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sur 484 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tunisie, 2013. A l'issue d'une manifestation, Pauline, jeune Française membre des Femen, est incarcérée à La Manouba, la prison pour femmes de Tunis. Au sein du Pavillon D, elle partage sa cellule avec 28 détenues. Dans les marges du seul livre qu'elle a pu garder, "Les contemplations", elle glose leurs histoires, celles de tueuses, d'arnaqueuses ou de victimes d'erreurs judiciaires.

Pauline Hillier, allias Bolona, nous donne à lire les conditions déplorables de détention. Cafards, rats, insalubrité, nourriture avariée, surpopulation, mauvais traitements et humiliation... Dans le pavillon D, les femmes font face en s'entraidant et en bricolant un peu pour améliorer leur quotidien.

c'est un grand changement pour Pauline, Parisienne middle class. Si elle arrive avec ses préjugés et ses craintes, elle découvre vite une relative bonne entente entre les prisonnières. Elle s'adapte et trouve sa place dans le monde hiérarchisé de la Manouba.

Ce court séjour en prison la marquera à vie. Elle comprend une chose, ou plutôt deux. Tout d'abord, la limite entre victime et coupable, bien et mal, blanc et noir, est floue. Enfin, ces femmes ne sont la plupart du temps "coupables" que d'une seule chose : être femme dans une société patriarcale et religieuse.

J'ai aimé suivre les récits rocambolesques de ces femmes : la joyeuse Hafida, Chafia la noctambule ou la terrible Cabrane. le seul petit bémol pour moi, c'est que ces personnages nous sont racontées en quelques pages, une prisonnière, un chapitre. J'aurais préféré découvrir leur psychologie et leur vie à travers des scènes parlantes ou des dialogues.

Bien que terrible et dur, ce récit romancé dresse le portrait d'un groupe de femmes solidaires qui, malgré l'enfermement, préserve la joie, une part d'espoir et une belle pulsion de vie.

Je salue le courage de l'autrice qui, plusieurs années après, a décidé de se plonger dans ses notes et de nous écrire ce texte tout en lumière et en humanité.

Sélection Prix Cezam 2024.
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Résumé
Millitante et féministe assumée, Pauline Hillier fait partie des FEMENS lorsqu'elle manifeste, seins-nus, devant le palais de justice de Tunis pour défendre la liberté. Par ce geste, elle perdra la sienne, se faisant enfermer dans une prison pour femmes, la Manouba, où elle perd son identité, son intimité et sa dignité. le quotidien y est terrible : les cafards et les rats grouillent au milieu des prisonnières déjà à l'étroit. Les gardiennes sont cruelles et violentes. L'humanité et le réconfort, c'est auprès de ces femmes qui l'entourent, tueuses, prostituées et innocentes qu'elle la retrouvera. Au quotidien terrible imposé par un système carcéral vacillant se mêlent les histoires humaines de femmes qu'un quotidien d'oppression a parfois poussé au crime. L'auteure découvre la sororité et la bonté parmi ces prisonnières qu'elle redoute d'abord. Et pour ne jamais les oublier, elle nous raconte leurs histoires.

Commentaire
Un récit qui nous dévoile la réalité intra-muros de la vie carcérale tunisienne. La réalité est délivrée authentiquement, sans rien en cacher ni partir dans une introspection sans fin pour autant. Une justesse de ton qui nous place dans la peau de cette femme, dont l'histoire aurait pu être la nôtre. le récit coule naturellement, donnant l'impression que la série Orange is the new black se déroule sous nos yeux. Les portraits des femmes rencontrées à la Manouba se succèdent naturellement, sans lourdeur, à chaque fois intéressants et touchants. Cet ouvrage est un apprentissage à part entière. Celui de la réalité de la vie dans une prison, d'une société misogyne subie par les Tunisiennes, et de ce que signifient vraiment le bien et le mal. Un ouvrage qui mérite d'être lu et dont on ressort grandi.

