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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'octopus et moi, c'est un lieu qui fascine : Eaglehawk Neck, un isthme en Tasmanie reliant deux presqu'îles, une topographie qu'il faut bien visualiser pour comprendre l'appel de l'océan ressenti par les pieuvres pleines d'oeufs. Ce cadre naturel est magnifiquement présent, l'autrice nous invitant à saisir les lumières éclatantes courant sur l'eau et dans le ciel, leurs couleurs spectaculaires. Elle nous laisse entendre la cacophonie des oiseaux, hirondelles de mer, puffins tournant, virant au-dessus des vagues et des remous de l'océan. Tout l'amour d'Erin Hortle pour ce milieu marin fait scintiller les flots, rugir le vent du nord-est dans la baie, respirer la brise maritime et goûter l'eau glacée de l'océan.
Bien entouré par ce lieu magnétique, zoomons sur Lucy et son incident avec une pieuvre. Cette fois, pour comprendre sa curieuse rencontre avec ce céphalopode, il faut revenir sur certaines circonstances particulières : le cancer, l'ablation de ses deux seins, sa relation toute différente avec son compagnon Jem, son état d'esprit flottant, ne sentant plus qui elle est réellement. Alors, à la demande d'un certain Harry, elle raconte toute son histoire et puisque j'étais à Eaglehawk Neck, j'ai tout entendu.
Les atteintes à son corps. Pintes de bière aidant, les petites réflexions devenaient déplacées, les regards s'égaraient souvent vers son décolleté, ses faux seins d'alors. La maladie écartée, une différence d'attitude envers elle sans qu'elle puisse réagir puisque la honte la tenaillait même si elle savait que c'était absurde de penser ainsi, d'avoir honte de ça. Elle se disait que c'était de sa faute, celle d'avoir pris de faux seins, d'avoir triché sur leur taille.
Tout ce qu'elle désirait à ce moment-là c'était mettre de côté les préoccupations liées à ce corps.
Elle parle, raconte, et à la fin de la première partie, elle nous éclaire sur la traversée de l'isthme qui ouvre ce roman. La voix de la pieuvre qui capture un crabe au passage, l'appel atavique de l'océan mugissant, son corps plein, le sable collé aux ventouses, une lumière agressive et la rencontre, l'incident de l'octopus.

Toutes les références que l'autrice a pu glaner sur l'isthme, sur les pieuvres et leur unique couvée, sur la topographie ancestrale de ce petit bout de terre se fondent parfaitement dans son histoire, dans l'histoire de Lucy. Ici, le monde marin croise celui de l'homme et inversement. le phoque aussi joue son rôle et les confrontations se font, pour le pire, souvent, et le meilleur parfois, rarement.
Les évènements côté marin, côté humain, déferlent. Flo, Poppy, Jem, Harry sont autant de rencontres, de personnes réalistes, si différentes dans leur manière de voir et de se confronter au monde actuel. Jem, pourtant pêcheur d'ormeaux (mais dans les règles), est la voix de la colère écologique. Ses révoltes, ses coups de gueule contre les gens sans scrupules vis-à-vis des animaux dénoncent les dérives de la pêche, le manque de respect du monde animal jeté en plein jour.
L'approche de Lucy avec les pieuvres, auprès de deux vieilles femmes qui chassent la nuit pour les mettre en conserves, m'a fait grimacer. Elle décide par la suite de participer, d'aller à la rencontre de cette amitié naissante pour passer enfin un moment qui lui fera oublier son corps. L'autrice a peut-être opté pour ce choix afin qu'il marque, qu'il claque, juste avant le choc qui entraînera Lucy à se libérer, se retrouver.
Le chemin sera long, parsemé d'amitié, d'amour, de disputes, de constatations écologiques, de vagues revigorantes, de tricot, de tatouage… Il faut se défaire de la place trop encombrante que prend l'image que l'on projette vers les autres et assumer ses choix, ceux pris pour ne pas être étrangère à soi-même. Sa perception du monde s'en trouve accrue, primordiale. Ses décisions, ses choix pour se sentir bien, sont parfois surprenants mais qu'aurions-nous fait à sa place ?

