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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Londres, début des années 1980. Au Corinthian Club, dans la pénombre d'une piscine souterraine, les hommes s'abandonnent aux mouvements de l'eau, sculptent incessamment leur corps, se frôlent, s'effleurent, s'observent. Certains sont juste de passage, d'autres de vieux habitués des lieux, plus ou moins vieux, plus ou moins désirables.
Will Beckswith, jeune héritier charmant, très occupé à ne rien faire de sa vie et à collectionner les conquêtes faciles, y rencontre un vieux lord un peu absent, qui, pour des raisons mystérieuses, le met au défi d'écrire un livre sur sa vie, finissante mais bien remplie. Pas vraiment emballé, curieux malgré tout, Will se retrouve alors à la tête d'un vaste corpus de journaux intimes et, de lectures en rencontres, finira par découvrir quelques petites choses étonnantes, susceptibles de bouleverser sa vision jusqu'alors très insouciante de l'existence.

La Piscine-Bibliothèque dessine un double portrait, comme en miroir. Celui d'un monde que le lecteur sait à deux doigts de disparaître, le Londres gay d'avant le sida, alors que la révolution des moeurs offre, en apparence du moins, une absolue liberté. Celui d'un homme un peu trop gâté par l'existence, sur le point de perdre une forme d'innocence dans la découverte des dessous cruels de son petit monde doré. La vie de l'un peuple l'autre d'un défilé de personnages hauts en couleurs, intrigants, attachants, attirants ou malsains, et tous deux sont également hédonistes, insouciants, séduisants - et au fond menacés.

Séduisant, il l'est tout particulièrement, Will, par ses défauts autant que ses qualités. Par ce mélange délicieux de désinvolture et de narcissisme, de persistante candeur adolescente et d'intelligence acérée, de frivolité apparente et de profondeur sensible, de culture raffinée et de sensualité débordante. Par cette voix que la narration lui donne, très crue et pourtant élégante, touchante et drôle, avec juste ce qu'il faut de lucidité et de distance vis à vis de soi-même, d'autodérision et d'humour subtil.
Un régal, pour moi, que ce garçon, comme à peu près tout ceux qui tournent autour de lui. Ses amants très sexy et parfois plus intéressants qu'ils n'y paraissent au premier abord, son meilleur ami trop sage et solitaire, son intrépide neveu de six ans et ses impayables quoique très sérieuses questions sur "les homosexuels". le vieux lord Charles, charmant et ambigu avec ses souvenirs et ses mystères. Jusqu'au grand-père du narrateur, personnage peu présent mais essentiel, qui ne manque ni de nuances, ni d'intérêt.

Tout cela est merveilleusement écrit, avec un talent particulier pour poser des ambiances captivantes ou bousculer le banal d'un trait de nonsense aussi subtil que drôle. Si le sexe est omniprésent, et sous des formes souvent très crues, il l'est sans vulgarité, l'auteur possédant ce don - assez rare et que j'apprécie d'autant mieux - pour conférer une beauté en clair-obscur, solaire, puissante, brutale, sensuelle, à ce qui sous une autre plume pourrait facilement sembler sordide.

Grand coup de coeur, en somme, que ce roman - avec tout juste un petit bémol sur la fin, un peu abrupte et trop ouverte à mon goût. Certes, elle laisse la part belle à l'imagination, à l'interprétation - ce que j'apprécie toujours, et je serais en l'occurrence assez curieuse d'en discuter avec les autres lecteurs du livre. Mais un peu trop de fils restent en suspens et c'est d'autant plus frustrant que j'aurais bien passé quelques centaines de pages supplémentaires en compagnie de tous ces personnages.
J'en serai quitte pour aller découvrir les autres livres de l'auteur !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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J'ai beaucoup aimé ce livre, n'ayant lu que très peu de romans dits gays.

