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Épinal. Peu crédible de démarrer une histoire d'amour en plein coeur des Vosges. Et pourtant, avec Higelin et son coeur, tout est possible. Même d'écrire des lettres d'amour enflammées tout au long de son service militaire. Presque deux ans. C'est long, mais c'est le tarif habituel en ce temps-là, surtout avec cette putain de guerre d'Algérie de l'autre côté de la Méditerranée.

Plusieurs dizaines de lettres consignées ici, quelques années après. C'est beau, c'est romantique, c'est fougueux. Il est jeune, le Higelin à cette époque. Il se cherche encore, mais il a déjà trouvé l'amour. Un amour mis entre parenthèse pendant ce laps de temps que dure un service militaire à Épinal, en Allemagne, en Algérie. Il y eut dans un temps ancien, Adam et Ève, puis Castor et Pollux et enfin Frimousse et Pipouche. Qui est-elle cette muse qui inspire tant ce poète ? Elle ne sera mentionnée que par des ‘mon amour', ‘ma pipouche' ou quelques autres surnoms intimes. Mais cela a du la marquer, la petite, pour conserver si précieusement ces « lettres d'amour d'un soldat de 20 ans ».

Des lettres, presque tous les jours, où je perçois les sentiments du grand Jacques Higelin, son amour, sa fougue d'une jeunesse impétueuse, son impatience. Quel soldat ne rêve pas de sa prochaine permission ? Mais aussi, les nombreux doutes qui se transmettent par cette correspondance. L'amour à distance, difficile d'y survivre. Un jour sans lettre, et l'incertitude d'un tel amour s'en trouve renforcée. Et puis, au fil de cette lecture intime, parfois chaude, parfois coléreuse, j'en apprends un peu plus sur le gars, ce soldat qui n'a pas encore défini sa ligne de route pour les années futures. Il n'est pas encore connu, mais il sait déjà que sa voie passera par les Arts. Tel un saltimbanque, il écrit, il gratte de la guitare, il traîne dans les cabarets de jazz, il dessine, il s'essaie au théâtre, il rit, il pleure, il est entier, il a même une conscience politique et applaudit à la fin de la guerre d'Algérie. Autre point de ces lettres, la découverte de l'Algérie, la rencontre des gamins, la découverte des paysages, du désert, de la pauvreté mais aussi des sourires.

