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EAN : 9782072799914
208 pages
Gallimard (23/08/2018)
3.58/5   92 notes
Résumé :
« — 2,10 mètres, dit Sue.
— Oui, 2,10 mètres, alors?
— Depuis le temps, des filles l’ont passé?
— Non, j’ai entendu qu’elles se cognent toujours le nez dessus.
— Tu en dis quoi?
— Je ne sais pas. La barre nous attend.»

Histoire de quatre sportifs de très haut niveau, entre les Jeux olympiques de 1980 et aujourd’hui : deux champions haltérophiles, un Américain du Missouri et un Kirghize ; deux sauteuses en haute... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 92 notes
Je découvre Jean Hatzfeld avec ce roman pioché au hasard dans une boîte à livres. Me basant uniquement sur l'illustration de couverture, je pensais qu'il ne serait question que de sport et de compétition, et quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'il s'agissait de bien plus que cela !

Pour mon plus grand plaisir, les 3/4 du roman se situent en Russie pendant la décennie 1975/1985 donc sous gouvernance soviétique. Et pour une fois, il ne s'agit ni de Moscou ni de Petersbourg mais du méconnu Kirghizistan, terre d'élevage de moutons et de chevaux sauvages, rude pays asiatique martyrisé par Staline et ses camarades successeurs.

A travers le destin croisé de quatre athlètes - deux sauteuses en hauteur et deux haltérophiles -, c'est une véritable fresque historique que Jean Hatzfeld déroule sous nos yeux, décrite par un verbe sobre et percutant. Remarquablement écrit, "Deux mètres dix" oppose intelligemment les deux blocs ennemis en fin de Guerre Froide sur le tartan des stades olympiques. Si on y songe quelques instants, c'est un angle très perspicace quand on sait la place démesurée et la symbolique à l'avenant que la compétition sportive revêt encore aujourd'hui pour ces deux blocs antagonistes. La course aux étoiles et le sport. du rêve et des jeux. Au prix de quelles souffrances pour les athlètes, sacrifiés sur l'autel des intérêts géopolitiques ?

Mais l'auteur parvient avec talent et sensibilité à réunifier ceux que L Histoire ne parvient toujours pas à concilier. Et en plaçant ses héroïnes dans la posture aérienne du saut, et ses héros dans l'ancrage primal du portage de fonte, Jean Hatzfeld rend aussi un hommage qui ne manque ni de délicatesse ni de respect à ces champions portés aux nues puis ensevelis dans l'oubli.

Une fiction réaliste bien documentée et aux personnages attachants. Mon premier coup de coeur de l'année.


Challenge ATOUT PRIX 2022
Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge SOLIDAIRE 2022
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Quatre sportifs au zénith de leur discipline . Deux haltérophiles , deux sauteuses en hauteur . Deux kirghizes, concourant pour la bannière CCCP et deux américains.

Voilà les quatre portraits que nous dresse Jean Hatzfeld, très bon conteur d'histoires sportives .
Le livre est foisonnant de thèmes : La quête du Graal sportif (on n'est pas sur des amateurs du dimanche mais sur des champions olympiques) , la guerre froide à travers le sport , les effets secondaires du dopage , le dévastation morale de l'après compétition.
C'est très bien fait, les destins s'entremêlant, et l'auteur est un virtuose quand il s'agît de décrire l'acte sportif, que ce soit la course vers la barre ou l'arrivée face à la barre, l'autre , celle des hommes forts.
On ajoute un peu d'exotisme avec la vie en Kirghizie , quelques belles scènes de nature et l'on a un roman dense , plein de finesse et très touchant par ces portraits qu'il nous livre.
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Même si ses parutions les plus célèbres prennent pour décor le Rwanda où il été reporter de guerre ( Une saison de machettes en 2005) , le romancier Jean Hatzfeld n'oublie pas qu'il a également été un journaliste sportif, émérite particulièrement observateur, en explorant le monde du sport dans plusieurs de ses romans

Ainsi, Jean Hatzfeld prend de la hauteur et fait croiser la destinée de quatre sportifs de haut niveau dans son roman Deux mètres dix. qui vient de sortir en poche.

