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sur 140 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dorrit vient de fêter son cinquantième anniversaire mais, malheureusement, elle n'a aucun enfant. Cela ne signifie qu'une chose : l'unité. Dans cette Suède futuristique, toutes les personnes qui atteignent cet âge vénérable sans avoir à s'occuper d'un enfant sont jugées « superflues ». Une dépense inutile pour la société. Elles sont envoyées dans un complexe où elles passent le temps, en attendant le don final, c'est-à-dire le moment où elles feront don de leurs organes vitaux destinés à de jeunes personnes.

À travers les yeux de Dorrit, le lecteur découvre un peu cette Suède dystopique. Pas si loin dans le futur, mais suffisamment. Je regrette un peu que l'auteure Ninni Holmqvist ait limité son univers à l'unité. J'aurais aimé découvrir à quoi ressemble l'avenir en dehors de ce complexe pour « personnes âgées ». D'ailleurs, c'est mon deuxième bémol : j'ai de la difficulté à croire qu'on puisse juger inutile une personne de cinquante ans. Actuellement, les gens dans cette tranche d'âge sont encore des travailleurs actifs dans la société et leur forme physique leur permet d'accomplir des tâches journalières lourdes. Mais bon…

Dans tous les cas, il s'agit de la prémisse de l'histoire alors on ne peut rien y faire. L'action se déroule presque entièrement dans l'unité, elle n'est pas particulièrement enlevante. Tout le long de ma lecture, j'avais d'horribles flashbacks d'une lecture précédente, La montagne magique, de Thomas Mann. Fort heureusement, Holmqvist nous a épargé toutes les longueurs et discussions philosophiques et métaphysiques de Castorp et de ses amis ! Sa protagoniste, Dorrit, est plus sympathique, terre à terre. Son parcours professionnel et son vécu personnel, bref, son passé, peut être celui de n'importe quelle personne de cinquante ans. Elle avait sa belle petite maison, son chien, son désir d'écrire un livre… Vraiment touchant. Mais elle n'est pas une grande héroïne et par moment je me lassais de lire ses impressions et états d'âme sur son quotidien somme toute assez banal.

C'est que l'intrigue prend du temps à se former. Pendant plus de la moitié du roman, Dorrit découvre l'unité et ses nombreux loisirs récréatifs, développe de nouvelles amitiés (destinées à disparaître rapidement) et doit participer à des expériences... Après tout, elle doit se rendre utile pour la société. C'est l'occasion idéale pour le lecteur de réfléchir sur le sort que l'on réserve à nos ainés, sur la place de plus en plus prépomdérante de l'économie (l'argent, les rendements) dans notre société, sur le sens de la vie tout court. Dérangeant ! Malheureusement, ces thèmes abordés ne sont pas appuyés par les multiples pistes (auxquels le roman d'anticipation se prête) que l'auteure aurait pu exploiter. D'un point de vue strictement littéraire, je suis resté sur ma faim. Somme toute, l'unité est un roman plaisant mais sans grande prétention…
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Suède, dans un futur proche. le taux de natalité est au plus bas, l'état instaure un projet pour la relancer et crée l'unité. le concept est simple, toute femme de plus de 50 ans et tout homme de plus de 60 ans, célibataires et sans enfant est intégré dans le programme de sauvegarde des êtres utiles à la société. Ces « superflus » seront cobayes lors d'expériences scientifiques ou se verront retirer les organes nécessaires aux soins destinés à un être considéré comme « utile ».

Dorrit vit seule, mais a un amant, un homme marié qu'elle aime, et qui l'aime "presque" mais cela ne suffit pas. le jour de son cinquantième anniversaire étant proche, elle va devoir quitter sa maison, abandonner son chien et rejoindre l'unité. Doritt est maintenant passée dans la catégorie des superflus.

Arrivée là-bas, à son grand étonnement elle constate qu'une véritable cohésion de groupe y règne. Elle s'y fait vite des amis avec lesquels elle partage de nombreux moments agréables. Leur vie entre obligations médicales et loisirs est plus douce que ce qu'elle avait imaginé. Même s'ils ont conscience que leurs jours sont comptés, la plupart d'entre-eux vivent normalement et apprécient la qualité des services qui leurs sont offerts . Mais, tous savent qu'un jour ils devront faire leur don final, celui d'un organe nécessaire à leur vie.

Malgré la surveillance constante qui règne dans les lieux, Dorrit peut vivre une ultime histoire d'amour, de celles qui auraient pu lui éviter d'être une « superflue ».

C'est un très bon roman d'anticipation que j'avais déjà lu il y a deux ans, lorsqu'il faisait partie de la sélection littérature « Prix des lecteurs 2014 des éditions le Livre de Poche ». Je l'ai proposé comme lecture commune au club de lecture que j'anime, car je trouvais le sujet intéressant :

Quelle est notre place dans ce monde ? En quoi sommes-nous utiles à la société ? S'il passe par la solitude, faut-il renoncer à notre épanouissement personnel et contraint et forcé, être amené à fonder une famille ? Sommes-nous des sous-hommes si nous n'avons pas d'enfant ?

Ninni Holmqvist a réussi à traiter l'expérimentation humaine d'une façon assez douce, évitant une approche gore qui aurait été trop facile. Les sentiments des résidents sont bien analysés et les choix auxquels ils sont confrontés de nature cornélienne. Je me pose encore la question à savoir si oui ou non, j'aurais pris les mêmes décisions que Johanes ou Dorrit.

