Citations sur Ceux qu'on aime (44)
Parce que j’aimerais que tout le monde ait des droits dans ce pays, et pas seulement les riches. Pas seulement les politiciens et les sympathisants nazis. Les pauvres ont le droit de manger, eux aussi, et la gauche, de jouir de sa liberté d’expression. Si tu veux vivre éternellement sous l’occupation allemande, c’est ton choix. Contrairement à toi, je ne me soumettrai jamais aux nazis.
Rares éraient ceux qui, en observant leur pays dévasté, n'éprouvaient pas ce sentiment de charmolypi. La joie suscité par la libération était ternie par le spectacle de leur patrie en ruine.
Elle s'intima de cesser de penser à cet inconnu. Et pourtant, elle ne parvenait pas à lui fermer la porte de ses rêves.
Le bruissement d'un ourlet sur sa joue, la vibration du parquet sous les pas de ses frères et soeurs qui courent, le cliquetis de la vaisselle en provenance d'un lieu invisible et les souliers marron à boucles de sa mère, moulés sur ses pieds difformes. Tels étaient les premiers souvenirs de Themis.
Il savait aussi bien que quiconque que cet hiver était le plus froid depuis des années. La famine faisait des milliers de victimes, chaque semaine, rien qu'à Athènes. Jusqu'à présent cependant, leur famille avait été épargnée. Il courut vers sa soeur, qui suivait toujours le corps de son amie, agitée de sanglots incontrôlables.
- Thémis, dit il en la prenant par les épaules et en calant son pas sur le sien. Tu ne peux pas l'accompagner.
Les gens commençaient à perdre leur humanité. Le schisme entre la gauche et la droite s'était approfondi, la polarisation s'était accentuée, et la ville en payait les conséquences. Jour après jour on entendait de nouveaux récits révoltants de violences et d'exécutions. Chacun ne se préoccupait plus, au quotidien, que de survivre...
La vie suivait son cours cruel sur l'île de Trikeli. la nourriture était infecte, les punitions constantes et les gardes continuaient à distribuer des coups discrètement. L'île contenait encore des milliers de prisonnières, et des centaines d'enfants. Ils n'étaient pas pris en compte dans la distribution des rations de nourriture, si bien que tout le monde était sous-alimenté...
Pour la première fois de sa vie, Themis mesurait combien la musique avait besoin de silence pour exister. En l'absence d'interruptions, la succession de notes n'était que du bruit.
Lorsque la tyrannie menace le peuple, il doit choisir entre les chaînes et les armes.
— Theé kai kyrie ! Regardez ses pieds ! s’exclama l’une d’elles. Ils les ont brisés.
La femme passa toute la journée allongée sur son fin matelas. Elle était là pour rappeler aux autres le destin qui les attendait peut-être, elles aussi. La nuit suivante, il y eut une autre victime. Et ainsi de suite. Les viols étaient fréquents, mais d’autres revenaient sans ongles ou avec des brûlures de cigarettes sur la poitrine. Certaines enfin étaient frappées avec des chaussettes remplies de pierres. Chaque nouvelle victime était une preuve de ce qui arrivait lorsqu’on refusait de signer la dilosi.
Personne ne pouvait prédire l’heure précise à laquelle la porte de la tente s’ouvrirait à nouveau pour que les gardes choisissent la prochaine martyre au hasard.