D'un côté, deux femmes, championnes de saut en hauteur et de l'autre, deux hommes, champions d'haltérophilie lors de deux compétions qui se déroule pendant les jeux 1980 à Moscou et en 1984 à Los Angeles . Deux de ces champions sont issus de l'Union soviétique (mais khirghizes) deux autres sont américains.

En pleine guerre froide, on voit que le sport va se méler de géopolitique et que les portraits de ces quatre sportifs sont bien plus profonds que ce qu'ils pourraient sembler être de prime abord, l'auteur mélant petite et grande histoire avec ambition et a propos.

Ce sont de véritables épopées romanesques avec un vrai sens de la narration et un vrai suspens que décrit Hatzfeld décrit entre fiction et réalité, en s'attardant longuement sur les descriptions des épreuves et des compétitions. Parfois un peu confus - et pas assez compréhensif pour un lecteur qui n'aurait aucune notion de sport, ce "Deux mètres dix" qui fait joliment rimer sport avec politique et poésie, reste d'une belle ambition et mérite largement la lecture.

Un très bon roman sur le sport, à la manière de ce que fait un Vincent Duluc dans un style certes quelque peu différent .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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(Fini le 06/12/2018)
Je découvre cet auteur à l'occasion de cette lecture.
Je suis un peu embarrassée de dire ce que je pense… parce que, à la lecture des premiers chapitres, j'ai eu l'impression de lire un brouillon de livre, un « premier jet » d'une très belle écriture, certes, mais un capharnaüm dans lequel j'ai eu du mal à me localiser dans le temps et dans l'espace au point de prendre des notes pour ne pas m'égarer…
C'est dommage parce que j'ai trouvé que ça nuisait à cette histoire qui retrace le parcours de quatre athlètes : deux filles qui pratiquent le saut en hauteur et deux garçons haltérophiles. L'une des filles (Sue, diminutif de Susan) et l'un des garçons (Randy) sont Américains. L'une des filles (Tatyana) et l'un des garçons (Chabdan) sont tous deux soviétiques, d'origine kirghize (région où l'on a déporté les Koryo-Sarams, les personnes venues de Corée pour construire le port de Vladivostok). Vous me suivez toujours ? Pour ma part, j'avoue que j'ai traîné ce livre plusieurs jours avant d'entrer vraiment dans le sujet…
On y évoque les sanctions implacables de l'impitoyable régime soviétique, le dopage dans les deux camps (soviétique et américain) et la guerre froide qui entraîna des boycotts des Jeux olympiques : celui des J.O. de Moscou en 1980 par les USA et celui des J.O. de Los Angeles en 1984 par les soviétiques… Des sujets vraiment très intéressants, mais impossibles à suivre sans connexion internet. A titre d'exemple, l'auteur ne dit à aucun moment que les J.O. de Los Angeles se sont déroulés en 1984...
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Deux mètres dix, c'est la limite encore jamais franchie en saut en hauteur féminin.
Dans le monde du sport de haut niveau des années 80, le roman fait le portrait de quatre athlètes : deux sauteuses en hauteur et deux haltérophiles. A chaque fois, l'un des deux est soviétique, l'autre américain. Les exploits sportifs y sont partie prenante de la guerre froide entre les deux blocs, mais sans jamais passer devant les objectifs patriotiques. Les boycotts des Jeux de Moscou puis de ceux de Los Angeles ont donc des conséquences sur les victoires et les défaites des uns et des autres, bien davantage que les performances sportives. L'auteur montre bien aussi les rivalités à l'intérieur même des républiques soviétiques, entre celles d'Europe et celles d'Asie.
Après leurs carrières respectives, Tatyana contacte Susan pour l'inviter chez elle au Kirghizistan et Randy part sur les traces de Chabdan Orozbakov, lui aussi kirghize.