Alors oui tout semble un peu cliché : des gays partout, des gens tellement riches qu'ils n'ont pas envie de travailler, très peu d'homophobies, tous les gays ont envie de coucher avec notre personnage, des pauvres serveurs, etc. Mais cette vision clichée d'une époque que je n'ai pas connu m'a beaucoup intéressée. On se laisse embarqué dans la vie de ce jeune homme facilement et on la trouve aussi fascinante qu'énervante.

Il y a bien sûr un côté dérangeant pour nos yeux de 2020 : des adultes qui couchent avec des mineurs, la fascination pour les " noirs " non pas pour ce qu'ils sont mais pour ce qu'ils représentent à ces nobles, ... Mais il faut passer outre et sont révélateurs aussi de cette époque.

Quel dommage cette fin qui n'en est pas une ! Terrible déception .... Je ne comprendrais jamais cette manie de ne pas vouloir clôturer un roman.
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Lue la nouvelle traduction d'Alain Defossé pour le compte d'Albin Michel.

La Piscine-bibliothèque est un chef d'oeuvre : la vie londonienne perçue via le regard du narrateur, William, procure autant d'admiration que de surprise. le mélange de plusieurs intrigues rend chaque chapitre palpitant, notamment le récit de Charles Nantwich, personnage mystérieux à bien des égards, épris d'affection pour les lieux de rencontre et les jeunes recrues. William ne commence à appréhender le personnage à sa juste valeur qu'après de nombreux rebondissements.
Sur le plan littéraire, Alan Hollinghurst est maître dans l'art de jongler avec les mots pour susciter chez le lecteur des sentiments parfois déjà rencontrés. Au lexique riche, le texte est fluide et précis, même dans la description crue, sans filtre des passages érotisant la vie des personnages.
Seul regret : l'on reste sur sa faim après avoir terminé la lecture !
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Nous sommes dans les années 1980, à Londres. Will est un homme dilettante qui vit des rentes de sa famille. Son grand-père était procureur général, puis est devenu lord. Il passe ses journées à la piscine, à draguer et à coucher avec les hommes qui l'excitent, surtout s'ils sont plus jeunes que lui.

Un jour, il croise dans la rue un jeune homme qu'il désire profondément. Il file dans les toilettes publiques les plus proches, lieu de drague prisé par les homosexuels. Il s'installe à un lavabo et guette son arrivée dans le miroir. Aux pissotières, des hommes font semblant d'uriner. le jeune homme n'arrive pas. Soudain, un octogénaire, aussi présent pour la drague, s'effondre au sol. Alors que la plupart des autres types partent de peur de se faire arrêter par la police pour outrages à bonnes moeurs, Will décide de rester et de porter assistance à cet homme en détresse.

Bien sûr, l'octogénaire qu'il va sauver n'est pas n'importe qui. Et c'est justement pour cela qu'il va demander à Will, profondément inactif, de rédiger sa biographie.

Will ne sait pas s'il doit accepter ou refuser. La vie de cet homme était-elle si intéressante ? En est-il capable lui-même ? Pourquoi le ferait-il ?

C'est le point de départ d'une plongée dans la vie d'un homme de bonne famille homosexuel au XXe siècle, mais aussi d'un jeune homme dans les années 1980.

Le roman est écrit en 1988. Cela se sent dans le style, mais aussi dans la représentation de l'homosexuel qui drague dans les lieux publics, est chassé par la police, etc.

Les 150 premières pages ont été compliquées pour moi, car elles manquaient de rythme et, bien que le personnage principal soit intéressant, je n'arrivais pas à voir vers quoi je me dirigeais.

Néanmoins, j'ai fini par être captivé. Même si j'ai trouvé les passages du journal intime trop longs, j'ai aimé me plonger dans l'homosexualité au temps de la colonisation, moi qui répugne généralement à lire des livres « historiques ».

La fin est évidemment très intéressante. Je ne m'attendais pas au petit twist qui s'est présenté comme la cerise sur le gâteau. Cependant, le livre s'achevant sur une intrigue secondaire non close, j'ai été un peu frustré.

Je conseille sa lecture aux fans d'Hervé Guibert, évidemment, et à tous ceux qui aiment la littérature gay en général. C'est un classique.
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