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Marguerite Gay (Traducteur)Gerd de Mautort (Traducteur)
EAN : 9782702119778
324 pages
Calmann-Lévy (01/04/1994)
3.84/5   25 notes
Résumé :
Auguste est, dans l'univers de Knut Hamsun, un de ces personnages récurrents, dont Henry Miller disait partager l'état d'esprit, tout semblable à "une sorte de créature, de contrefaçon qui croyait être quelqu'un mais ne pouvait en fournir la moindre preuve."

Après des années de voyage et d'errance, Auguste est de retour dans son village natal, le petit port de Polden.

Confronté à la méfiance et au soupçon, au conformisme et à la frust... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Auguste le Marin" ("August Weltumsegler", 1930) demande à être connu... Il est l'élément central de cette seconde partie de la saga hamsunienne des "Vagabonds"... Vagabonds qui sont deux-et-inséparables : Edevart le Terrien et son ami Auguste, plus âgé et plus roublard, "Marin" qui en a vu bien d'autres...

Un peu des "Clochards célestes" de Jack Kerouac mais aussi des comparses "Delamarche et Robinson" (semi-burlesques et semi-tragiques) de "L'Amérique" de Franz Kafka...

Un second opus dans le même ton enjoué du 1er roman, "Landstrykere" de 1927, et qui approfondit la personnalité fantasque d'Auguste, la plus "grande gueule" des deux, "porteur de chaos et d'aventures" dans la vie malléable d'Edevart... Son porteur de poisse, aussi, aux "histoires" infatigables.

Une lecture indispensable qui laisse, comme le précédent, un impérissable souvenir : comme une saveur de fjord enluminé par Août et désolé par les misères et facéties de l'existence des plus pauvres... Êtres qui se consolent de leurs trajectoires compliquées en se gavant de rêves aussi lumineux qu'insaisissables.
Lien : http://www.latribudhotel.can..
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Deuxième volet de la trilogie qui s'est ouverte avec les Vagabonds, August le marin nous donne l'occasion de retrouver les mêmes personnages, quelques vingt ans plus tard, après qu'August, parti aux États-Unis pour découvrir le nouveau monde, a ramené de ses voyages pléthore d'histoires fantasques qui peuplent désormais ses conversations, un esprit bouillonnant à la recherche de toutes les meilleures combines et une dépendance pour cette forme d'émulation des sens qui s'appelle le progrès technologique et social. Les rares autochtones revenus comme August des États-Unis jusque dans leur pays natal semblent désormais déracinés. Ils ne sont pas américains mais ils ne peuvent plus vivre comme ceux dont ils se sont durablement séparés. Ils flottent dans un irréel composé de rêveries fantasques, de déceptions réelles, d'espoirs capricieux. August est devenu « léger comme l'argent, la mécanique, le commerce, l'industrie, toute l'évolution. »


