AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tricape


Raconter le premier amour de sa mère pour un jeune homme totalement étranger à son milieu social et lui prêter les qualités qu'elle n'a pas reconnues à son propre père, c'est peut-être tenter de corriger la désagréable impression laissée chez beaucoup de lecteurs par "Un héros", roman dans lequel Félicité Herzog prenait la défense de son frère en éreintant ses parents. Je ne suis pas rentré dans cette lecture avec un a priori favorable : cela sentait la lessive du linge sale.

de plus, appeler "roman" un ouvrage dans lequel on met en scène des personnages réels, c'est utiliser un procédé un peu facile qui permet de se mettre à l'abri d'attaques en diffamation en arguant du côté imaginaire des propos et comportements prêtés aux personnages. C'est le cas ici. Croiser entre autres les figures de Paul Morand, Pierre Drieu La Rochelle, la fille de Pierre Laval et de Coco Chanel renforce l'impression de lire une chronique plutôt qu'un roman.

Ces réserves étant posées, le récit du combat mené par Marie-Pierre de Cossé Brissac contre ses parents pour épouser Simon Nora ne manque pas d'intérêt car il décrit simultanément deux milieux radicalement opposés, deux France à couteaux tirés : celle des parents de Marie-Pierre, riches conservateurs impliqués dans la collaboration, et celle de la Résistance armée que le jeune juif Simon a rejoint dans le Vercors. Celle d'une certaine vieille France face à la France en devenir.

"On ne choisit pas ses parents" dit la sagesse populaire. Marie-Pierre s'est vite sentie comme devant être sacrifiée par ses parents sur l'autel du mariage arrangé et "comme il faut". N'est-elle pas un très beau parti qu'il faut à tout prix empêcher de déchoir et par conséquent de ternir l'image de sa famille ? Mademoiselle se révolte et prend le contre-pied de son milieu social. Tout naturellement, quand elle rencontre le jeune et héroïque résistant juif, l'amour démultiplie sa détermination de préférer l'authentique brutalité d'une rupture familiale à la l'hypocrisie d'une union de façade derrière laquelle quartier libre lui aurait été offert de collectionner des amants... comme sa maman.

Finalement, je suis donc revenu sur mon a priori et ai apprécié tout à la fois l'histoire d'amour et le contexte historique dans lequel elle est inscrite : tant d'aspects de la période de la Libération, qui fut aussi celle des règlements de comptes, nous sont demeurés longtemps glissés sous le tapis.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}