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Citations sur La maison aux sept pignons (43)

En un mot, le vieux Maule fut exécuté pour sorcellerie. Ce fut l'un des martyrs de cette terrible illusion qui devrait nous montrer, entre autres leçons, que les classes influentes et ceux qui prennent la tête du peuple sont capables des mêmes erreurs et des mêmes passions que les foules les plus frénétiques. Prêtres, juges, hommes d’État - les plus sages, les plus calmes, les plus saints personnages du temps - aux meilleures places devant les potences, furent les premiers à applaudir à cette œuvre sanguinaire, et les derniers à reconnaître leur misérable erreur. S'il est un aspect de leurs agissements qui mérite moins la critique que les autres, c'est la singulière absence de discrimination avec laquelle ils persécutèrent non seulement les pauvres et les vieillards comme lors des précédents massacres sanctionnés par la loi, mais aussi des gens de tous les rangs - leurs égaux, leurs frères, jusqu'à leurs propres épouses.
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Depuis l'arrivée de Phoebe, la seconde épouse de Chantecler était dans un abattement profond dû, comme on s'en aperçut plus tard, à son incapacité à pondre. Un jour, cependant, sa démarche importante, ses inclinaisons de tête, ses clignements d'yeux, tandis qu'elle fouillait les coins du jardin avec un inexprimable contentement, firent comprendre que cette poule méjugée portait un fardeau dont la valeur inestimable ne pouvait s'apprécier ni en or ni en diamants. Peu après il y eut un concert de gloussements et de félicitations dans toute la famille, y compris le jeune poulet tout rabougri qui semblait au courant de l'affaire autant que son seigneur et père, sa mère et sa tante. Cet après-midi-là, Phoebe trouva un œuf lilliputien adroitement caché non pas dans le nid habituel, il était bien trop précieux pour cela, mais sous les groseilliers, posé sur les herbes sèches de la saison précédente. Hepzibah en l'apprenant s'empara de l’œuf et le servit au petit-déjeuner de Clifford, pour lui faire apprécier la délicatesse de goût qui avait toujours fait, disait-elle, leur réputation. Ainsi la vieille demoiselle sacrifia-t-elle sans scrupules l'avenir d'une antique race ailée, pour procurer à son frère une gourmandise qui tenait dans une cuillère à thé.
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Le monde doit tous ses progrès aux gens mal à l'aise. L'homme heureux ne se hasarde pas à dépasser les limites anciennes.
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C’était un homme corpulent, un peu trop petit pour avoir de la majesté, bien avancé en âge et vêtu d’un costume noir de drap fin. (…) Son corps massif, son air sombre, ses sourcils broussailleux lui donnaient un aspect impressionnant, voire austère, que ce monsieur prenait bien soin de compenser par un regard enjoué et bienveillant. (…) Un observateur perspicace n’y aurait en tout cas trouvé que très peu des signes de la vraie mansuétude dont cette expression se voulait le reflet extérieur. Si en plus de son acuité et de sa sensibilité il avait eu un rien de malveillance, il aurait bientôt suspecté une parenté entre le sourire du visage et le brillant des souliers, chacun exigeant, l’un du personnage et l’autre du cireur, de grands efforts pour apparaître et durer.

