Nous, Terriens, devons être un peu dingues… L’amour du beau geste. Cyrano !
Un chef ne peut pas tout connaître et il n’est pas bon qu’un seul homme détienne tous les pouvoirs. Il faut qu’ils soient partagés par plusieurs
Cal le logicien, Cal le pacifique ! Il éprouve une véritable haine pour les hommes. Enfin non, pas pour les hommes mais pour leur stupidité, leur appétit d’argent, leur imprévoyance surtout. Ce qui est terrible, c’est de penser qu’il avait tout pour réussir ; le Progrès est inévitable. Mais entre l’inventeur et ceux qui « utilisent », personne n’essaie d’imaginer ce qui va s’ensuivre ; on ne pense qu’au profit. Finalement, c’est une philosophie qui a manqué aux hommes, une philosophie qui les imprègnent suffisamment pour freiner ou orienter leurs impulsions.
- Dis-moi, Divo, si je t’emmenais vivre dans mon pays et que je t’infligeais des impôts énormes afin justement que tu ne puisses pas les payer, et qu’ensuite je te condamnais à travailler gratuitement pour moi durant vingt ans, que penserais-tu de moi ?
- Que tu es un voleur !
La réponse, sèche, est venue spontanément. Il me plaît, ce garçon.
On nous apprend à obéir depuis que nous sommes enfants, ce qui m’a d’ailleurs rendu la vie difficile. Je n’aime pas obéir sans comprendre pourquoi. Mais on me disait que je comprendrais plus tard. Et puis les habitudes viennent et on ne réfléchit plus. […]
C’est l’une des premières tâches de l’envahisseur que de modifier les mœurs du pays conquis, jusqu’à lui faire oublier ses origines.
Et puis la moralité de Jaïs de Kervan est parfois gênante : il ne mâche pas ses mots ! On le craint. On a peur qu’il ne mette les pieds dans le plat, qu’il ne révèle des choses ennuyeuses, tu comprends ? Avec sa réputation d’intégrité, un jugement de sa part a force de loi !
- Mettre les pieds dans le plat ?
- La politique, Frère, les tripatouillages politique, tout simplement. S’il apprenait le dessous des choses, il dénoncerait aussitôt les combines, les trafics d’influence, etc.
[…]
Voilà donc pourquoi Jaïs était sur le sable, pour des raisons politiques… Alors qu’il n’en fait pas. Seulement c’est un ennemi potentiel !
Entre une arme de défense et une arme d’attaque, il y a si peu de différences… et tellement de tentation de s’en servir autrement.
Un homme a ses limites. Il peut endurer des peines jusqu’à un certain point au-delà duquel il craque. Cal avait encaissé durement la nouvelle de la disparation de la Terre, puis celle de son ami Giuse et enfin sa solitude sur cette planète inconnue. Cela fait beaucoup pour un homme que rien ne préparait aux coups durs.
Mais tous les patrons ne seront pas Maîtres, seulement les meilleurs. Et quand je dis les meilleurs, je ne pense pas seulement aux connaissances, mais aussi qu’ils soient bons, dévoués, qu’il soit agréable de travailler avec eux.