Secret Warriors, tome 4 : Last Ride of the Howling Commandos

Ce tome fait suite à Wake the Beast ; il comprend le numéro spécial "Siege : secret warriors" et les épisodes 17 à 19 de la série mensuelle.

"Siege : secret warriors" - Il vaut mieux avoir lu Siege avant cet épisode. L'un des Secret Warriors n'est donc pas très content d'avoir vu son père déchiqueté en direct à la télé. du coup, il décide d'aller en toucher un mot en personne au président des États-Unis. Concomitamment Nick Fury retrouve Steve Rogers juste avant de se rendre sur le site d'Asgard pour cogner sur les troupes d'Osborn. Jonathan Hickman passe par un point de passage obligé et réussit à en faire un moment agréable, au moins à moitié. le carnage réalisé par le fiston en deuil n'a pas beaucoup de sens si ce n'est d'augmenter la quantité d'action de manière artificielle et pour des scènes peu crédibles. Il en va tout autrement des retrouvailles entre Fury et Rogers. le temps est enfin venu pour Fury de se payer la tête de Norman Osborn au propre comme et figuré, l'heure de la revanche a sonné. Hickman sait ne pas en faire de trop et offrir au lecteur 2 moments jubilatoires.

"Last ride of the Howling Commandos" (épisodes 17 à 19) - le récit mélange 3 époques : des scènes se déroulant dans le temps présent, des scènes se déroulant 2 semaines dans le passé, et d'autres une semaine et demi dans le passé. Dans le temps présent, Dum Dum Dugan et Jasper Sitwell sont détenus par les Nations Unies dont quelques représentants siégeant en petit comité à huis clos se demandent bien ce qu'ils vont pouvoir en faire, comment éviter un incident diplomatique avec les chinois et comment contacter Nick Fury alors que l'activité armée d'Hydra et de Leviathan commence à prendre des proportions inquiétantes. Il ya 2 semaines les survivants ayant appartenu aux Howling Commandos (groupe militaire de la seconde guerre mondiale mené par Nick Fury) descendaient quelques verres en compagnie du grand chef et de Steve Rogers. Il y a une semaine et demi des affrontements opposaient Hydra à l'une des factions des Secret Warriors de Nick Fury.

Jonathan Hickman a décidé de focaliser ces 3 épisodes sur une équipe relativement restreinte de personnages : Nick Fury, Steve Rogers, Dum Dum Dugan et Jasper Sitwell (plus quelques apparitions des Howling Commandos : Gabriel Jones, Isadore Chen, Percival Pinkerton, Eric Koening, John Garrett, etc.). Et il emmène le récit dans une direction que le lecteur n'attendait plus : l'aspect mythique de Nick Fury pour ses compagnons d'armes. Il n'hésite pas à mettre en avant le culte de la personnalité dont jouit ce soldat émérite et les valeurs bellicistes qu'il représente. Et le résultat n'est ni puant, ni simpliste. Deuxième direction inattendue, les nations souveraines commencent à s'inquiéter des activités bruyantes et destructrices de cette organisation paramilitaire louant ses services aux plus offrants.

Ce tome marque également le retour d'Alessandro Vitti aux dessins, et c'est un vrai plaisir. Il fait un usage modéré et intelligent des à-plats de noir pour densifier certaines parties de ses illustrations et souligner l'aspect noir et mortellement sérieux du scénario. Ces soldats ne sont pas là pour rigoler. Il a une manière bien à lui de croquer des visages marqués par les difficultés de la vie, les responsabilités et les combats, avec quelques traits et quelques rides, sans en abuser. Les scènes de combat sont violentes et brutales, sans pour autant être gores. La mise en scène de l'interrogatoire de Dugan et Sitwell par la sous-commission officieuse relève d'un savoir faire élaboré pour le placement des personnages et les changements d'angle de vue. Les illustrations augmentent le niveau de tension. La gestuelle de chaque interlocuteur révèle son état d'esprit (entre l'énervement de Dugan et les précautions des officiels). Les expressions corporelles de Fury traduisent également à merveille la pression qui pèse sur ses épaules et à quel point la solitude règne en maître quand on est au sommet.

Avec cette histoire, Hickman et Vitti atteignent le niveau supérieur en faisant réellement exister leurs personnages, à la fois dans le cadre de la politique internationale et à la fois en tant qu'individus. Ils dépassent les clichés inhérents à ces histoires d'espionnage et d'organisations secrètes pour évoquer le prix à payer par les combattants, fussent-ils victorieux.