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Citations sur Dans le nu de la vie (32)

[Extrait du témoignage de Jean-Baptiste Munyankore, enseignant, survivant du massacre des Tutsis, en 1994.]

"Ce qui s'est passé à Nyamata, dans les églises, dans les marais et les collines, ce sont des agissements surnaturels de gens bien naturels. (...) Le directeur de l'école et l'inspecteur scolaire de mon secteur ont participé aux tueries à coups de gourdins cloutés. Deux collègues professeurs, avec qui on s'échangeait des bières et des appréciations sur les élèves auparavant, ont mis la main à la pâte, si je puis dire. Un prêtre, le bourgmestre, le sous-préfet, un docteur, ont tué de leurs mains.
Ces intellectuels n'avaient pas vécu au temps des rois Batutsis. Ils n'étaient volés ou brimés de rien, ils n'étaient les obligés de personne. Ils portaient des pantalons de cotonnade plissés, ils se reposaient comme il faut, ils se transportaient en véhicule ou à vélomoteur. Leurs épouses portaient des bijoux et connaissaient les habitudes citadines, leurs enfants fréquentaient des écoles blanches.
Ces gens bien lettrés étaient calmes, et ils ont retroussé leurs manches pour tenir fermement une machette. Alors, pour celui qui, comme moi, a enseigné les Humanités sa vie durant, ces criminels-là sont un terrible mystère."
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Un génocide n'est pas une guerre particulièrement meurtrière et cruelle. C'est un projet d'extermination. Au lendemain d'une guerre, les survivants civils éprouvent un fort besoin de témoigner; au lendemain d'un génocide, au contraire, les survivants aspirent étrangement au silence. Leur repliement est troublant.
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Autrefois, je savais que l'homme pouvait tuer un homme, puisqu'il en tuait tout le temps. Maintenant, je sais que même la personne avec qui tu as trempé les mains dans le plat du manger, ou avec qui tu as dormi, il peut te tuer sans gêne.
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Je sais aussi, désormais, qu'un homme peut devenir d'une méchanceté inouïe très soudainement. Je ne crois pas à la fin des génocides. Je ne crois pas ceux qui disent qu'on a touché le pire de l'atrocité pour la dernière fois. Quand il y a eu un génocide, il peut y en avoir un autre, n'importe quand à l'avenir, n'importe où, au Rwanda ou ailleurs; si la cause est toujours là et qu'on ne la connaît pas.
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J'ai déjà pleuré, mais ils ont quand même tué mon papa, ma maman. J'ai pleuré mais je n'ai rien à manger, je n'ai pas de toit sur ma tête. J'ai pleuré mais je n'ai rien pour aller à l'école, maintenant je ne veux même plus pleurer, ni pour moi ni pour personne.
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Lorsqu'on a brûlé vifs des enfants, devant l'église de Nyamata, qu'on a organisé des chasses aux vieillards dans les bois et qu'on a étripé les bébés des filles enceintes dans les marais, on ne peut pas prétendre qu'on a oublié comment on a pu faire ça, ni qu'on a été obligé de le faire.

Témoignage de Innocent Rwililiza, 38 ans, enseignant
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Le silence les immobilise dans la peur. Le temps les repousse. De visite en visite, rien ne change. On remarque que dans leurs têtes les soucis chassent en permanence les idées. On peine à les encourager à parler. Pourtant, ils ne pourront pas se remettre les pieds dans la vie, s’ils ne disent rien de ce qui se confronte en eux.
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Je crois que jamais les Blancs, ni même les Noirs des pays avoisinants, ne vont croire de fond en comble ce qui s'est passé chez nous. Ils accepteront des morceaux de vérité, ils négligeront le reste. Même entre nous, on s'étonne d'entendre les tueries comme elles sont racontées par des copains là où on était pas, parce que la vérité vraie sur les tueries de Tutsis, elle nous dépasse tous pareillement.
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Quand je pense au génocide, dans un moment calme, je réfléchis pour savoir où le ranger dans l'existence, mais je en trouve nulle place. Je veux dire simplement que ce n'est plus de l'humain. (extrait du récit de Sylvie, p. 227)
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Je comprenais aussi que pour certaines personnes, qui étaient abandonnées de tout, pour qui la souffrance devenait la dernière compagnie, la mort devait être quand même un trop long travail, et très inutile.
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