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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La double vie de Betty Russel

Après «Le mur invisible», voici un nouveau roman de Marlen Haushofer traduit par Jacqueline Chambon. Il nous offre le portrait d'une femme qui tente de se libérer de ses chaînes dans l'Autriche de la première moitié du XXe siècle

«En mai 1951, dans une petite cité autrichienne, un certain Anton Pfluger mourut dans un accident de voiture.» Ainsi commence le nouveau roman de Marlen Haushofer qui nous avait déjà impressionné avec le mur invisible. Ses héritiers constatent alors que la situation financière du défunt n'était pas aussi florissante qu'ils se l'imaginaient et son contraints de mettre en vente la demeure familiale. Betty Russel se présente alors. «Après être restée un assez long moment dans le jardin, elle dit qu'elle achetait la maison au prix que l'agent lui avait proposé. Toni dit qu'il allait faire rédiger un contrat de vente par son avocat. Elle expliqua en outre qu'il lui serait agréable que les anciens propriétaires continuent à y habiter.»
Cette étrangère, on va le découvrir bien vite, a en fait déjà vécu là. C'est son histoire que la romancière va dérouler, plongeant dans un passé mouvementé, comme une tentative de comprendre ses choix de vie, son incapacité à aimer, son envie de fuir.
C'est par petites touches, à partir d'objets et d'images que le roman est construit. Il aura suffi d'ouvrir un tiroir: «elle trouva un cierge de communiant, un petit cheval de bois, une pile de cahiers d'écolier et une boîte pleine de cartes postales et de photographies. le cheval de bois, elle le reconnut. Tout en le tournant entre ses doigts, elle eut peur d'éprouver de l'émotion ou du chagrin, mais il n'en fut rien.
La fenêtre était grande ouverte et, du jardin, montait l'odeur du foin. Betty se souvint de la jeune femme, qui, si souvent, s'était penchée la nuit à la fenêtre, les yeux pleins de larmes, émue, livrée sans force au parfum envoûtant de l'été.»
Des années qui ont suivi la première guerre mondiale jusqu'à 1951, l'entrelacs des souvenirs va nous permettre de découvrir une maison habitée par des femmes, «tante Sophie, tante Else, les domestiques et la vieille bonne d'enfants. Pour la petite fille elles étaient des géantes dans leurs longues robes et leurs lourds chignons roux, bruns ou blancs. Au milieu de ce gynécée, la petite Lisserl est tour à tour rebelle puis résignée, dissimulatrice puis triste. Et comme son chagrin n'intéressait personne, «elle devint alors polie, gentille et même un peu trop lisse.» Lisserl ou Élisabeth, on l'aura compris, est aujourd'hui Betty. Une Betty qui, sous la plume de Marlen Haushofer observe cette Élisabeth comme si elle était une autre personne qu'elle cherche à comprendre. Elle la «voit» durant ses années de pension, puis de retour auprès de ses parents accepter un travail de secrétaire puis trouver auprès de son employeur un mari. Mais c'est contre son gré qu'elle se conforme à ce modèle classique du mariage auprès d'un homme qui voit en elle surtout la mère de famille et la responsable de la bonne tenue de leur maison. Une vie de plus en plus confise et un sentiment d'inutilité s'installe qui ne trouvera pas d'exutoire avec un amant.
Si bien qu'elle choisit la liberté et laisse son mari, son enfant et son amant.
Une déchirure viendra qui ne lui permettra pas de trouver pas l'apaisement, un choix qui n'est qu'une nouvelle aliénation. Au moment de se retourner, elle va aussi dévoiler un secret de famille qui donne à ce roman de la double vie encore davantage d'intensité dramatique.

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Je retrouve avec grand plaisir la plume de Marlen Haushofer que j'avais découverre avec le fameux "Mur invisible".

L'auteure a un très grand talent pour décrire avec finesse la complexité des sentiments humains, notammt ceux de Betty ici, jeune femme née au début du XXème siècle en Autriche. Cette dernière a la sensation d'être insatisfaite et ne sait pas ce qui pourrait la combler. Les carcans familiaux et de la bonne société l'étouffent, et elle ne sait comment s'en dépêtrer.

Le retour dans son ancienne maison sera pretexte a repasser sa vie en détails. Nous y aurons une grande rétrospection sur sa jeunesse et son éducation au couvent, ainsi que ses débuts de femme mariée.