La narration s'attache à chaque personnage et le suit des origines jusqu'à la fin de sa carrière et même encore après, lorsque le corps se souvient des excès, du dopage, et les fait payer, et lorsque la guerre froide n'est plus pour chacun qu'un souvenir qui pourrait presque être devenu insignifiant.
J'ai particulièrement apprécié le décor historique et géographique, mais j'ai aussi trouvé un peu dommage que les liens entre les quatre personnages ne soient pas davantage montrés, et que les échanges entre eux soient finalement trop rares.
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critiques presse (1)
LeMonde
10 septembre 2018
L’écrivain, ancien journaliste sportif et grand reporter, a été le témoin d’exploits et d’horreurs qui nourrissent ses récits comme ses romans. Tels « Deux mètres dix », et ses athlètes de fiction.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Incipit
Un mobile home
Depuis un moment les merles ne chantaient plus, ils babillaient à peine et Sue le percevait. La chaleur dans le mobile home confirmait une matinée bien avancée.
Le drap dont elle avait recouvert sa tête ne pouvait plus duper son esprit embrumé. Elle finit par céder à une fatalité qu’elle savait impitoyable et ne repoussa pas
davantage l’attaque de la migraine que provoquerait son premier geste.
Sue se redressa d’un coup pour s’asseoir au bord du lit. Remarquant l’absence de culotte, elle fit la moue, tâtonna du bout des doigts entre ses jambes afin de vérifier si en plus elle n’avait pas couché. Elle tendit ses longues jambes bronzées, s’amusa à faire saillir ses muscles en rapides contractions. Sans fierté, seulement ravie, elle les contempla une nouvelle fois. Mes îlots de beauté qui résisteront à tout, pensa-t‑elle. Du bout du pied, elle ramena une jupe et un tee-shirt qui traînaient par terre. Les merles savouraient les derniers recoins d’ombre dans les branches des séquoias, avant qu’elle ne soit absorbée par le soleil qui frappait d’en haut. Ils s’avancèrent sur une branche, les mâles en plastron noir, les dames en chemisier roux, foulard blanc, et saluèrent d’un trille flûté. Merci, merci, les amis. Éblouie par la lumière, les mains serrant une tasse de café, Sue se posa en haut du marchepied et observa dans l’herbe les bouteilles et les mégots éparpillés. Encore une lame de fond d’ivresse qui l’avait échouée en vrac, sans nausée. Ça la paniqua presque. Elle fut tentée de se glisser deux doigts dans la gorge. Elle eût souhaité vomir son dégoût contre un arbre, même sous le regard des passants, comme ça lui était déjà arrivé, ou hoqueter sa bile, vider la saleté au bord de sa cuvette, pleurnicher de fureur.
Au loin, en bordure d’une prairie, une file de silhouettes se dirigeait vers l’entrée de l’Old Coyote Park. Un chien vint par-derrière fourailler de son museau les mains de Sue jusqu’à les ouvrir.
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C’est dans ce parc, un matin à l’aube, qu’Earl l’avait découverte alors qu’il traitait les arbres avant l’arrivée de la foule. Elle gisait inerte sous un taillis. La grande taille de ce corps féminin d’abord l’étonna. Puis le survêtement tricolore l’intrigua ; de plus près, il reconnut l’écusson des équipes américaines. Un pied avait perdu sa chaussure, aucun sac ne traînait alentour. Elle se tenait recroquevillée sur le côté, ses longs cheveux emmêlés recouvraient son visage, l’immobilité laissait penser à un sommeil profond. Lorsqu’il lui tapota l’épaule, elle tourna vers lui des yeux grands ouverts, un visage boursouflé par l’alcool, marqué de taches violacées, probablement des coups, s’inquiéta Earl. (…) Soudain, une intuition. Ça ne peut pas être elle! Elle l’entendit, il fallut qu’elle bredouille son nom pour qu’il admette qu’elle était Sue Baxter, il n’y a encore pas si longtemps le visage le plus célèbre de la ville.
