Tout le monde lui parlait, mais personne ne lui disait jamais rien.
Le lieutenant Scheisskopf, diplômé d'une école militaire, était plutôt content que la guerre eût éclaté, car elle lui donnait l'occasion de porter tous les jours un uniforme d’officier et de dire "Soldats !" d'une voix tranchante et militaire aux bandes de gosses qu'il brisait toutes les huit semaines avant de les envoyer à l'abattoir.
Yossarian remarqua que, en règle générale, il n’y avait pas autant de malades à l’intérieur de l’hôpital qu’à l’extérieur. De plus, les malades étaient souvent bien moins atteints au-dedans qu’au-dehors, le taux de mortalité beaucoup plus bas, et bien plus rationnel. Peu d’hommes mouraient par hasard. Les gens en savaient beaucoup plus long sur l’art de mourir à l’intérieur de l’hôpital et faisaient leur boulot de façon beaucoup plus propre et fonctionnelle. Ils ne parvenaient certes pas à domestiquer la Mort, mais avec eux, elle n’avait qu’à bien se tenir. Ils lui avaient appris les bonnes manières.
Au fond, l’aumônier était un homme très serviable, mais totalement incapable de rendre le moindre service à quiconque, [...]
Mc Watt était probablement le plus cinglé de tous les combattants, car il était parfaitement sain d'esprit et restait pourtant indifférent à la guerre.
— Ah bon ? Vous savez que j’ai menti ? (Yossarian était de plus en plus méfiant.)
— Bien sûr. Nous ne sommes pas complètement stupides, ricana le médecin en allumant une autre cigarette. Comment voulez-vous être crédible avec votre maladie de foie si vous continuez à peloter les seins des infirmières dès qu’elles passent à portée de la main ? Non, si vous voulez convaincre les gens que vous avez le foie malade, il va bien falloir que vous renonciez au sexe.
- je n'ai pas honte, répondit Yossarian, j'ai simplement peur.
- Vous ne seriez pas normal si vous n'aviez pas peur. Les hommes les plus braves connaissent la peur. L'une des choses les plus difficiles dans la bataille, c'est de surmonter notre peur.
- Oh ! ça va, Major . On ne pourrait pas laisser tomber tous ces boniments à la con ?
Certains hommes naissent médiocres, d'autres le deviennent , et à d'autres encore, la médiocrité est imposée. Major Major cumulait les trois cas.
Doc Daneeka était un homme très soigné, tiré à quatre épingles, dont la conception du plaisir était de ruminer des idées noires.
Il serait bien resté à l’hôpital jusqu'au jugement dernier sans ce Texan patriotique aux bajoues infundibuliformes et à l'indestructible sourire niais et figé qui lui fendait perpétuellement la face comme le rebord d'un chapeau de cow-boy.