Je n'ai plus 20 ans, mais si j'avais su écrire de telles lettres, je ne te raconte pas le nombre de meufs que j'aurais pu pécho ! C'est si beau, si intime, si romantique. Elles me touchent, mon seul regret n'ayant de ne pas avoir su les écrire. Un tel don, je comprends mieux ses chansons, son écriture, sa folie. Jacques Higelin, un coeur, de la passion et des mots si doux qui embraseraient le coeur de plus d'une. Mais il est fidèle le jacquot, même en Allemagne ou dans le désert, dans les cabarets de jazz où la bière munichoise coule à flots ou sur les bords de la Méditerranée. Fidèle amant et grand romantique, ce Jacques Higelin.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Le décès de Jacques Higelin touche ceux qui appréciaient cet artiste, j'en fais partie. Ce livre acheté et dévoré dès de sa parution, est resté sur les rayons de ma bibliothèque, Il fait partie de ceux que je garde contre vents et marées. Malgré son aspect aujourd'hui quelque peu défraîchi car il a beaucoup circulé, il n'a pas pris une ride. Ne passez pas à côté !
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Ha Higelin !
Depuis ses tous débuts , je le suis, je l'écoute , à chaque fois étonné par sa verve, sa poésie, sa rage,sa créativité…
Il y a des années, je tombe sur ce livre acheté sur le marché à un marchand de livres d'occasion.Quel étonnement, quel amour.Quelle incroyable histoire.La femme avait gardé toutes ces lettres, et vingt cinq plus tard, elle les lui remet.
Chacune de ses lettres parle d'Amour, d'Amour et d'Amour….
Et aussi le témoignage de cette période trouble, la guerre d'Algérie, le quoditien d'un soldat….Cet amour l'aide à tenir.
Higelin avait 20 vingt ans, je crois qu'Higelin n'aurait pas été « Higelin » sans cet amour pour cette femme, qui a toujours voulu rester anonyme.
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C'est un livre difficile à lâcher. Que d'émotions !
La lecture de ces "Lettres d'amour d'un soldat de Vingt ans" est comme un hommage à Jacques Higelin. J'avais acheté ce livre il y a déjà un moment et la disparition récente de cet artiste unique a été l'occasion de cette lecture.
J'ai eu l'impression de rajeunir même si je venais seulement de naitre à l'époque où le jeune Jacques Higelin fait son service militaire en Allemagne puis en Algérie. Il fut un temps où le courrier était attendu avec impatience, les amoureux n'ayant pas d'autres moyens de se dévoiler.
Le jeune homme signe parfois « votre Frimousse » à son premier amour rencontré à Saint-Nazaire qu'il appelle « Pipouche » ou autres petits surnoms gentils. Ces lettres sont celles d'un exalté, raide dingue de celle avec qui il entretient une correspondance passionnante parce que Jacques Higelin est un grand passionné et il montre aussi qu'il est un grand poète (mais je n'en doutais pas).
Il déclare son amour sans pudeur avec le vouvoiement de la passion qui alterne avec le tutoiement de l'intimité. Mais ce qui est surprenant c'est la maturité du jeune homme. A 20 ans il a un regard sur le monde et sur sa vie, lucide et bienveillant dans un contexte pourtant difficile : la caserne, l'éloignement, la guerre. Il est déjà très engagé et se sent proche du peuple algérien.
Mais la distance entre lui et sa bien-aimée va créer des moments de tentions, de la jalousie, qui ne durent jamais tellement l'amour est fort et domine. L'irrégularité de la distribution du courrier fait que les lettres sont désynchronisées ce qui provoque aussi de l'inquiétude. Il y a aussi la déception de n'avoir personne au téléphone à l'époque où les portables n'existaient pas.
L'attente du retour en France et son projet de devenir musicien professionnel prend une place importante dans les lettres de Jacques Higelin.
D'ailleurs, il évoque Henri Crolla, son mentor, qu'il a rencontré au cinéma en 1958, sur le tournage du film « le bonheur est pour demain ». C'est Crolla qui lui a suggéré d'essayer la chanson. Il lui a donné quelques leçons de guitare et lui en a offert une pour ses 20 ans. Higelin va beaucoup travailler la musique durant son service militaire convaincu que c'est ce qu'il veut faire parce qu'il a des choses à dire.
Amoureux d'une femme et très respectueux, il aime aussi le jazz et je partage ses références musicales comme Miles Davis et les Double Six, entre autres.
Et puis, c'est l'époque des expressions comme «c'est bath» et ces lettres montrent qu'Higelin est effectivement quelqu'un de «bath». Même quand il apprend que son amour ne sera pas éternel, il fait preuve de respect pour l'autre comme il le fera toute sa vie.

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magnifique !
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J'ai découvert l'homme. Amoureux, jeune et fougueux, certes, mais quelle verve !
J'ai perçu deux phases distinctes dans ce recueil. La première partie est insouciante, passionnée, exaltée et musicale, lorsque qu'il est basé en Allemagne.
Puis, en Algérie, l'homme murit. Il observe, se positionne, s'interroge, s'implique. Toujours amoureux, bien sûr, mais soucieux de partager son vécu de ce pays en souffrance.
L'écriture est intime, magnifique, sensible, élégante, puissante, vivante. Bref, d'une beauté poétique rare. Les sentiments, à fleur de peau, sont rendus avec éloquence et virtuosité.
Au-delà du rêve de toute femme de recevoir d'aussi belles lettres, il y a la contemplation de l'homme grandissant. Ces textes présagent sa capacité à donner, à une femme d'abord, à un public ensuite.
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Ce livre est un de mes préférés de la bibliothèque qui prend bien trop de place chez moi. Tout simplement parce qu'il s'agit, à mon avis, de l'histoire d'amour la plus sincère et probablement la plus forte que je n'ai jamais lu. La savoir vraie ne rajoute qu'une petite touche en plus, mais tout ce qui fait la force et l'importance de ce livre à mes yeux, c'est le ton de Jacques Higelin, son phrasé et sa plume. J'ai souvent écouté ses chansons, et j'aime sa façon simple de dire des choses, tout autant que son univers à moitié poétique et jazzy, capable de phrase fulgurantes, de textes concis et d'une formidable énergie.
Dans ces lettres, c'est un Jacques Higelin jeune qui se dévoile, amoureux, mais déjà se retrouvent ici les principales caractéristiques de son style : la fougue, l'amour, l'art de manier les mots, la justesse du propos. Ces lettres respirent la jeunesse, l'insouciance et la légèreté. C'est d'autant plus surprenant qu'il était en service militaire, dans une guerre absurde en Algérie. Mais quel meilleur moment que ceux où la mort nous frôlent pour se rendre compte du prix de la vie ? Higelin nous raconte son amour de la vie, de la musique et du monde. Il crie à travers certaines des phrases toute la beauté qu'il voit dans le monde et l'énergie qu'il en tire. C'est formidablement vivifiant, tonifiant. A la lecture de ces lettres, je suis traversé d'une énergie qui ne demande qu'à sortir. Tout autant que je suis touché de l'amour qu'il manifeste.