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Chère Susan,
Je m’appelle Tatyana Alymkul, mais tu m’as connue sous mon nom russe, Tatyana Izvitkaya. Peut-être te souviens-tu, nous nous sommes rencontrées à Helsinki en 1982. Un journaliste français est venu la semaine dernière pour me poser un tas de questions. Il voulait tout savoir sur cette époque. C’est lui qui m’a rappelé ce concours d’Helsinki. Il y avait assisté, et m’a demandé une foule insensée de détails, il s’imaginait que j’y pensais chaque matin. J’espère que tu n’en gardes pas un mauvais souvenir et que cette lettre ne réveille pas des sentiments désagréables. Nous avons donc parlé de la dernière barre, de l’orage et de toi, beaucoup de toi, bien sûr. Ce journaliste m’a parlé des soucis et des difficultés que tu affrontes depuis quelques années. J’ai abandonné le monde de l’athlétisme depuis longtemps, je suis retournée chez moi, au Kirghizistan. C’est un petit pays inconnu. Je vis dans une maison en bois peinte en bleu. Dans la rue, d’autres maisons sont rouges ou vertes.
Elle se trouve dans un village en montagne. Il fait très froid l’hiver, le blanc s’accorde au paysage. L’été, les journées sont chaudes, et en cette saison les arbres se parent de belles couleurs. Une rivière coule dans le village. Nous aimons cette rivière. Il y a un lac plus haut, on s’y baigne en été. Partout autour, des dizaines de milliers de chevaux et de moutons. Les chevaux sont de bonne compagnie en période chahutée, nos moutons aussi, crois-moi. La montagne te voudrait du bien. Une chambre t’attend. Elle est meublée de tapis de chez nous et de jolies étoffes. Elle donne sur un jardin. Il est en fouillis car je jardine mal. Les fleurs se disputent tant elles s’y plaisent. Ça me ferait plaisir que tu viennes, le temps que tu veux. On se promènera, on parlera seulement de ce que tu veux…
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Elle observe la barre, la caresse des yeux, avec une envie gourmande de s’enrouler autour. Ni appréhension ni nausée, inutile de mémoriser une dernière fois les enchaînements, son corps se souvient. Elle ressent son picotement familier dans le dos, la vibration du muscle au pli des fesses lorsqu’elle avance la jambe.[•••] Tatiana se sent heureuse d’être là. Elle sourit à la barre qui l’attend. Elle décide de prendre tous les risques au premier essai. Elle se déplace en arrière, un autre pas de côté, s’immobilise brièvement, son visage s’illumine. Elle gratouille le sol de la pointe du pied d’appel et s’élance. Jamais elle n’a connu pareille sensation de vitesse au sortir de sa course d’élan.
La suite, elle ne s’en souvient pas, sinon l’euphorique sentiment d’une élévation immatérielle, la sensation de ses mains inutiles dans l’air. Elle retombe sur le matelas, roule et s’enroule sur elle-même, s’étend sur le dos et laisse tomber ses bras en croix. Elle n’entend guère la formidable clameur, elle s’oublie dans le bleu au dessus de sa tête.
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Son visage blémit à sa troisième tentative, il s'avance sur le plateau les yeux fermés, tête penchée vers le sol, les mains sur les épaules. de son entraineur qui lui ouvre le chemin vers la barre pour qu'elle lui soit dissimulée le plus longtemps. L'entraineur non plus ne regarde pas droit devant, il sait que son protégé panique lorsqu'il doute.
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Videos de Jean Hatzfeld (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Hatzfeld
Jean Hatzfeld vous présente son ouvrage "Tu la retrouveras" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2023
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2880501/jean-hatzfeld-tu-la-retrouveras Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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