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sur 275 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En lisant le Rocher blanc, je me suis laissé emporter par l'écriture d'Anna Hope, bien traduite par Élodie Leplat. Comme j'avais bien apprécié La salle de bal et Nos espérances, je voulais poursuivre l'aventure avec cette autrice et je n'ai pas été déçu.
Autre source de motivation, notre rencontre, avec cette écrivaine britannique aux Correspondances de Manosque 2022. J'avais été intrigué par la présentation de son nouveau roman bâti sur un défi familial ramenant Anna Hope et son mari, bien loin, là-bas, sur la côte pacifique du Mexique malgré un voyage difficile à bord d'un minibus.
Ce fameux rocher blanc existe et fait partie de la culture d'un peuple indien, les Wixárikas qui pensent que c'est là que notre monde a émergé des eaux. Comme les Yeome, ce peuple a été décimé, réduit en esclavage par les colonisateurs ainsi que cela s'est produit sur la majeure partie du continent américain.
Au cours de ma lecture, j'ai apprécié qu'Anna Hope remette en évidence quelques mots d'usage courant, mots encore utilisés par ces peuples, me faisant aussi partager leurs souffrances, les atroces persécutions infligées par le pouvoir mexicain au début du XXe siècle.
Cette partie, de loin la plus poignante, arrache des larmes au plus endurci. Elle se déroule en 1907 et s'intitule « La fille ». Si je commence par son évocation, c'est parce que les deux parties qui y sont consacrées me semblent les plus importantes à cause de ce génocide relégué dans les oubliettes de l'Histoire.
Cette fille et sa grande soeur, Maria-Luisa, ont été arrachées à leur village parce qu'elles ont voulu aider les rebelles. Sans ménagement, elles ont été déportées, entassées sur le pont d'un bateau qui les a débarquées près de ce fameux rocher blanc, à San Blas, côte nord du Nayaritan, au Mexique. Anna Hope fait bien ressentir la solidarité entre ces enfants, ces femmes et ces hommes dont la disparition est programmée, le moins pire étant l'esclavage… le Rocher blanc est d'abord, il faut le dire, une histoire familiale, celle d'un couple qui ne parvient pas à avoir d'enfant. Par chance, un voyage au Mexique, justement près de ce rocher blanc, la rencontre avec un chaman a, peut-être, permis à « L'écrivaine » d'être enceinte. Aussi, leur fille a trois ans quand, avec son mari, ils vont, ensemble, honorer ce rocher blanc, même si le couple va se séparer...
Avec ça, Anna Hope me plonge, en 1969, dans la vie d'un chanteur mondialement connu, Jim Morrison, comme son groupe, les Doors, sans les nommer. Pour fuir toutes les contraintes de la célébrité, cet homme qui boit et se drogue au maximum, tente de retrouver la paix près du rocher blanc. Pour moi, c'est le volet le moins intéressant.
Le quatrième élément de cette oeuvre littéraire remonte un peu plus le temps pour revenir en 1775 avec « le lieutenant ». J'ai bien aimé cette partie qui permet de côtoyer ces hommes formés pour naviguer mais dont la principale tâche est de dresser la cartographie du monde, en suivant les côtes. S'ils sont financés par leur pays d'origine, l'Espagne, c'est surtout pour s'approprier de nouvelles terres et donc imposer ce qu'ils pensent être la civilisation avec les conséquences désastreuses qui en découlent.
Anna Hope conte magistralement leur formation, leurs échecs, leurs espoirs, leurs luttes fratricides qui trouvent leur apogée, justement, dans la baie d'où émerge le rocher blanc. Comme elle a choisi de le faire pour « La fille » et « le chanteur » ou même « L'écrivaine », son principal personnage n'a pas de nom, désigné simplement par son grade dans la marine.
Le Rocher blanc est un roman instructif, émouvant, vite addictif qui m'a emmené dans un lieu mythique, chargé d'histoire où la magie côtoie le drame et les espoirs fous. Tout cela est conté avec beaucoup de pudeur car la crise du couple, celle du coronavirus et ces civilisations menacées de disparition ne peuvent que tenter de se raccrocher à cet élément solide impressionnant émergeant de l'eau : le Rocher blanc.