Dans les deux premiers volumes de cette trilogie, nous voyons évoluer non seulement des individus et des familles mais également une culture et une économie. Ici, plus encore que dans les Vagabonds, devient flagrante la grande misère morale et spirituelle qui s'empare de ce peuple lorsque les transactions bancaires commencent à remplacer les échanges traditionnels. le travail et les besoins en deviennent plus abstraits, les rêveries plus mécaniques. La lassitude s'abat sur le village de Polden-sur-Mer à mesure qu'il devient pourtant sans cesse plus rutilant. August, propagateur des rêves de progrès, disparaît une fois de plus mais, des États-Unis, c'est la peste qu'il a amenée avec lui.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Pretoria et Colombia, dit Auguste. Ils se rencontrent. Ce sont deux fleuves, grands comme des mers, et ils se précipitent furieusement l'un sur l'autre comme pour se battre. Tu entends le grondement à dix milles à la ronde ; et les embruns rejaillissent si haut que, dans la région, le soleil est toujours caché. Maintenant, Teodor, tu vas me demander comment les gens ont du jour là-bas ? En un sens, tu as raison ! Ils n'ont que de la lumière de la lune ; mais c'est un clair de lune d'une autre sorte que la notre, ça ne peut pas se comparer : il est comme le soleil le plus éblouissant de chez nous.
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Il ne restait d’ailleurs presque plus de bêtes à Polden-sur-Mer. Pauline gardait encore, accrochées au mur de sa boutique, plusieurs sortes de sonnailles, comme elle en vendait aux habitants de la commune à l’époque où il y avait encore du bétail. Maintenant, le maire, Joakim, était le seul à posséder quelques vaches et là-bas à la Ferme-Neuve, chez Hosea et Ezra, paissait naturellement un grand troupeau ; au village même, rien. Cela paraissait bizarre et triste de voir de l’herbe verte dans les pâturages, sans bêtes pour la brouter. Sur toute l’étendue jusqu’à Polden-Port, où naguère l’on entendait résonner les clochettes, pas le moindre son à présent. Non, les oiseaux n’y chantaient plus, car les oiseaux suivent le bétail mêlant leur chant aux sonnailles ; aussi s’étaient-ils maintenant envolés ailleurs.
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Pauline est remplie de beaux et clairs souvenirs : - Te rappelles-tu, Grand Frère, quand nous étions petits et que maman venait nous raconter qu’une vache avait vêlé, comme nous étions joyeux !
Edevart : - Oui.
-Tu dois aussi t’en souvenir Joakim ?
- Oui.
- On aurait cru que c’était un jour de fête. Nous étions plus heureux alors qu’à présent où nous avons huit vaches et un cheval. Aussi maman venait-elle nous le dire. Puis il y avait la première traite, le pouding de lait caillé et beaucoup de lait pour tout le monde. A présent il semble que ce ne soit plus un événement lorsqu’une bête vêle. Je ne sais pas, il doit y avoir quelque chose qui va de travers.
August : - Pour que ça en vaille la peine, il faudrait beaucoup, beaucoup de vaches dans chaque ferme. On pourrait avoir ainsi une grande production de lait et une fabrique de fromages, le commerce se développerait par l’exportation de ces deux produits. Sinon, c’est vivre au jour le jour, c’est zéro.
Pauline ne cède pas : - Pourtant nous ne connaissions pas la misère autrefois. Nous avions de la farine, des pommes de terre et du lait ; quand c’était la saison les hommes allaient pêcher de quoi remplir la marmite. Nous étions tous si bien à l’abri du besoin que nous pouvions remercier Dieu chaque jour. Tandis qu’à présent !
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- […] Il prit la terre pour construire une ville et il nous fit mourir de faim. La ville ne pouvait pas vivre. Il n’y avait plus de quoi manger pour les pies et les corbeaux, rien que des maisons et des humains. Il nous procura ceci et cela : beaucoup de maisons, une banque, une fabrique, des arbres de Noël et toutes ces histoires-là. Ayant appris dernièrement qu’il cultivait du tabac – est-ce un aliment, ça ? lui demandai-je. Non, me répondit-il, mais c’est l’évolution, c’est de l’argent pour acheter de la nourriture ! De l’argent ? Oui, c’était de l’argent et des bénéfices et du progrès, etc. Non, c’est la perdition, voilà ce que c’est, nous ne mangeons plus que des choses recherchées qu’on achète dans les boutiques et nous n’ouvrons la bouche que pour en avoir toujours davantage, c’est du vent que nous avalons, cela ne rassasie pas. Je vois, Hosea, que tu vas dire quelque chose. Tu veux parler du café.
-Oui, dit Hosea, on aurait pu en offrir une tasse à Joakim, mais je n’en ai pas, je n’ai pas de quoi en acheter.
Ezra : - Et tu crois que Joakim y tient ! Donne-lui donc une tasse de lait. Voilà ce qu’avant nous on mettait devant les invités. Et puis toutes ces grandes exigences ridicules, auxquelles August voulait nous habituer, tous ces besoins de friandises coûteuses ! Les gens en sont arrivés à être mécontents, à se figurer qu’ils souffrent la misère s’ils ne mangent pas chaque jour de la viande et des plats du dimanche. Exigences et mécontentement de plus en plus grands chez tous. Le dernier homme content à Polden-sur-Mer a été Martinus Halskar. Il n’était pas trop gâté, mais il avait de la reconnaissance envers Dieu, et il a dépassé quatre-vingt ans.
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Pretoria et Colombia, dit August. Ils se rencontrent. Ce sont deux fleuves, grands comme des mers, et ils se précipitent furieusement l'un sur l'autre comme pour se battre. Tu entends le grondement à dix milles à la ronde ; et les embruns rejaillissent si haut que, dans la région, le soleil est toujours caché. Maintenant, Teodor, tu vas me demander comment les gens ont du jour là-bas ? En un sens, tu as raison ! Ils n'ont que de la lumière de la lune ; mais c'est un clair de lune d'une autre sorte que la notre, ça ne peut pas se comparer : il est comme le soleil le plus éblouissant de chez nous.
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Videos de Knut Hamsun (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Knut Hamsun
En librairie le 18 août 2023 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454474/mysteres
Dernier tiers du 19e siècle : une paisible ville de la côte norvégienne est le théâtre d'événements mystérieux. Un jeune homme est retrouvé mort dans la forêt, les poignets tranchés par le couteau de la fille du pasteur, en même temps que débarque un étranger, Nagel, « charlatan étrange et singulier ». Crime ou suicide ? La question est sur toutes les lèvres, y compris celle du lecteur. En reconstituant les extravagantes apparitions de Nagel et en relatant ses interactions avec les villageois, le Prix Nobel de littérature Knut Hamsun explore la personnalité d'un héros insolite et insolent.
+ Lire la suite
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