Un premier roman original, documenté, bien ancré dans son somptueux paysage de Tasmanie et plein de secousses humaines, animales et océaniques.
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Lucy, guérie d'un cancer des deux seins, se sent mal à l'aise avec sa reconstruction en silicone qui appelle tous les regards. En quête d'authenticité, elle développe un nouveau rapport à la nature et à la mer, auprès de laquelle elle vit tout au long de l'année en Tasmanie. Une nuit, en voulant sauver une pieuvre qui s'évertue à traverser une route pour rejoindre l'océan, c'est l'accident. Une voiture la percute, sa poitrine est arrachée. C'est un nouveau départ, mais cette fois, Lucy veut récupérer la maîtrise de son corps: reconstruction à plat, tatouages. Son ancienne vie finit de s'effriter, mais un nouvel avenir se dessine, une renaissance pleine de promesses, plus proche de son moi profond.
C'est un roman à part, qui résonne étrangement et durablement en fin de lecture. L'écriture est talentueuse, la narration originale : elle donne parfois la parole aux animaux, rappelant inmanquablement Wajdi Mouawad et son "Anima".
-Le rapport à la nature et surtout à la mer comme être vivant, respirant, et qui soulagé.
-Les pieuvres, une manière différente de "sentir", de vivre le monde.
À leur sujet, il existe un étonnant documentaire sur Netflix, "la sagesse de la pieuvre", qui raconte les liens construits pendant un an entre un plongeur et un "octopus vulgaris". Vraiment intéressant...
Merci à DALVA, nouvelle maison d'éditions prometteuse, pour cette belle découverte.
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Lucy , jeune femme australienne qui vit et travaille en Tasmanie, rencontre une nuit une pieuvre qui cherche à traverser une route pour rejoindre la mer et y pondre ses oeufs. Rencontre improbable et violente qui  va mettre le corps de Lucy a rude épreuve (alors qu'il a déjà été mis à mal par le cancer ) et la forcer à reconsidérer tout à la  fois ce qui fait sa féminité et sa place dans la Nature.
Ce roman est tout à la fois l'occasion de découvrir un territoire sauvage, ses habitants (qui se définissent eux-mêmes en "bouseux" ou "hippies") , un territoire malmené par certains alors que d'autres essaient, parfois juste en paroles de le préserver.
Il est aussi question de la volonté de "ne pas seulement vivre de la nature  mais dans la nature, l'immersion.", ce qui ne va pas sans rudesse ni contradictions. Et c'est bien ce qui fait, en plus de l'écriture précise et poétique de ce premier roman, la richesse de ce texte.
Lucy se cherche, tâtonne, commet des erreurs et n'assène jamais de vérités inébranlables. Son rapport au corps, tout comme ses sentiments, évolue et les passages consacrés à certains animaux proposent des  contrepoints originaux. L'humain n'est donc pas le seul ici à donner son point de vue.
roman où il est aussi question de conserves, de tricot, de pêche et de tout ce qui peut paraître banal, mais crée du lien. Un roman souvent sur le fil et qu'on ne peut lâcher qu'à regret.
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Belle lecture prenante, vous remuant les tripes par moment pour peu que vous soyez un.e fervent.e défenseur.e du vivant. La première moitié du livre m'a littéralement absorbée. La relation de Lucie avec son corps et avec la nature est captivante. Autant elle sent instinctivement les émotions avec le monde animal et végétale , autant Lucie est désemparée quand il s'agit des relations humaines , qu'elles soient amicales ou amoureuses. le règne animal , finalement, semble la ramener dans son corps et l'ancrer dans sa vie. J'ai malheureusement moulte questions à poser à Lucie auxquelles l'oeuvre n'a pas répondu. Je reste sur ma faim surtout que l'histoire se finit en queue de poisson. Pour un livre sur la vie autour de la mer s'est peut être voulu. Pour ce qui est du rapport entre Lucie et Harry, j'ai trouvé l'histoire trop banale et téléphonée. Vu la qualité du reste de l'ouvrage , je trouve cette partie décevante. Cependant , j'ai passé de très bons moments à la lecture de ce livre .
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Lecture commune australienne et maritime avec Val. Val dont je subodore les talents sous-marins et le goût pour les encornets. Tasmanienne plus exactement, la lecture. Cette île au sud-est du continent est une aventure en soi. Et c'est bien à une aventure que nous convie Erin Hortle en ce territoire des antipodes. On est prié de n'être ni trop raisonnable ni trop rationnel pour fréquenter le Neck, cet isthme étroit comme...un isthme, là où les poulpes semblent mener une vie débridée au point de se faire écraser comme de vulgaires hérissons.

Soit donc une héroïne du bout du monde qu'un cancer a conduite à l'ablation des seins suivie d'une reconstruction. Soit un poulpe femelle qui traverse la rue mal à propos. A priori on conçoit mal cet attelage. Pourtant Erin Hortle, jeune auteure de là-bas, et sur la mappemonde c'est plus bas que là, nous concocte une abracadabrantesque mais délicieuse variation sur la féminité peut-être mais pas seulement. On y explore un peu la vie des animaux, phoques et puffins, ces oiseaux marins dont se régalent, ou se régalaient les autochtones (je ne sais pas trop, n'étant pas allé en Tasmanie depuis des siècles), y ont un rôle important.