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Certains livres savent vous trouver, au détour d'une phrase, d'une histoire… C'est ce qui s'est passé avec « le rocher blanc » d'Anna Hope, autrice dont j'avais lu « le chagrin des vivants », que j'avais bien aimé, mais que j'avais trouvé un peu froid. Cette fois-ci, on quitte la fraîcheur de la Grande-Bretagne et les tourments de la Première Guerre mondiale pour partir dans la chaleur du Mexique, en pleine crise du Covid, et découvrir un roman mêlant l'intime au mystique. Comment retrouver son chemin quand on perd ses repères, quotidiens comme émotionnels ou spirituels ?

L'écrivaine, dont on comprend rapidement qu'il s'agit d'Anna Hope elle-même, se trouve ainsi au Mexique avec sa fille et son mari pour faire un pèlerinage auprès d'un mystérieux rocher blanc, lieu sacré pour les indiens wixárikas. S'ils sont là, c'est pour remercier les divinités wixárikas de leur avoir donné, à l'issue d'un premier pèlerinage en ces lieux, l'enfant que l'écrivaine et son mari attendaient en vain. Mais plus qu'une séance de gratitude, ce voyage est probablement une fuite en avant, pour ne plus penser à un mariage en plein effondrement, à cette effrayante perte de sens qu'elle ressent, aggravée par la perception que l'humanité court à sa perte, frappée par la crise climatique aussi bien que sanitaire. Une humanité qui n'a fait que piller et exploiter ce rocher blanc et les peuples indigènes qui lui rendaient un culte, comme elle l'a découvert lors des recherches préparatoires au roman destiné à garder une trace de ce périple, la rendant coupable des mêmes faits : « Et puis elle, pourquoi est-elle là si ce n'est pour exploiter, elle aussi ? Prendre la matière brute de l'histoire, la douleur, les conflits et les pertes incalculables, pour les modeler en un récit, l'espoir d'un profit. Pas moins vénal. Pas moins avide que ceux qui sont venus en ces lieux il y a trois, quatre, cinq cents ans, à la recherche d'or ».

Outre son histoire personnelle, le roman fait de la place, par le biais de chapitres séparés, à plusieurs voix différentes ayant toutes le rocher blanc en commun : celle d'un chanteur légendaire qui tente d'échapper au début des années 1970 à son trop-plein de célébrité dans un hôtel au bord de la plage du rocher blanc, et qui traverse, à l'instar de l'écrivaine, une crise existentielle et mystique, le lieutenant d'une flotte espagnole du XVIIIe siècle qui a eu une épiphanie au bord du rocher blanc concernant la cruauté de la colonisation, laquelle écrase les peuples indigènes et leurs croyances supérieures à la vanité impérialiste, et une jeune fille yoeme et sa soeur, déportées et réduites en esclavage au début du xxe siècle par les Mexicains, car cette tribu refusait que sa terre ancestrale et son eau soit exploitées au profit des Américains. le rocher blanc étant le point de départ d'une longue marche qui devait les mener aux champs de sisal où elles se tueraient à la tâche.

Des histoires de douleur, de perte de sens, confrontées à une folie destructrice, que celle-ci vienne de leurs auteurs ou qu'ils en soient les victimes. Toutes trahissent le pouvoir de ce rocher blanc, qui semble galvaniser les émotions négatives qui traversent les humains à son approche. Chaque narrateur ressent ainsi du désespoir à proximité de ce bloc de pierre, lui-même assoiffé de réparation face à l'exploitation dont il est la victime depuis plusieurs siècles.

