Certains croient à la psychologie. Pas moi. Tout n’est que biochimie sur un substrat d’effets d’électronique quantique. Thorkild Hegn a dû être produit en dissolvant un baquet plein de chefs de service, de lieutenants-colonels et de PDG dans un liquide fortement corrosif. La solution a été réduite par évaporation jusqu’à l’obtention du concentré qui est assis en face de nous. (p. 115)
Un processus s'était engagé. Un phénomène brutal que les psychologues sauraient sans doute expliquer, mais dont le résultat est qu'il arrive un jour où une maman a serré son fils dans ses bras pour la dernière fois. Et qui contient des indices du fait que l'amour n'est qu'une illusion darwiniste ayant pour but de garantir que les parents et les autres animaux prennent soin de leurs petits.
D'une certaine manière, je dirais que je le reconnus. Sans jamais l'avoir vu.
Parfois, on n' a pas besoin d avoir déjà vu une personne pour la reconnaître. Parfois, on a la sensation lugubre d'être victime d'une affinité inexplicable qui existe déjà sans que l'on puisse en retracer l'origine.
C’est cela, le problème de la réalité. Ce n’est pas une liaison chimique stable, mais une solution liquide facilement altérable. Et cette solution contient un grand pourcentage de souffrance.
Il faut parler à son vélo. C’est un sujet que je souhaiterais aborder auprès des cercles spécialisés. Mais peut-être pas auprès de l’Académie des sciences. Il en va des vérités scientifiques profondes comme de l’honnêteté : il faut les manier avec prudence. (p. 141)
Dans toutes les familles, il y a des zones contaminées où sont enterrées de vieilles ordures, des déchets radioactifs ou des squelettes avec des lambeaux de tissu. Que nous évitons tous, soit par politesse, soit par crainte, ou bien parce qu’il est impossible de curer une vie entière, de la démonter et d’en stériliser les morceaux dans un autoclave. (p. 217)
Nous avons dressé l’image d’une planète où les tentatives rares et timides de conduite globale ont échoué. Où le modèle social occidental est entré en crise à cause du déficit des états. Où les jeunes, confrontés à un taux de chômage record, doivent entretenir la plus grande population de personnes âgées de tous les temps […] Où le système éducatif n’est ni efficace ni formateur car basé sur des schémas dépassés, préparant à des professions et à des types d’économie du XXe siècle qui n’existent plus. […] Où la pénurie de ressources conduit au néo-tribalisme et à la guerre. Il y a des arsenaux nucléaires équivalents à une kilotonne de TNT pour chaque homme, chaque femme et chaque enfant sur Terre. Même un conflit nucléaire tactique mineur, comme une guerre frontalière entre l’Inde et le Pakistan, libérerait au minimum une force explosive mille fois supérieure à la bombe d’Hiroshima. Rien que les cendres des villes incendiées provoqueraient une mini ère glaciaire dans l’hémisphère nord.
[…] — Vous n’êtes pas infaillibles, je rétorque. Vous avez mal calculé. (p. 255-256)
Peut-être n’est-ce pas du monde extérieur qu’il faudrait protéger ses enfants. Peut-être que les forces obscures qu’ils portent en eux sont encore plus terribles. (p. 377)
Parfois, on n'a pas besoin d'avoir déjà vu une personne pour la reconnaître. Parfois, on a la sensation lugubre d'être victime d'une affinité inexplicable qui existe déjà sans que l'on puisse en retracer l'origine.
Tôt ou tard, tous ceux qui souffrent d’une dépendance traversent une crise morale plus ou moins grave. Cela se produit quand le poids de la vie gâchée fait basculer le chargement. Mais pas ma mère.
Certains penseraient que c’est son absence d’éthique qui la préserve.