Structure du récit : 5/5 : le récit débute lorsque Pauline est emmenée, sans aucune information sur le destin qui l'attend, entre les murs d'une prison de Tunis. Puis son quotidien dans la prison se déroule chronologiquement, avec les rencontres de ses co-détenues qui arrivent à des moments judicieux et naturels. La fin boucle ce périple juste comme et où il faut.

Personnages : 5/5 : Toutes les rencontres racontées par Pauline sont judicieuses. Leurs histoires sont différentes et universelles à la fois, on peut s'identifier, ou du moins partager un moment d'empathie avec chacune d'entre elles. Ce sont des femmes, réelles, qui ont toutes leur part d'innocence, de bonté, de culpabilité et de colère.

Style : 3/5 : le style n'a rien de particulièrement travaillé, mais je pense que cela sert l'histoire, qui n'aurait pas supporté trop d'élans poétiques ou imagés. Il a toutefois la qualité de savoir se faire oublier, et de donner l'impression de vivre le texte en temps réel, en même temps que l'autrice.

Intérêt de l'histoire : 5/5 : La thématique abordée n'est pas des plus feel good, ce qui est décrit est loin d'être embelli. Pourtant l'ouvrage semble facile à lire, parce qu'il est pertinent et intéressant. Il délivre le vrai récit d'une réalité que l'on connaît mal en toute humilité.

Globalement, j'ai été très agréablement surprise par cette lecture vers laquelle je ne me serai pas tournée, si ce n'avait été dans le cadre d'un stage en maison d'édition. Mais ce récit (pourtant vrai) m'a autant passionné qu'un épisode de Orange is the new black !
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De son emprisonnement, cinq ans plus tôt dans une prison de Tunis, Pauline Hillier propose un roman poignant et édifiant sur la condition des femmes enfermées mais aussi de celles de ce pays.

Fin mai 2013, Pauline Hillier manifeste seins nus avec d'autres Femen devant le Palais de Justice de Tunis durant le procès de Amina Sbouï, militante féministe. Elle avait posté sur les réseaux sociaux une photo d'elle, seins nus, affirmant en commentaire « Mon corps m'appartient et n'est source d'honneur pour personne ».

Séquestrée par des groupes extrémistes, elle décide de taguer un mur d'un cimetière pour dénoncer son traitement. Arrêtée, elle subit une peine d'emprisonnement de deux ans et demi pour possession de bombes aérosols et profanation d'un cimetière. Pour protester contre son arrestation abusive, deux Femen françaises, dont Pauline Hillier, et une allemande ont été incarcérées.

Pauline Hillier choisit dans ce roman Les contemplées de se présenter seule pour raconter son incarcération et donner voix, corps, histoires à ces femmes, parias d'un monde sous le joug d'un patriarcat absolu, oubliées et muselées, au fin fond de la Manouba, la prison de femmes, dans le pavillon D.

Pauline Hillier n'épargne rien des conditions terribles de détention, les odeurs, la saleté, les cafards, la chaleur, la brutalité des gardiennes, la promiscuité, le manque d'intimité, etc. mais démontre la solidarité qui règne dans ce pavillon, un peu moins violent que les autres, qui rassemble vingt-sept femmes de tous âges, de toutes conditions, de toutes origines dans un espace si réduit que certaines sans lit couchent par terre, tête bêche avec une autre.

Trouvant le subterfuge de lire dans les lignes de la main, “La voyante”, comme elle est surnommée au début, entre en contact avec certaines de ces femmes. Et ce simple geste du toucher suffit à libérer la confiance pour que chacune raconte un peu de son histoire. de celle qui affirme, Pauline Hillier devient celle qui écoute et accueille.

Et, les portraits de ces femmes que Pauline Hillier nous transmet prennent consistance : La Cabrane, cheffe du pavillon d'et sa vie de “mord-la-poussière”, Fuite et sa foi opportuniste, Hafida la généreuse au ventre qui s'impose, la si vieille Boutheina et ses médicaments secrets, mais aussi Samira, Chafia l'insomniaque, Warda et tant d'autres.