J'ai été émue par ces histoires enchâssées, particulièrement celles de l'écrivaines et des jeunes filles yoeme. Ces femmes perdues face à un destin qu'elles ne maîtrisent pas ou plus, mais sur lequel elles tentent de reprendre le dessus à leur manière (même si on ne va pas se mentir, l'écrivaine est dans des meilleures dispositions pour s'en sortir). Un beau roman qui nous rappelle encore une fois que l'humanité est capable du pire quand il s'agit de faire du profit, quitte à faire disparaître toute notion de sens et de croyance, fussent-ils ancestraux…
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Un peu déroutant dans ses premières pages , le roman prend vite son rythme au gré des pérégrinations d'un minibus qui emporte une dizaine de personnes au fin fond du Mexique, à Nayarit, là ou se trouve un grand rocher blanc qui selon des chamanes serait à l ‘origine du monde.
Dans ce minibus interlope se trouve une écrivaine anglaise , sa fille , son mari.
Elle fait ce voyage après un voeu personnel et parce qu'elle est à la recherche d'un nouveau roman à écrire.Nous sommes en 2020 , au début de la pandémie, seuls quelques mails parfois avertissent l'écrivaine de ce qui se passe en Europe.
Depuis des siècles ce rocher attire des aventuriers en quête de sens , qui cherchent une réponse à l'angoisse de la mort, une reconnexion à la nature , et au fil du voyage, on croise en 1775 un navire espagnol et son jeune lieutenant ,ou une jeune fille qui fuit l'esclavage, un chanteur pacifiste dans les années 60 (copie-conforme à Jim Morrison, )
Malgré ces sauts à travers le temps, tous ces personnages ont la perception du monde ancrée dans la terre, et sont attirés vers ce rocher blanc symbolique.Croyances ancestrales et perception très actuelle de l'écologie .
Belle traduction qui a su garder la poésie qui émane de ce texte.
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Au Mexique, il existe un rocher blanc dans l'océan. C'est un endroit sacré, l'origine du monde pour certains, un lieu de pèlerinage pour d'autres. Ce roman va mettre en scène quatre voix, sur quatre époques différentes. Chaque personnage va se trouver à proximité de ce rocher pour une raison ou pour une autre.
Il y a d'abord l'écrivaine, qui ouvre et qui ferme ce roman. Elle prend la parole en 2020, à l'aube de l'épidémie de covid. Elle est partie là bas, avec son mari et sa jeune enfant. Pleine de questions sur notre planète, sur le climat, elle perd se ressourcer, s'inspirer de ce rocher blanc. La pandémie perturbe cette réflexion, tout comme son couple, qui n'est plus aussi solide que ce qu'elle pensait.
Subtilement, l'histoire de l'écrivaine permet de passer la parole au deuxième personnage. Un chanteur mondialement connu des années 70, inspiré fortement de Jim Morrisson. Lui fuit son succès, ce qu'il est, E,n tournée au Mexique, une femme lui a donné l'idée de se rendre dans cet endroit sacré pour briser ses chaînes.
Le roman prend ensuite plus de recul avec le troisième personnage, la fille. C'est une jeune adolescente, amérindienne Yoemen, qui a été capturée avec sa soeur. le Mexique est en plein génocide, les amérindiens dérangent. Cette jeune fille est là par un malheureux concours de circonstances. Elle est inquiète pour sa soeur qui a une grave blessure...
Enfin le dernier personnage est un lieutenant espagnol qui vient s'approprier les terres des amérindiens en 1875. Il sombre petit à petit dans le délire et dans la folie.
J'ai beaucoup beaucoup aimé ce livre. Les quatre époques sont très différentes les unes des autres mais le rocher blanc est un excellent liant dans cette histoire. L'écrivaine est celui que j'ai préféré, parce qu'on le sent d'une très grande sincérité. Je n'ai pas lu ce livre, mais je l'ai écouté. Chacune des voix a un lecteur propre, cela renforce encore le récit de chaque personnage.
Merci à Lizzie et Netgalley pour cette écoute.
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Comme l'Écrivaine, narratrice et protagoniste du récit dans les première et dernière parties, une héroïne dont on ne peut pas s'empêcher de penser qu'elle est un double d'Anna Hope, évoquant sa propre recherche d'un sujet d'écriture, sinon d'un sens à sa vie, à travers cette histoire, le lecteur éprouve parfois, au fil des pages du Rocher blanc, « le sentiment qu'il y a un sens ici, mais un sens qui lui reste hermétique, une langue qu'elle (il) ne comprend pas ». La romancière semble ainsi prendre un malin plaisir à nous dérouter, nous laissant comme nombre de ses personnages incertains quant au but du voyage. Et pourtant, dès qu'on approche du coeur du livre, ce très court chapitre, un poème d'à peine trois strophes, intitulé lui-même « le rocher blanc », tout s'éclaire, comme si l'éclat de cette île monolithique, surgi de la mer comme « le premier objet solide du monde » (et dont on a déjà appris quelle vénération lui portent les indiens Wixarikas, s'y rendant en pèlerinage pour lui présenter offrandes et prières) nous donnait toute la lumière nécessaire non seulement pour saisir la structure du texte, mais aussi les clés pour l'interpréter, en comprendre la dimension mythique, la théogonie qui se joue autour de cette pierre sacrée, véritable personnage central de l'histoire :