Un roman qui m'a interpellé et que j'ai beaucoup aimé malgré le fait que je ne suis pas une grande adepte de science-fiction. C'est très probablement parce qu'il est criant de vérité et qu'un jour peut-être, nous en viendrons à de tels agissements, qu'il m'a tant touché.

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Dorrit vit dans un monde proche du nôtre, jusqu'à ce qu'elle fête ses 50 ans alors qu'elle est toujours célibataire et n'a pas eu d'enfants. Aux yeux de la société, elle est donc considérée comme "superflue". Elle doit rejoindre l'Unité, où elle est coupée du reste du monde : à partir de là, elle n'existe plus. Logée dans un appartement lumineux et confortable, bien nourrie, tout le monde est aux petits soins pour elle, comme dans une super maison de retraite ! Sauf que l'envers du décor est bien plus noir : ces "superflus" servent en effet de cobaye pour toutes sortes d'expériences et peuvent être amenés à tout moment à offrir leurs organes à des individus méritants, souvent pères et mères d'une famille nombreuse.

Nous suivons donc Dorrit dans sa nouvelle vie, ses espoirs déçus et l'acceptation de sa nouvelle condition. En y réfléchissant, l'idée est assez atroce en elle-même : on demande à une partie de la population de renoncer aux droits de l'homme, en même temps que leurs devoirs envers la société augmentent, comme une dette à payer, comme si elle n'avait pas rempli un contrat non dit qui oblige la femme à procréer …

"Il y a d'abord eu la loi stipulant que les parents devaient se partager à part strictement égale le congé parental au cours des dix-huit premiers mois de l'enfant. Ensuite, la crèche est devenue obligatoire huit heures par jour pour tous les enfants entre dix-huit mois et six ans. La femme au foyer et son soutien masculin sont des notions depuis longtemps non seulement exclues mais bannies. Quant aux enfants, ils ne sont plus des freins ou des entraves pour quiconque. Plus personne ne court le risque de finir dans une situation de dépendance, de se retrouver à la traîne dans son évolution salariale ou de perdre ses compétences professionnelles. En tout cas, pas à cause des enfants. Il n'y a plus d'excuse pour le pas procréer. Il n'y a plus d'excuse non plus pour ne pas se tuer au travail lorsqu'on est parent. "

J'ai d'abord été un peu déçue quand j'ai eu le fin mot de l'histoire : tout cela ne me semblait qu'un vaste réchauffé de Auprès de moi toujours, par Kazuo Ishiguro, qui date de quelques années. Certes, la nature des personnes concernées est différente puisque ce ne sont pas des clones mais bien des êtres humains (issus d'une mère !). Les personnages n'ont donc jamais rien connu d'autre et on ne leur a jamais caché ce qui allait leur advenir. Et dans les deux cas, ils sont capables de sentiments, d'émotions. Au final le résultat des deux romans est le même, mais ce postulat de départ peut faire toute la différence, et expliquer les réactions d'acceptation et de rejet de chaque personnage.

Mais dans L'Unité, le point de vue est un peu différent que dans Auprès de moi toujours, dans lequel les clones ne servaient que de bétail. Ici, la réflexion est allée plus loin, et la solution a débouché conséquemment de l'amélioration de l'égalité au quotidien. Cela crée une société qui pourrait être donc parfaite, si l'égalité hommes-femmes suffisait à fonder une société cohérente. Malheureusement, ce n'est pas le cas car ce qui est à noter, c'est que les personnes les plus superflues sont souvent les intellectuels, artistes ou autres gens qui lisent, qui créent. Peut-on supposer que l'art est incompatible avec la procréation ? Et que du coup, mieux vaut sacrifier l'art que la capacité de reproduction de la société ? L'égalité hommes-femmes vaut-elle la peine que l'on élimine la culture ? La liberté de choix peut-elle être sacrifiée pour la cause de l'humanité ?

Ninni Holmqvist nous propose donc un monde dystopique glaçant, mais qui ne m'a semblé finalement peut-être pas assez développé, fouillé, pour être entièrement crédible. Néanmoins c'est un roman agréable, qui prend aux tripes et ne nous laisse pas en sortir indemnes. Ce qui augure bien de la suite de la carrière de ce nouvel écrivain.
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Une histoire dérangeante sur la place de chacun dans la société. Sommes-nous utiles ou non à la société ? Quelle valeur avons nous ? La communauté doit-elle passer avant l'individualité ? L'auteur a imaginé ici une "solution" aux problèmes des retraites qui fait froid dans le dos ! Malgré quelques longueurs et quelques passages un peu tirés par les cheveux, c'est un bon livre qui flirte avec la SF.
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L'Unité est un roman d'anticipation qui fait peur tant il bouleverse nos valeurs et notre conception de la vie et de l'existence humaine. Pour autant, notre curiosité est aiguisée tout au long de ce récit cauchemardesque, tenue en haleine par l'histoire émouvante de Dorrit qui nous laisse espérer un revirement de situation, une remise en cause du système idéologique développé dans ce livre. Ce roman est extrême émotionnellement. Il nous amène tour à tour à ressentir de la colère, de l'injustice, et au-delà nous conduit à réfléchir sur les valeurs de notre société et les dérapages qu'il peut y a voir à vouloir maîtriser LA VIE et son déroulement naturel.
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