- On aurait cru que c’était un jour de fête. Nous étions plus heureux alors qu’à présent où nous avons huit vaches et un cheval. Aussi maman venait-elle nous le dire. Puis il y avait la première traite, le pouding de lait caillé et beaucoup de lait pour tout le monde. A présent il semble que ce ne soit plus un événement lorsqu’une bête vêle. Je ne sais pas, il doit y avoir quelque chose qui va de travers.
August : - Pour que ça en vaille la peine, il faudrait beaucoup, beaucoup de vaches dans chaque ferme. On pourrait avoir ainsi une grande production de lait et une fabrique de fromages, le commerce se développerait par l’exportation de ces deux produits. Sinon, c’est vivre au jour le jour, c’est zéro.
Pauline ne cède pas : - Pourtant nous ne connaissions pas la misère autrefois. Nous avions de la farine, des pommes de terre et du lait ; quand c’était la saison les hommes allaient pêcher de quoi remplir la marmite. Nous étions tous si bien à l’abri du besoin que nous pouvions remercier Dieu chaque jour. Tandis qu’à présent !
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- Tiens ! De quoi vit-on ?
-De trois choses, pas plus, répond Ezra : du blé des champs, des poissons de la mer, des bêtes et des oiseaux de la forêt. De ces trois choses-là. J’y ai réfléchi.
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- […] Il prit la terre pour construire une ville et il nous fit mourir de faim. La ville ne pouvait pas vivre. Il n’y avait plus de quoi manger pour les pies et les corbeaux, rien que des maisons et des humains. Il nous procura ceci et cela : beaucoup de maisons, une banque, une fabrique, des arbres de Noël et toutes ces histoires-là. Ayant appris dernièrement qu’il cultivait du tabac – est-ce un aliment, ça ? lui demandai-je. Non, me répondit-il, mais c’est l’évolution, c’est de l’argent pour acheter de la nourriture ! De l’argent ? Oui, c’était de l’argent et des bénéfices et du progrès, etc. Non, c’est la perdition, voilà ce que c’est, nous ne mangeons plus que des choses recherchées qu’on achète dans les boutiques et nous n’ouvrons la bouche que pour en avoir toujours davantage, c’est du vent que nous avalons, cela ne rassasie pas. Je vois, Hosea, que tu vas dire quelque chose. Tu veux parler du café.
-Oui, dit Hosea, on aurait pu en offrir une tasse à Joakim, mais je n’en ai pas, je n’ai pas de quoi en acheter.
Ezra : - Et tu crois que Joakim y tient ! Donne-lui donc une tasse de lait. Voilà ce qu’avant nous on mettait devant les invités. Et puis toutes ces grandes exigences ridicules, auxquelles August voulait nous habituer, tous ces besoins de friandises coûteuses ! Les gens en sont arrivés à être mécontents, à se figurer qu’ils souffrent la misère s’ils ne mangent pas chaque jour de la viande et des plats du dimanche. Exigences et mécontentement de plus en plus grands chez tous. Le dernier homme content à Polden-sur-Mer a été Martinus Halskar. Il n’était pas trop gâté, mais il avait de la reconnaissance envers Dieu, et il a dépassé quatre-vingt ans.
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Il vient certainement d’avoir encore une idée, car il sourit de nouveau bêtement et pose la main contre son cœur. Tiens, il bat. Il fait chaud dans ce cœur, la main s’est réchauffée, ce cœur n’est pas froid. Edevart se souvient de toute l’agitation qu’autrefois lui avait value ce cœur, il y avait bien longtemps, un matin de bonne heure, dans un endroit écarté qui s’appelait Doppen. Une baie verdoyante, de petites maisons, deux enfants et une jeune femme, Lovise Margrete. A cette image il murmure : - Oh non ! oh non ! et branle la tête comme un homme qui souffre. Il a laissé là son amour, et jamais il n’a été capable d’oublier tout à fait ce miracle. C’était si curieux, si profond, larmes et béatitudes réunies, une folle douceur. Il y avait bien longtemps, bien longtemps ! Et ce cœur bat toujours, il est toujours chaud, mais n’aime plus qu’à travers la mémoire, à travers un souvenir.
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Edevart, grand et fort, un beau gaillard calme par apathie. De temps en temps il hoche la tête, comme s’il s’était posé une question à laquelle il répondait non, mille pensées lui traversent l’esprit, mais il n’a pas le courage de les démêler. Il porte en lui une lésion interne, il se couche chaque soir et se lève chaque matin sans essayer de la guérir, tant il est devenu mou. Que lui est-il donc arrivé d’extraordinaire ?
Il a reçu un coup, c’est tout ce qu’on peut dire, un autre que lui s’en serait remis. Que diable, était-ce si terrible d’avoir senti s’effondrer les bases de sa vie ? Il pouvait continuer à vivre, comme vivent d’autres qui ont un jour quitté leur pays. Y a-t-il de quoi s’affliger à ce point parce qu’on est sans foyer ?
Oui, mille pensées lui traversent l’esprit et son état d’âme le fait souffrir, mais il est lourd et ignorant, il n’a pas le don de voir clair en soi.
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[…] une pharmacie, voilà ce dont on avait le plus besoin. Il dépeignit tous les bienfaits qui résulteraient de l’installation à Polden-sur-Mer d’une pharmacie, où l’on trouverait pour chaque maladie de nombreux remèdes, grâce auxquels on finirait par se guérir. Il y avait une énorme différence entre la petite armoire de produits pharmaceutiques du docteur et une vraie pharmacie, avec des mixtures en abondance, de belles pilules brillantes et très coûteuses. « Bon Dieu de bon Dieu ! mon cher Edevart, ce serait un vrai plaisir d’être malade dans ces conditions », il en avait eu l’expérience à l’étranger. Quels jours merveilleux, quelle vie de grandeur ! Dans la chambre voisine de la sienne il y avait un millionnaire.
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