« C'est le lieu où pour la première fois, l'informe s'est épris
de la forme.
Et donc, et donc, et ainsi et alors, voilà comment le monde est né. »
Un rocher blanc, donc, comme une autre, une nouvelle « montagne magique », et qui donne leur unité de lieux aux différentes histoires qui composent le roman. La première (chronologiquement, la plus récente…) commence en 2020, au moment où l'extension du coronavirus menace de fermer les frontières, dans un minibus cheminant sur les routes de l'Etat du Nayarit, au nord-ouest du Mexique. « L'Écrivaine » y voyage en compagnie de sa fille et de son mari, dont elle s'apprête à se séparer, mais aussi d'une dizaine d'autres personnes, dont un « mara'akame », un chaman wixarika,, et une Sénégalaise qu'elle admire pour son savoir-faire maternel. Petit à petit, l'on comprend que le périple est un pèlerinage, dont la dernière étape est San Blas, sur les bords d'une plage du Pacifique, à quelques encablures du fameux Rocher blanc, auquel les uns et les autres s'apprêtent à confier bougies et calebasses, leurs offrandes. Démarche de remerciement pour les uns, quête de pardon pour les autres, enquête aussi peut-être pour l'Ecrivaine afin de nourrir un futur roman (et le récit devient mise en abyme…), le voyage prend un caractère ésotérique, mais on comprend déjà qu'il s'agit surtout de célébrer le lien sacré entre la terre et les hommes, une harmonie rompue de longue date par les méfaits des guerres et de la colonisation, une harmonie aujourd'hui encore plus menacée par l'économie capitaliste et le changement climatique (l'Écrivaine vient de vivre une garde à vue à Londres pour avoir manifesté contre l'inertie des gouvernements sur ce dernier sujet). Commencent alors les différentes épisodes d'une remontée dans le temps autour de ce lieu symbolique, développé en autant d'histoires : l'errance de Jim Morrison en 1969, sur cette même plage, quand poursuivi par la Justice américaine et ses propres démons, le chanteur ne sait plus très bien quelle perspective donner à sa carrière et découvre les revers de son arrogance ; le triste destin de deux filles, en 1907, indiennes yoemes du nord du Mexique, condamnées à la déportation comme une grande partie de leur peuple par les autorités de l'époque, pour devenir esclaves dans les plantations du Yucatan, à moins qu'elles ne meurent avant en chemin ; les débats entre quatre officiers cartographes de l'Empire espagnol, aux tempéraments et aux idées incompatibles, chargés de préparer, en 1775, une expédition vers les côtes de la Californie et au-delà pour les reconnaître avant de s'emparer des terres : autant d'histoires, comme autant d'incertitude ou de désespoir pour leurs protagonistes, autant de destins qui semblent venir s'échouer sur ce rocher blanc, au centre du texte… et puis, dans un mouvement inverse, de remontée vers aujourd'hui, chaque séquence est reprise successivement, chaque intrigue trouve sa résolution, comme si la pierre sacrée donnait à tous réponse et paix, même si pour certains personnages le retour à l'harmonie ne se réalise que dans la mort !
Loin de sacrifier benoitement à une mode new-age accordant à une nature sanctifiée toutes les vertus qui manqueraient à l'humanité, Anna Hope installe cependant la prise de conscience des méfaits de l'homme dans l'Histoire et l'urgence d'une réponse au changement climatique au centre de son texte, en appelant au respect et à l'usage des savoirs indigènes. Avec un vrai sens du rythme de la narration, un talent pour rendre vifs et crédibles les dialogues – oui, elle sait faire chouiner une enfant gâtée d'aujourd'hui, comme faire entendre la gouaille du chanteur des Doors ou les atermoiements d'un lieutenant de marine du XVIIIe siècle – et ici, une audace architecturale remarquable, dans la construction pyramidale du texte, à l'image du rocher, elle nous offre, après les inoubliables La Salle de bal (2016) et le Chagrin des vivants (Gallimard, 2017), et sans imposer pour autant de message, l'un des grands romans écologiques de notre temps. Quand Cythère devient Rocher blanc, qu'en ses pages on voyage, sans hésiter !
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Alors que son histoire personnelle croise la route du Rocher Blanc, situé sur la côte nord du Nayarit au Mexique, Anna Hope décide d'écrire un roman autour de ce dernier et du peuple Wixarika.