Ce personnages est extrêmement complexe et j'en ai aimé les descriptions daites par cette brillante auteure.
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J ai eu un peu de mal avec ce roman
Peut-être n etais je pas vraiment concentrée
mais comme il est court je l ai termine
Je me suis perdue dans le temps
Les souvenirs reviennent quand cette femme regardent des photos qu elle découvre dans un grenier.
Une femme qui a lutté pour faire sa place
J ai été déçue car j avais gardé un très bon souvenir du "mur invisible "du même auteur.

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C'est le portrait d'une femme, de l'enfance à l'âge mûr.
Une femme sans doute pas exceptionnelle mais avec une sensibilité particulière qui la rend inadaptée à la vie de famille telle qu'elle est conçue par la société au début du vingtième siècle (et sans doute encore actuellement, d'ailleurs).
Marlen Haushofer, par petites touches, nous dresse ce portrait tout en délicatesse.
Elle parvient à rendre magnifiquement l'univers intérieur, un peu saugrenu, un peu étouffé de cette petite fille, dans un internat. Elle décrit ses envies, ses peurs, ses amitiés, ses lâchetés, ses concessions et son apprentissage du mensonge et des faux-semblants pour correspondre au cadre. Toute la vie de cette fille, puis jeune femme puis femme qui a tenté de rentrer dans le moule, mais qui, sans révolte, sans éclat, sans rébellion n'y parvient pas.
C'est fin mais légèrement ennuyeux.
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Vingt ans après avoir rompu les ponts avec mari, enfant et amant, Betty, (désignée aussi sous les noms d'Elizabeth et Lisbeth), qu'on croyait disparue revient incognito, à 45 ans, le regard dissimulé par de grandes lunettes noires dans la maison où elle a vécu.
Se présentant comme le potentiel acquéreur de cette demeure mise en vente, elle demande à y passer la nuit et y retrouve une série de photos de son passé.
Procédé classique qu'on retrouve dans maints ouvrages de souvenirs, qui permet de remonter le temps et de tracer le bilan d'une vie .

Enfant aimée et gâtée par ses parents, elle est d'abord, comme il se devait pour toute petite fille de la bonne société allemande, élevée dans la discipline d'un pensionnat tenu par des religieuses, où elle a laissé le souvenir d'une enfant «capricieuse, libre et sans attaches» capable d'agir sur les autres «comme un poison» .
Jeune fille, elle accepte de se fiancer, mais rompt avec le promis avant le mariage.
Un peu plus tard, elle se marie, donne naissance à un petit garçon, prend un amant puis part sans laisser d'adresse, déçue par la vie « froide, incolore et inodore» qu'elle a menée . N'ayant «jamais souhaité d'être aimée», elle se libère «du poids insupportable des sentiments».

Comment sentir une quelconque empathie pour un tel personnage ?
Une femme insensible, qui choisit d'abandonner la compagnie de ceux qui sont attirés par elle, qui peuvent entraver ses élans. Pour elle, comme le suggérer le titre, les êtres croisés dans son parcours se réduisent à «une poignée », un ensemble de petites choses dont on se débarrasse aisément.

Malgré le talent de Marlène Haushofer pour analyser le comportement de son personnage avec une finesse et une acuité qui peuvent rappeler celles de Stefan Zweig, je suis restée de marbre devant ce portrait d'une femme froide, insensible aux autres, rétive aux conventions et aux règles.

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Une poignée de vies est le roman d'Haushofer qui m'a le moins plu et je pense que ce n'est sûrement pas avec celui-ci qu'il faut découvrir l'auteure.
Betty ou Elisabeth ou Lieserl (cette multitude de noms est significative) revient dans le village où elle a vécu 20 ans auparavant pour acheter la maison de sa famille. Elle loge une nuit sur place et dans sa chambre, elle découvre toute une série de photographies qui lui permettent de revenir sur les épisodes marquants de sa vie: son enfance, ses années dans un pensionnat tenu par des religieuses, son mariage...
Le roman présente bien des points communs avec Dans la mansarde ou le mur invisible. le sentiment d'étrangeté : quand on apprend le lien qui l'unit aux gens qui vendent cette maison on a du mal à croire qu'ils ne l'aient pas reconnue. Étrangeté aussi parce que Betty, comme les autres héroïnes de l'auteure, est une femme à part, qui place la liberté au-dessus de tout, même si cela ne la rend pas heureuse.
En fin de compte, c'est un roman intéressant pour ceux qui connaissent l'auteur et l'apprécient, mais passablement ennuyeux. Je me demande si ça ne tient pas au fait qu'il est moins universel que les autres qui sont plus symboliques. L'épisode du pensionnat par exemple ne parle plus à grand monde.
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