(p. 142)
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Derrière la maison on devinait un jardin, qui avait dû jadis être plus étendu, mais qui avait été morcelé au profit d'habitations et de dépendances construites dans une rue voisine. Ce serait une erreur insignifiante peut-être, mais néanmoins impardonnable, si nous omettions de mentionner la mousse verte accumulée au fil des ans sur le dessus des mansardes et sur les pentes du toit, et un parterre de fleurs - et non pas d'herbes folles - qui poussait là-haut, non loin de la cheminée, dans un renfoncement entre deux pignons. On l'appelait "le bouquet d'Alice". La tradition prétendait qu'une certaine Alice Pyncheon avait, par jeu, lancé là des graines et que la poussière de la rue et les débris du toit avaient fourni le sol dans lequel elles avaient poussé, à une époque où Alice était déjà depuis longtemps dans la tombe. Quoi qu'il en soit, on éprouvait un sentiment triste et doux en observant la façon dont la nature avait adopté cette vieille maison sinistre, délabrée et battue par les vents, et la peine que prenait pour l'égayer d'une tendre beauté chaque nouvel été - qui en devenait lui-même tout mélancolique.
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Un homme aussi solide que le Juge n'a pas plus peur de minuit que de midi. Le parallèle, si juste soit-il, que nous avons tracé plus haut entre son ancêtre puritain et lui s'arrête ici. Le Pyncheon d'il y a deux siècles, ainsi que la plupart de ses contemporains, croyait fermement au ministère des esprits, qu'il tenait dans l'ensemble pour maléfiques. Mais le Juge Pyncheon de cette nuit, assis dans son fauteuil, ne croit pas à de telles sottises, tout au moins n'y croyait pas il y a quelques heures. Ses cheveux ne se dresseront pas sur sa tête en entendant les histoires que l'on se racontait justement dans cette pièce de la demeure ancestrale, du temps que les cheminées abritaient des bancs où s'asseyaient les vieilles gens pour remuer les cendres du passé et faire rougeoyer les traditions comme des charbons ardents. Ces contes sont d'ailleurs trop absurdes pour effrayer ne fût-ce qu'un enfant. Quel sens, quelle morale - car les histoires de fantômes n'en sont pas toujours dépourvues - peut-on attribuer à cette légende ridicule qui voudrait que tous les Pyncheon trépassés se rassemblent dans ce salon chaque soir à minuit ? Et pour quoi faire, je vous prie ? Pour voir si le portrait de l'ancêtre est encore accroché au mur comme le voulait son testament ! Est-ce bien la peine, pour si peu, de sortir du tombeau ?
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Après le départ du client, Hepzibah parla longuement et en termes assez vagues d’une certaine Alice Pyncheon qui avait été très belle et très accomplie en son temps, quelque cent ans auparavant. Sa riche et charmante personnalité avait laissé son parfum dans les lieux où elle avait vécu comme un bouton de rose séché embaume le tiroir où il s’est fané. Un grand et mystérieux malheur avait frappé la délicieuse Alice qui, devenue pâle et diaphane, s’était tout doucement flétrie avant de quitter ce monde. Mais maintenant encore, on croyait qu’elle hantait la Maison aux Sept Pignons ; mainte et mainte fois, tout particulièrement quand un Pyncheon était sur le point de mourir, on l’avait entendu jouer des airs tristes et beaux sur son clavecin. Un amateur de musique avait transcrit l’un de ces morceaux comme il jaillissait de son toucher tout spirituel ; il exprimait une douleur si exquise que nul jusqu’à présent n’avait pu supporter de l’entendre, à moins qu’un très grand chagrin ne lui ait fait pénétrer la profonde douceur qui s’y cachait.

(p. 110)
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Ces nuages s'étaient rassemblés comme pour symboliser la masse énorme et pesante de l'inquiétude des hommes, du doute, de la confusion et de l'indifférence qui sépare la terre des régions supérieures.
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Le soleil cependant s’était couché, et teintait les nuages au-dessus de leur tête des couleurs vives qu’on ne leur voit qu’au crépuscule, quand l’horizon a perdu son éclat plus fastueux. La lune aussi, dont le disque montait déjà depuis longtemps dans le ciel — se fondant discrètement dans l’azur, comme un démagogue ambitieux cache ses aspirations en adoptant la couleur dominante de l’opinion publique — commençait, large et ovale, à jeter de plus vives clartés.

(p. 230)
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Pour trouver une vraie dame, et de naissance, et d’éducation, inutile de chercher plus loin qu’Hepzibah, notre vieille recluse aux vêtements de soie bruissante, avec son sentiment si fort, si précieux et si ridicule de sa longue généalogie, ses prétentions obscures à des territoires princiers et, en guise de talent, les souvenirs qu’elle gardait d’avoir autrefois tapé sur un clavecin, dansé un menuet et travaillé à une tapisserie ancienne.

(p. 107)
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