C'est ce qui va relier, dans ce roman éponyme, les protagonistes des quatre parties :
- une écrivaine en 2020, probablement Anna Hope elle même, qui traverse le Mexique en bus avec sa famille pour se rendre au pied du Rocher Blanc. Alors que le covid est en train de s'installer dans le reste du monde, elle parcourt la route de ce pèlerinage millénaire accompagnée d'un chaman indigène wixarika et, se souvenant de son passé, se retrouve en proie à des questions existentielles et écologiques.
- un chanteur en 1969, en errance dans un luxueux hôtel à Playa Hermosa, refuse de rentrer à Los Angeles après les concerts de son groupe de rock à Mexico. Entre mescaline et peyote, le chanteur se souvient des années de gloire avant le déclin et cherche à fuir ses propres démons mêlés aux légendes et histoires de ce Rocher Blanc qu'il cherche à atteindre au bout de la plage.
- une fille en 1907, sur un bateau où plus de 600 Yoeme, qui ont été capturés, partent en direction des plantations dans le Yucatan pour y être vendus comme esclaves.
- un lieutenant en 1775, d'une équipe de cartographes espagnols, en mouillage au Rocher Blanc avant de rejoindre la Californie. L'un des équipiers se montre « perturbé » et l'on raconte que son bateau a été maudit par les Indiens lors de la dernière traversée.