Lorsque l'on parle d'histoire d'amour, on oublie souvent qu'elles naissent, vivent et parfois meurent. Ici, les trois phases seront mentionnées, mais il faut laisser à Higelin la qualité de la fin. Les deux dernières lettres sont probablement les plus importantes de ce récit, concluant d'une façon magistrale cette leçon d'amour. Que dire lorsque c'est fini ? Que dire lorsqu'il n'y aura plus rien ? "Je ne peux plus dire je t'aime, ne me demande pas pourquoi je ne ressens ni joie ni peine quand tu viens à passer par là", écriras-t-il des années plus tard dans une chanson. Mais ici, c'est lui qui répond, en donnant la plus belle réponse qu'on aurait pu attendre. Ecrire cela, le penser et le vivre, c'est d'une beauté majestueuse.
Les histoires d'amour finissent mal, en général ? C'est que vous n'avez pas lu les bonnes. Ici, l'amour est chantant, chaud et heureux, même dans le malheur. Il n'y a qu'une énergie formidable qui traverse le récit, l'énergie d'un homme jeune, d'un homme heureux, d'un homme amoureux. En lisant ces lettres, nous parvient un petit peu de cette lumière, de cette chaleur qui inonde l'ensemble. Que dire de ces premiers émois, de cette découverte de la musique et de l'absurde monde dans lequel l'homme se fait une guerre ?

Oui, j'aime ce livre. Il est de ce genre de livre que j'aurais voulu pouvoir écrire. Si un jour, un seul, j'arrive à aimer quelqu'un au point de lui écrire quelque chose qui ressemblerait à ça, je crois bien que je pourrais me dire heureux. C'est d'une force qui nous fait du bien, qui redonne espoir et qui amène les larmes aux yeux. Combien pourrons dire, à la fin de leur vie, qu'ils ont vécu cela ?
Au moins autant qu'il y aura eu de lecteur de cet ouvrage, je pense ...
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Des lettres enflammées d'un amour fou, étonnantes de maturité et bouleversantes d'intensité écrite par un jeune homme de seulement 20 ans. Higelin perçait déjà sous Jacques.
Dans cette oeuvre intime, cet échange épistolaire (dont j'aurais bien voulu lire l'autre versant ,les lettres de Pipouche) on voit naître, grandir, se développer l'auteur-compositeur et le musicien.
J'aurais tellement aimé recevoir ne serait-ce qu'une lettre de ce style.
Je relirai ce livre en piochant au hasard pour me relaisser surprendre.
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De très belles lettres. Un livre intéressant à lire, avec des passages émouvants.. J'ai surtout apprécié les lettres que Jacques Higelin écrit depuis l'Algérie.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Ah, Jacques ! tu nous manques... enfin tu me manques. Tu es tombé à terre comme les petites gouttes d'eau, sûrement un trop-plein d'amour de la vie. Oh lala ! je suis pas objectif ! J'aime tellement tes chansons. Toutes sont une ode aux sens, toutes dissimulent (ou pas) un optimisme, une résilience, une tendresse si rare. Ces lettres sont un de ces petits bonheurs que tu m'as donnés. Merci Jacques.
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