Ayant emmené dans son voyage de contestation un seul livre, Les Contemplations de Victor Hugo, ce recueil de poèmes lui servira, à la fois, d'instants d'évasion, de journal intime et de mémoire codée.

Pauline Hillier les a aimées ses Contemplées, femmes de rien, prisonnières ou matonnes, brutales ou désarmées, mais toutes bafouées par l'arbitraire qui leur dénie toute humanité.

Plus qu'un roman, Les Contemplées sont un hommage au courage de ses femmes opprimées, réduites à l'état d'esclaves par un arbitraire sociétal, religieux et ancestral qui ne reconnaît à cette partie de l'humanité aucune liberté.

Une force de vie et des brins d'humour, quelque fois ironique pour accepter l'insoutenable, rendent la découverte de ce récit indispensable et aisé. Par contre, difficile de ne pas succomber à la révolte contre l'injustice en constatant les motifs d'incarcération, leurs conditions de vie, et les modalités d'une justice qui n'a de juste que le nom.

Libérée au bout de quelques mois, Pauline Hillier nous laisse continuer à faire vivre ces femmes, nos soeurs de misères, qui ressemblent tellement à celles qui peuplent les prisons iraniennes actuellement et dans d'autres endroits du monde.

Ne les oublions pas !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Arrêtée alors qu'elle manifestait à Tunis, l'autrice, française, nous raconte son mois d'emprisonnement dans le "Pavillon D" de la Manouba. Il y a une telle humanité dans ce récit, que j'aurais envie de le qualifier de beau. Un terme qui peut sembler inapproprié, pourtant, c'est bien ce que j'ai ressenti au cours de ma lecture. J'ai été profondément touchée par toutes ces femmes, par leur histoire, leur force, leur façon de s'entraider. Bien entendu, toutes ne sont pas des anges, mais qu'importe ! La façon dont elles ont été - sont - traitées par les hommes m'a mise dans une colère sourde. Je lisais parfois le coeur serré, la rage au fond des tripes, mais en même temps, j'étais sincèrement reconnaissante de les avoir rencontrées à travers cet ouvrage. Des femmes particulièrement attachantes et incroyablement lumineuses, compte tenu des circonstances.
Les contemplées est un récit puissant, d'une grande sensibilité, qui m'a complètement conquise. Je vous conseille vivement de le découvrir !
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Les contemplées c'est l'histoire d'une journaliste enfermée pour des raisons illégitimes, mais ce n'est pas le coeur de l'histoire.
L'essentiel, ce sont ces femmes enfermées au même endroit, à la Manouba, une prison tunisienne. Présentées comme des monstres, filoutes et qui n'hésiteraient pas à vous la mettre à l'envers dès le dos tourné, elles se révèlent en réalité d'une sororité la plus pure, face aux insanités subites par 100% d'entre elles.
Un beau roman d'espoir mais qui fait parfois s'hérisser les poils !
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Un reportage plus qu'un roman, une plongée dans une prison de femmes en Turquie, à Tunis, La Manouba, on pourrait dire un journal de bord. Oui on y apprend dans le détail le quotidien d'une jeune française arrêtée, mais pas que, c'est subtilement que les difficultés personnelles révèlent les autres femmes de la cellule, 27 pour être précis. Des femmes liées par l'injustice, le scandale, le vol ou le meurtre. A travers leurs forfaits c'est la société patriarcale tunisienne qui est décriée. Livre engagé, militant, humain, sensible. Jusqu'à la fin, la jeune française se tient au plus près de ces destins sans dévoiler la cause de sa propre sentence. Longtemps après sa liberté, elle garde le souvenir de cette expérience et on aimerait en savoir plus sur ces femmes restées là bas, le sujet d'un autre « roman » peut-être.
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Roman autobiographique d'une ex Femen qui a été arrêtée pendant le printemps arabe. de son « crime » toutefois, on saura peu de choses comme si le parti pris de l'auteure était d'effacer son histoire personnelle pour tout entier embrasser le vrai sujet de ce roman : la Manouba, une des prisons de Tunis de sinistre réputation où elle va se retrouver incarcérée pendant plusieurs mois.
Dans cette prison, privée de ses repères, loin de son environnement, l'auteure va devoir sortir d'elle-même et s'ouvrir aux autres pour parvenir à survivre aux conditions difficiles de sa détention.