Chacun, à un moment de sa vie se retrouve face à ce rocher blanc. Ce rocher blanc où les Indiens disent que le monde est né. Ce rocher blanc qui a vu passer les siècles et la folie des humains.
Au fil des histoires, c'est celle de ce rocher qui se déroule en filigrane, se dressant au fil du temps comme le symbole de tout un peuple.
Mêlant fictions, légendes et histoire, ce roman se lit d'une traite. La plume d'Anna Hope est toujours d'une fluidité incroyable et a ce don de vous immerger immédiatement dans son récit.
J'ai de nouveau apprécié les notes de fin de roman qui permettent de mettre en avant le travail de recherche de l'autrice sur le lieu, le peuple et les personnes sur lesquels elle écrit.

J'ai adoré ses trois romans précédents et celui-ci s'inscrit dans la continuité de mon amour pour cette autrice. Si tant est que le passage du roman sur l'écrivaine soit inspiré de sa propre vie, alors ce roman est sans aucun doute le plus personnel et intime d'Anna Hope.
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Je n'avais encore rien lu d'Anna Hope et je viens de découvrir le Rocher Blanc, grâce à Lizzie, via Net Galley, en audio lecture.

Un lieu fédérateur et mémoriel : le rocher blanc du titre est un bout d'île minuscule et rocailleuse au large de San Blas, sur la côté ouest du Mexique, lieu sacré pour les autochtones, considéré comme l'origine du monde par les Wixaricas.
Une fresque historique sur quatre siècles (de 1775 à 2020), sur fond de colonisation, de déportation d'amérindiens, de recherche de spiritualité, de chamanisme, de déliquescence de nos sociétés matérialistes au cours de laquelle la grande Histoire est présentée à travers une polyphonie de points de vue intimes. le récit remonte et redescend les jalons temporels au fil des focalisations, sans temps morts.
Un chant choral autour de personnages attachants, inquiétants, pathétiques que le lecteur apprend à connaître en avançant dans le roman, au fur et à mesure que s'explique leur mutuelle fascination pour le rocher blanc. Ils et elles sont définis par leur rôle et non par leur nom : « l'écrivaine », « la fille », « le chanteur » et « le lieutenant », une manière de les inclure dans une vaste totalité.

J'ai adoré ce livre, entrainée dans les parcours de tous les protagonistes, saisie par le tragique de leurs vies, par leurs aspirations, même vis à vis des deux avec qui, au départ, j'avais peu d'affinités, comme le chanteur des années 1960, alcoolique et drogué, désabusé, sans considération pour son public et son équipe, librement inspiré de Jim Morrison, ou encore pour l'écrivaine, venue là pour célébrer la naissance de sa fille et son futur divorce dans une cérémonie aux relents New Age auxquels elle n'adhère pas vraiment…
Je me sentais plus proche de la jeune Yoeme, arrachée à sa terre et à sa culture, et du chef d'expédition contraint de condamner son ami pris de folie, conscient des horreurs de la colonisation.

L'écriture est captivante, réflexive, avec une belle mise en abyme de l'écriture car le personnage de l'écrivaine est sensible aux sources d'inspiration véhiculée par son pèlerinage vers le rocher blanc. Aux horreurs de la colonisation se mêlent les enjeux écologiques et sociétaux contemporains et la médiation du rocher blanc renvoie chacun(e), protagonistes et lescteurs, à son humanité.

En général, j'ai un a priori négatif quand les livres audio ont plusieurs narrateurs, considérant que l'interprétation trop poussée du récit ne me conviendra peut-être pas… Ici, les voix de Maxime van Santfoort, Celia Torrens, Melissa Windal et Pierre Lognay portent parfaitement le texte. Une réussite !

Un roman choral qui me donne envie de lire les autres livres d'Anna Hope.


#LeRocherblanc #NetGalleyFrance

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« Il y a un rocher blanc là-bas, dans l'océan, où les indiens disent que le monde est né. »
Le Rocher Blanc est situé près de la côte nord de l'état de Nayarit au Mexique, non loin de San Blas. C'est un lieu atypique où personne ne vient par hasard. Et si Anna Hope a choisi d'en parler, c'est parce qu'il est intimement lié à son histoire personnelle.
Ce roman est construit à l'inverse du rocher (on part du présent et on va dans le passé, les dates sont décroissantes : 2020 / 1969 / 1907 / 1775), comme si on descendait sous lui pour creuser dans ses racines afin de mieux comprendre ceux qui y sont venus. On plonge, il y a le sommet inversé (avec un poème magnifique)
« C'est le lieu où pour la première fois, l'informe s'est épris de la forme.
Et donc, et donc, et ainsi et alors, voilà comment le monde est né. »
et on remonte de l'autre côté pour retrouver le présent.
Quatre périodes, avec des personnages très différents, tous reliés au Rocher Blanc, tous inspirés de personnes réelles. En 2020, c'est une écrivaine, avec fille et mari. Elle recherche l'inspiration et vient dire merci dans ce lieu mythique. Est-ce une mise en abyme de l'auteur ? D'autres viennent porter une offrande pour un pardon, faire un voeu, prononcer une prière.
Ce recueil n'est pas facile au premier abord. On se questionne sur ce qu'a voulu transmettre Anna Hope. Il faut alors laisser venir les mots. Écouter ce qu'ils transmettent de l'Histoire (avec une majuscule) du peuple Wixarikas, qui raconte que l'origine du monde vient du Rocher Blanc. C'est une tribu que l'auteur a rencontrée, elle est liée à eux à vie. En revisitant le passé du Rocher, Anna Hope s'efforce de cerner et de transmettre les raisons d'exister de ce bout de terre. Et puis, en quoi les événements antérieurs influencent-ils le présent ? Comment se construit l'humanité et comment avance-t-elle ?
Le livre mêle plusieurs destins, des légendes, des traditions sont évoquées, la culture Yoeme et ses souffrances. Il nous éclaire sur des existences (on pense à Jim Morrison quand on découvre le chanteur en 1969). Personnellement, j'ai beaucoup apprécié « La Fille (1907) ». le partage entre les deux soeurs, la symbolique mangue qui représente tout leur amour…tout cela est bouleversant…. On s'aperçoit que le Rocher permet à certains de donner le meilleur d'eux-mêmes, comme si cette entité communiquait en quasi permanence, un message de bienveillance (ce qui serait logique vu que c'est de là que vient l'origine du monde) et la question qui se pose est : qu'ont fait les hommes de ce qu'ils ont reçu ?
« Nous sommes riches de donner. Riches d'offrir – telle est la plus simple des vérités. »
L'écriture est infiniment riche (merci à la traductrice), riche de vocabulaire, de poésie, d'émotions. Chaque protagoniste cherche à donner du sens à sa vie, pas forcément de la bonne façon mais on peut progresser grâce à ses erreurs. À la fin du livre, Anna Hope explique ses recherches et c'est très intéressant.
Une lecture qui sort des sentiers battus et qui en surprendra plus d'un.

