Deuxième volet de la trilogie qui s'est ouverte avec les
Vagabonds, August le marin nous donne l'occasion de retrouver les mêmes personnages, quelques vingt ans plus tard, après qu'August, parti aux États-Unis pour découvrir le nouveau monde, a ramené de ses voyages pléthore d'histoires fantasques qui peuplent désormais ses conversations, un esprit bouillonnant à la recherche de toutes les meilleures combines et une dépendance pour cette forme d'émulation des sens qui s'appelle le progrès technologique et social. Les rares autochtones revenus comme August des États-Unis jusque dans leur pays natal semblent désormais déracinés. Ils ne sont pas américains mais ils ne peuvent plus vivre comme ceux dont ils se sont durablement séparés. Ils flottent dans un irréel composé de rêveries fantasques, de déceptions réelles, d'espoirs capricieux. August est devenu « léger comme l'argent, la mécanique, le commerce, l'industrie, toute l'évolution. »
Dans les deux premiers volumes de cette trilogie, nous voyons évoluer non seulement des individus et des familles mais également une culture et une économie. Ici, plus encore que dans les
Vagabonds, devient flagrante la grande misère morale et spirituelle qui s'empare de ce peuple lorsque les transactions bancaires commencent à remplacer les échanges traditionnels. le travail et les besoins en deviennent plus abstraits, les rêveries plus mécaniques. La lassitude s'abat sur le village de Polden-sur-Mer à mesure qu'il devient pourtant sans cesse plus rutilant. August, propagateur des rêves de progrès, disparaît une fois de plus mais, des États-Unis, c'est la peste qu'il a amenée avec lui.