La fable est écologique bien sûr mais sans être trop culpabilisante. L'héroïne est un personnage complexe et assez envoûtant, en tout cas d'une grande originalité. N'en disons guère plus afin de ne pas écorner l'évolution ni déflorer le parcours de Lucy. Lucy qu'une pêche au poulpe transformera. Sachez seulement que les mammectomies l'emméneront chez une tatoueuse de talent. Mais le poulpe, ainsi gravé, ne deviendrait-il pas envahissant.

Les céphalopodes sont d'une intelligence supérieure, semble-t-il. Vous verrez vous-mêmes. J'oubliais. Outre les phoques et les puffins quelques hommes passent dans la vie de Lucy. Dans l'ensemble moins intéressants. Mais Lucy, elle, vous ne risquez pas de l'oublier. L'illustration musicale de cette chronique est assurée par un groupe que l'on ne risque pas
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Voici l'histoire de Lucy, trentenaire, qui traverse l'épreuve d'un cancer du sein; et d'une pieuvre, qui cherche à rejoindre l'océan pour pondre ses oeufs….
Les deux vont se retrouver bien malgré elles dans un accident qui coûtera une tentacule à l'une et les prothèses mammaires à l'autre.

Au coeur de la Tasmanie, cette histoire nous plonge au coeur de la résilience, du corps mutilé de Lucy par la maladie et l'accident, et de la reconstruction physique et mentale.

L'auteure Erin Hortle signe ici un (premier) très joli roman qui est une véritable ode à la nature, au féminisme et à la vie.

A découvrir 💙

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Merveilleux roman plein de poésie. Reflexion sur la maternité, la féminité. Être mère à quel prix pour la pieuvre ? Pour la phoque ? Ne pas pouvoir l'être quand on est une femme... Chairs déchiquetés, et pourtant la lutte pour vivre, exister, continuer dans un monde sauvage où terre et mer se disputent l'espace.
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Lucy, jeune femme qui vient de Tasmanie, sauve une pieuvre qui cherche à traverser une route pour rejoindre la mer et y pondre ses oeufs. Suite à cet accident, Lucy va ressentir des souffrances dans son corps, car elle se remet d'un cancer du sein auparavant. Elle va alors se remettre en question sur son corps, sur sa féminité et sa place dans la nature.

On découvre dans ce roman un endroit sauvage et ses habitants atypiques, et malmené par des touristes, et d'autres qui préservent la nature avec sérieux. Ce roman fait passer un message : ressentir la nature, et vivre avec.

Ce roman a un style précis et poétique qui fait toute la richesse des mots.

Lucy va voir une psy, se confie à son compagnon mais aussi à ses amis, et elle aura devant ses yeux des vérités qui vont la bouleverser à jamais. Son rapport au corps, ses sentiments vont évoluer au cours de l'histoire. On suit aussi des passages sur les animaux et proposer des contradictions par rapport à l'homme. Ce qui fait l'originalité dans ce roman, les animaux ont des choses à dire.

Un premier roman très prometteur qui traite les thèmes sur l'amitié, sur l'amour, la résilience et la confiance en soi.

Lien : https://bibliocoeur.wordpres..
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Lucy tricote. Lucy a perdu ses seins et sa fertilité en même temps. Lucy est guérie et à de nouveaux seins. Lucy vit en Tasmanie et sauve une pieuvre de l'accident de voiture. Sur cette base drolatico-dramatique, le langage parlé d'Erin Hortle nous entraîne dans une fable qui parle des sensations d'une pieuvre, d'un phoque, d'un puffin et d'êtres humains. le récit est intéressant et original. J'ai particulièrement lu-goûté les passages nature et les dialogues.
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Conseillé par ma libraire, je dois avouer que ce livre m'a fait sortir de ma zone de confort
N'étant pas une adepte des animaux sous-marins, j'ai tout d'abord navigué à vue les 100 premières pages
Puis j'ai réussi à accoster en Tasmanie et à rejoindre Lucy,
jeune femme en plein questionnement après un cancer du sein et une reconstruction plastique,
Victime ensuite d'un accident en voulant sauver une pieuvre (métaphore de sa propre vie) elle risque sa vie une seconde fois pour se sauver elle-même et entame une reconstruction psychologique
L'écologie, la maladie, la féminité,
avec un choix narratif original, ce livre plein de poésie et d'humour explore les recoins de l'être en connexion avec la nature et le monde marin
Jolie surprise 🥰
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