Une belle découverte !
On suit donc Diana Bishop, une sorcière d'une longue lignée mais qui ne veut pas utiliser sa magie suite à la disparition de ses parents, elle veut être normale et se refuse à participer aux convents avec les autres sorcières ou à la côtoyer. Diana est historienne, jeune, jolie, sportive et intelligente. Elle m'a plus d'une fois agacée mais faut dire qu'elle a des défauts qui vont bien avec le personnage donc pas d'aversion pour Diana ! En plus, ce n'est pas une adolescente écervelée, en mal d'amour ou niaise et ça c'est tout à fait appréciable !
J'ai apprécié le Matthew ténébreux, mystérieux, scientifique, amateur de bons vins, les passages où on découvre comment il se nourrit, sa transformation en vampire, son passé avant ça et ces « vies » après. Je pense que j'ai plus accrochée à ce personnage qu'à celui de Diana.
J'ai été un peu longue à me mettre dans l'histoire, même si la lecture est facile, je n'avais pas trop de motivation, surtout que j'appréhendais énormément le côté romance du livre. Au début, assez peu de choses se passe, on n'apprend pas vraiment grand chose sur
le livre perdu des sortilèges, c'est surtout la naissance de l'histoire entre Diana et Matthew. Ils se voient à la bibliothèque, un peu en dehors, elle se pose pas mal de questions mais ne semble pas encore trop perturbée par ce qu'il se passe. C'est un peu long. Et puis dès que Matthew et Diana quittent l'Angleterre, il commence à y avoir plus d'action, Diana ne se laisse plus porter par les événements, elle s'affirme, etc., on apprend plein de choses, ça devient beaucoup plus prenant.
Un seul chapitre ne concerne pas Diana, quand Matthew part en Écosse voir Hamish (début du livre). On découvre ce démon, on découvre plein de choses sur la façon de voir de Matthew, sur ce qu'il ressent, la narration est quelque peu différente et on a un autre point de vue que celui de Diana et c'est agréable. Malheureusement, ça ne se produit qu'une seule fois, j'aurai bien aimé avoir plus de chapitres de ce type (pourquoi pas le ressentiment de la mère de Matthew par exemple).
La romance prend une grande part du roman, mais comme leur amour est très compliqué, finalement, les passages plus « mielleux », il n'y en a pas tant que cela. C'est vrai que c'est rapide, l'action ne se déroule que sur quelques semaines mais bizarrement, on a l'impression de lenteur, de non précipitation, un drôle de mélange, qui m'a bien plut finalement.
Ce qui fait que ce roman est un belle découverte et qu'il s'agit d'un livre dense, avec des détails, des rebondissements, des personnages secondaires, des anecdotes, etc. Ce qui me manquait dans Sans âme par exemple, je l'ai trouvé ici et j'ai adoré, des anecdotes historiques sur la vie de Matthew, de sa mère, de la famille de Diana,…, des extraits de livres scientifiques ou autres, des références religieuses… Certains parlent de digressions, moi, je trouve que vraiment ces éléments donnent beaucoup plus de poids au récit, y a des recherches, du travail et c'est pas uniquement un décor à une histoire d'amour et ça vraiment, j'aime beaucoup ! En plus, ça donne envie de faire des recherches, de se documenter sur l'alchimie, ce qui est vrai, ce qui est inventé, etc.
Cet aspect « scientifique » « historique » est, pour moi, le gros plus de cette histoire, les textes alchimiques, les éléments qui s'imbriquent les uns à la suite des autres. Mes passages préférés sont ceux où Diana découvre les textes alchimiques, les enluminures, les illustrations, … et les anecdotes historiques qui expliquent les comportements de Matthew. Et j'ai aimé les recherches de Matthew sur les relations entre créatures, il y aurait-il un ancêtre commun ? Qui a créé qui ? L'ADN, le sang,…, etc. Loin d'être un frein à la lecture, j'ai complètement adhéré à ce côté scientifique !
J'ai beaucoup aimé, moi qui lit peu de bit-lit ou du moins de romans à créatures, en apprendre plus sur ces dernières (du moins la vision de l'auteure) : connaitre les habitudes des vampires, les caractéristiques des démons, ce qu'est la Congrégation. Ce que font les sorcières et leur entourages de fantômes, etc. J'ai adhéré aux interrogations posées par l'existence de l‘Ashmole 782, que contient-il ? Pourquoi les trois types de créatures veulent le récupérer ? Qui l'a ensorcelé ?
Deuxième atout de la seconde partie du roman, les personnages secondaires, j'ai eu beaucoup plus de facilité et est été plus prise dans ma lecture quand les personnages secondaires ont commencé à être plus nombreux. Et surtout j'ai aimé leur complexité, notamment Ysabeau, Marcus, Sarah, Emily… Et quand on commence à comprendre ce qu'il arrive à Diana, et qu'elle découvre ce dont elle est capable.
Deborah Harkness signe là son premier roman et dans l'ensemble c'est réussi. On a une vraie histoire, des informations distillées tout le long du livre quand il faut, comme il faut, l'écriture est fluide, du vocabulaire (au moins deux points qui indiquent une bonne traduction), des recherches, des détails et c'est cohérent (parfois, je me disais « attention mais au début il y avait ça et puis ? » et puis on répondait à mes interrogations même mineures). C'est efficace et j'avoue j'ai été touchée et émue par certains passages.
C'est vraiment donc vers la moitié du roman que j'ai été « conquise », c'est pour ça que ça n'est pas un coup de coeur, je ne dirais pas que le début m'a ennuyée mais c'est long à démarrer. Mais une fois dedans, j'avais vraiment envie de continuer et de savoir ce qu'on allait apprendre. Je savais qu'il s'agit au moins d'une trilogie et donc que je ne saurai pas le fin mot de l'histoire avant un moment, donc je n'ai pas été frustrée de la fin. Cependant, oui, je voudrais lire la suite, surtout que ça s'annonce très intéressant et j'espère ne pas me tromper en disant que le côté historique qui m'a tant plut ici, je le retrouverai certainement dans L'école de la nuit !