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Il y a tant de façons de raconter une histoire.
Qu'il est compliqué pour « L'écrivaine » d'en évoquer toutes les facettes, de rendre compte de ses différents points de vue et d'en déterminer le véritable début. Une histoire, son histoire, celle d'une vie devenue fiction, ce sont plusieurs mondes qui cohabitent, plusieurs souches qui se superposent, plusieurs vérités qui se côtoient.
Cette histoire, leur histoire, ce sont plusieurs époques qui coexistent et se retrouvent aux origines du monde, au commencement d'une Histoire universelle. Celle qui prend naissance dans l'intemporelle union des cycles, des mythologies et des générations. Là où commence chaque légende individuelle, par un baptême dans la source de vie. Cette histoire, ce sont ainsi plusieurs destinées qui se rejoignent au commencement du monde, dans le même enfantement d'une existence nouvelle. Par la libération des êtres, pour le bris des chaînes. du chaos, du désordre, des malédictions naîtront l'unité et l'harmonie ; à la confluence de ces destinées qui se rejoignent dans une trajectoire commune.
Vers le rocher blanc.
Le premier objet solide du monde, jailli de la source de vie, là où tout a commencé. C'est là que le monde est né dans la connaissance de l'univers, c'est là qu'ils naîtront à eux-mêmes par la connaissance de soi. En se recueillant auprès de ce symbole du pouvoir de la nature, en psalmodiant les louanges en son honneur, ils trouveront le courage de revenir à eux, de venir au monde. En pleine conscience, en toute liberté. le rocher blanc, centre du monde et coeur du roman, par leurs pardons et leur recueillement les enfantera. de leurs offrandes, ils renaîtront ; libres de corps et d'âmes. Nourris par sa puissance, ils s'en éloigneront, maîtres d'un destin qu'il leur restera à écrire. Riches du savoir le plus intime et féconds de la plus belle inconnue. Dont ils devront « renoncer à l'obsession de savoir comment [elle] se termine. »
Celle d'une histoire à écrire.
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Différents destins se superposent dans la petite ville mexicaine de San Blas, tous irrésistiblement attirés par le rocher blanc qui se trouve au large. En 2020 une femme écrivaine dont le couple de brise, en 1969 le chanteur Jim Morrison en rupture de ban, en 1907 une petite indienne Yoeme en déportation et en 1775 un lieutenant de la marine espagnole parti cartographier la baie de San Francisco. L'intrigue est aussi bien menée que chaque période historique est enrichissante !
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