Les portraits touchants des femmes qu'elle va rencontrer resteront longtemps dans mon coeur. Car dans cet enfer carcéral, ce ne sont pas des monstres que l'on a enfermés : une a été infidèle à son époux et se retrouve emprisonnée pour cinq ans en l'absence de pardon de son seigneur et maître. Une autre était une femme battue que personne n'a aidé et qui n'a eu d'autre choix que de s'occuper elle-même de son bourreau. D'autres sont des infanticides et beaucoup ne sont pas totalement innocentes. Mais presque toutes ont en commun d'avoir souffert d'une société qui ne les a pas bien traitées et d'avoir été sévèrement punies pour avoir osé relever la tête et se rebeller.

Ce livre est la voix de toutes ces femmes touchantes et fortes qui nous parvient à travers les murs de la Manouba. Magnifique témoignage !
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Ce roman inspiré d'une histoire vécue ne peut laisser indifférent. Une incarcération même pour un fait mineur doit déjà être une épreuve. Mais dans un pays qui n'a pas le même respect des droits humains, dont on ne parle pas la langue, doit être encore plus terrible même pour une courte durée. L'auteure nous fait bien revivre cette situation d'enferment et des relations avec les autres codétenues. Cela m'a beaucoup rappelé le film "Midnight Express" vu il y a quelques année maintenant mais qui était encore plus fort et plus dur.
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De son expérience dans la prison pour femmes en Tunisie, l'activiste française, Pauline Hiller, tirera ce roman témoignage.

Une leçon d'humanité et d'entraide pour qui sait faire preuve d'écoute, d'empathie et d'humilité.

Un ouvrage brut et sincère.
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Tunisie. La Manouba, la plus grande prison pour femmes où règne la seule et unique loi, celle des hommes. Qu'ils soient père, frère, cousin ... ils sont les maîtres de tout et règnent sur tout. Les gardiennes y sont violentes, vicieuses ... elles ont oublié qu'elles étaient aussi des femmes. Parce que dans ce monde-là, les femmes ne sont rien.
Dans son malheur, la narratrice se retrouve dans le Pavillon d'au milieu de 25 femmes incarcérées pour drogue, violence, crime ... Pas vraiment paradisiaque comme endroit auquel s'ajoutent la malnutrition, l'insalubrité, la maltraitance. Elle comprend très vite que si elle veut survivre, elle doit se faire accepter et s'intégrer à ce groupe.
Elle va suivre le chemin des lignes de la main pour apprendre à connaître ces femmes et leur combat.
Un chemin lumineux ...

Sous la plume de Pauline Hillier, Boutheina, Fuite, Hafida, Warda, Fazia, Samira, la Cabrane et les autres prisonnières se transforment en héroïnes. Elles sont lumineuses dans cet environnement lugubre. Elle sont lumineuses d'humanité, d'amour, de sacrifice, d'écoute.
Elles traversent la vie de la narratrice et la nôtre pour y graver leurs histoires.
Les contemplées ... Un roman de contemplation. Des femmes inoubliables. le chemin d'un combat sans fin.

"J'ai compris que de ces douleurs sourdes naîtra un beau jour la révolte flamboyante qui renversera le monde. Moi qui pensais savoir quoi du bien quoi du mal, qui à tort qui à raison, qui de bon qui de mauvais, j'ai été déboulonnée de toutes mes certitudes. Moi qui me croyais forte, je suis devenue humble. Moi qui venais parler, j'ai appris à écouter."
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