Tout d'abord ne soyez pas effrayé par l'épaisseur de ce livre, croyez moi, il fallait bien ces centaines de pages pour évoquer ces six générations et toutes ces vies qui précèdent celle de Brilka. Et puis le voyage est tellement beau et intense, qu'il emporte et nous fait oublier le volume de ce roman.
La huitième vie est une puissante saga familiale qui mêle petite et grande histoire. Ce roman nous embarque à travers des époques et des lieux riches en évènements. Les destins s'enchainent, les tragédies se répètent.
Au commencement il y a la fuite de Brilka laquelle profite d'un voyage de classe à Amsterdam pour « passer à l'Ouest ». Elle ne veut pas retourner en Géorgie. Elle veut se rendre à Vienne. Bien qu'elle ne le sache pas encore, cette destination n'est pas anodine. D'autres femmes de sa lignée avant elle ont voulu s'y installer. Certaines y sont parvenues, d'autres pas. Vient alors le temps de narrer à cette jeune fille son histoire familiale. Niza s'y colle. Après une année à ressembler les pièces, à reconstituer le passé, à se remémorer, elle écrit à et pour Brilka. Elle va lui raconter la vie de ses aïeux.
Retour en 1917, en Géorgie sous les effluves d'un délicieux chocolat chaud. le père de Stasia, un chocolatier de génie, lui en confie la recette secrète tout en la prévenant de son pouvoir maléfique. C'est agrémenté de ce doux fumet chocolaté que défile la vie de Stasia, Christine, Kostia, Kitty, Elene, Daria, Niza et Brilka (dont le chapitre reste à écrire). Cette douceur aux vertus réconfortantes permet à la descendance de cet homme, l'instant d'une tasse, d'oublier les tragédies et le malheur qui bercent son quotidien. le régime politique totalitaire, la privation de liberté, l'enrôlement des hommes dans le Parti, l'exil, le rude climat, la condition des femmes, la (sur)vie de famille, tout est évoqué y compris la chute du mur. On est complètement immergé dans ces vies. Les destins se profilent sous nos yeux, d'admirables portraits de femmes nous sont brossés. Qu'elles sont belles et résistantes ces filles, ces épouses, ces soeurs, ces artistes, ces passeuses d'espérance et de vie. C'est ébahi de tant de courage et d'amour que l'on assiste à la reconstitution de cette histoire familiale. Les regards sur les petits et grands évènements se croisent, s'entrechoquent pour finalement apporter un éclairage et un beau témoignage.
La huitième vie est un roman passeur d'histoire, qu'il appartiendra à Brilka de compléter. À l'instar du chocolat chaud de ce Maître chocolatier géorgien, ce roman est intense et envoûtant, épais et consistant, noir comme la nuit avant un violent orage. Son goût est incomparable, extatique. Un conseil, prenez le temps de le savourer à sa juste valeur.
Lien :
https://the-fab-blog.blogspo..